Sunday, May 05, 2013

« Ce monde souffre —
même les herbes le disent
qui se courbent au couchant »

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Marseille, l'appartement



























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La Chambre


Erik est pour moi un modèle, hétéro et féminin, « hétéro à rayures », aimant les femmes, aimant la vie, sans dogmatisme. Il travaille assez pour vivre, il vit en communauté, il dit qu’il est un mauvais père, mais ce n’est pas sûr ; ses enfants se plaignent, certes, mais la situation est loin d’être fermée pour eux. Il dit que c’est difficile d’élever des enfants, à cela je ne peux que répondre : certes ! (alors que je n’y connais rien). Il voudrait de nouveau un enfant, une petite fille. Il s’occupe des abeilles, il m’emmène près de la mer. Vous voyez, on est tous les 2 au bord, à L’Estaque, côté droit, à profiter des derniers rayons sur les rochers et à regarder le miroir et les frisotis sur le miroir et à regarder la ville au loin, muette et calme, la ville étrange, blanche et pleine d’histoires, mais — à Marseille — qu’on peut mettre à distance car il y a la mer et l’incurvation de la baie qui permet de la voir, la ville. Il m’accueille dans sa chambre qui est aussi la chambre de sa femme ; il n’a aucun dégoût de moi.

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La Vie intérieure de Théo Mercier



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La Maison écartée


« Comme je me promenais un soir dans une allée de tilleuls à l’entrée du village, je vis sortir une jeune femme d’une maison écartée. »

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Salvatore




Sa mère l'avait encouragé à porter le drapeau français.

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Philippe voudrait travailler sur l'idée d'un folklore (moderne et archaïque). Inventer un folklore à partir de rien, avec la voix, des rythmes avec le corps ou des instruments de rien (planches, seaux...) Cette idée me plaît beaucoup. L'idée donc de travailler sans sonorisation (de manière à utiliser Les Bouffes comme l'instrument même de la représentation — comme je l'ai fait en particulier avec le spectacle dans le noir à la Ménagerie de verre (intitulé Le Dispariteur). Contradiction : nous voudrions travailler sur un hors champ de sons — comme dans ces émissions de France Musique, de Françoise Degeorges, où l'enregistrement (du chant folklorique) laisse entendre les sons de la vie, voiture qui passe, coq, cris d'enfants, etc. Il faudrait donc que les diffusions de ces « sons extérieurs » soient indécelables (elles-aussi) pour que l'environnement fictionnel  soit très réaliste. Tout à l’heure, je sortais et j’entendais, vers 7h du soir, les sons du quartiers, le hors champ fabuleux (les voix arabes...) comme à l’intérieur de la grotte du quartier, de la grotte des Bouffes du Nord. C’est ce son qu’il faudra amplifier. Le travail de la lumière devrait aussi se prévaloir du réalisme : grotte ou — au contraire — plein jour (comme une trouée dans le toit), orage et pauvreté, extérieur feu et intérieur eau (ou le contraire). Le monde intérieur du monde extérieur du monde intérieur, comme disait Peter Handke.
Sinon, Philippe, la dernière fois, voulait trouver un pitch, « une phrase dans Pariscope », disait-il, ouverte et qui donne envie aux gens de venir. Par exemple : « Philippe, il raconte sa vie. Il a 105 ans (ou 180). Voilà. Venez nombreux ! » C'est vrai qu'il faudrait écrire qqch de pas trop déprimant dans le programme (de pas trop vague pour vague), tout en ne fermant pas l'avenir. C’est très difficile pour moi de protéger la gestation d’un spectacle. Comme par hasard, pour mon spectacle le plus réussi de l’année dernière (celui qui a permis à Jean-Pierre Thibaudat de me comparer à Bob Wilson !), la protection a été massive. Il y avait deux vedettes. L’une, Jeanne Balibar, ne venait pas aux répétitions (parce qu’elle était trop fatiguée par Castorf) et l’autre, Valérie Dréville, était assidue, mais ne savait pas si elle allait pouvoir être là pour les représentations (à cause de Vassiliev) ! Du coup zéro opération de com’ par la boîte de com’ sur ces 2 noms (pas de problème pour remplir, c’était plein d’avance). Le titre du spectacle n’a d’ailleurs été trouvé qu’in extremis : Chic by Accident. Comment nommer quand on ne sait pas du tout de quoi il est question ? Ça a été mon plus beau spectacle ! (Magique.) Ici, on ne peut pas nier la présence de Philippe Katerine (comme nous n’avions pas nié celle de Jeanne Balibar, au moins sur le papier), mais il faut sans doute que cela suffise à faire titre. Nos 2 noms. Parce que, ce qui est intéressant avec Philippe (comme à chaque fois que j'ai collaboré avec quelqu'un), c'est d'aligner et d'aligner tout ce qui nous passe par la tête (en général, je prends beaucoup de notes) et de sortir finalement ce qui naturellement sort de là. Il est possible que l'histoire de lui en vieux disparaisse la semaine prochaine (c'était parce qu'il venait de voir Jean-Paul Belmondo et Jean-Pierre Marielle à « Vivement dimanche », ça lui a fait envie, AVC, Alzheimer) ; de même que l'idée du folklore, du premier rendez-vous, avait semblé s'éloigner au deuxième (il n'avait plus envie d'écrire encore des chansons, mais la première fois, si). On pourrait reprendre la formule de « Vivement dimanche », d'ailleurs : « Entouré de nombreux invités, le chanteur Philippe Katerine — à l'occasion de son 105ème anniversaire — jette un regard rétrospectif sur sa brillante carrière au cinéma, au théâtre et à la télévision. » Ou : « Yves-Noël et son cultissime canapé reçoivent Philippe Katerine pour un grand hommage à l'occasion de ses 180 ans et autour d'eux... » En tout cas, voici une phrase que j'aime beaucoup (de lui) qui résume bien la situation : « On va faire un truc super excitant, mais suffisamment ouvert pour qu'on puisse faire le contraire. » Il m'a dit aussi : « Je veux me lancer dans une aventure, un truc que jamais j'aurais pensé faire. » Donc ça pourrait s’appeler aussi : L’Aventure. Mais il ne faut pas survendre, je suis toujours d’avis de stratégies inverses. Le public n’est pas con — en tout cas, je ne m’adresse pas à lui en le prenant pour un con. Ce qui veut dire, sans doute, un budget relativement réduit, cela pour ne pas être obligé à la propagande comme au cinéma pour rentrer dans les frais. C’est le public qui donnera le sens, s’il le donne, on ne lui dictera rien. A part cette question du programme (ce qui est le plus tricky), il faut aussi qqch pour appâter les coproducteurs (parce qu'il faudra bien quand même un peu d'argent). Ça, c'est plus facile parce qu'on peut raconter n'importe quoi — et c’est ce que je suis en train de faire —, ça ne me dérange pas. (Mais pas au public.) En tout cas, ce qu'il faut faire, c'est ne pas définir un sens à l'avance, un sens discursif, pour qu'un an de travail soit vraiment un an de travail, une aventure, en effet. Philippe est très proche de ce que je dis là. Il aime beaucoup (et ça pourrait être dans le spectacle) chopper au vol des phrases dans la rue ou les restaurants. Ce que James Joyce avait appelé, je crois, Les Epiphanies. Par exemple, l’autre fois, il a noté (de nos voisins de restaurant) : « J’ai encore 30 ans devant moi. — C’est beaucoup. » Plus tôt, il avait saisi : « Z comme Zorro » puis un peu plus loin : « Mais j’te dis qu’y en a ! » Philippe Katerine trouvait aussi l’idée merveilleuse (qui m’est passée par la tête) de casser des vases. Bref, ça devrait être un spectacle assez dada. Forcément dada. D’ailleurs un cheval ferait du meilleur effet. Philippe Katerine à cheval, le spectacle est fait. Un canasson. Il faudra laisser Philippe complètement libre. Forcément libre. Et laisser le spectacle libre aussi, complètement libre. Peut-être que Philippe devrait traverser le spectacle à cheval, c’est une idée, ça ! Mais ça peut être une blague, parce qu'avec Philippe, l'humour n'est (forcément) jamais loin. On se disait que ce serait bien de trouver quelques heures dans le lieu vide très vite pour faire quelques essais, lui et moi, vérifier un peu la résonance et la faisabilité de rêveries, si par bonheur il l’était, vide, avant la fin de la saison. Philippe voulait un tas de sable, j'ai dit que c'était pas possible à cause des 2 spectacles, etc. (Texte qui ne fait que...)
Ça pourrait s’appeler Philippe. Ou ça pourrait s’appeler 1er avril.

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L'Ecriture







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« Le peuple manque et en même temps, il ne manque pas. Le peuple manque, cela veut dire que — il n’est pas clair, il ne sera jamais clair — cette affinité fondamentale entre l’œuvre d’art et un peuple qui n’existe pas encore n’est pas, ne sera jamais claire. Il n’y a pas d’œuvre d’art qui ne fasse pas appel à un peuple qui n’existe pas encore. »

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Un dimanche


Pedro Morais
Je suis en train de lire Le Dispariteur, c'est une des choses les plus tendres et rassurantes qu'on ait envie de lire seul un dimanche

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Les 2 Th


L’amour réel le long des 
peaux et des rêves.
Tu as décidé de ne plus 
t’absorber en toi-même
comme un mort qui se regarde.
Non, là où tu regardes, il y a 2 hommes.
Dans l’avion de nuit, ils s’affairent.
Comme une prière en relief.
Ils sont mouvants et vivants 
et sains comme des poissons.
Et tu penses à des langues inconnues,
merveilleuses et latines
— ou asiatiques —
comme l’italien que tu pénètres
nel grembo del Presente.

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A l'ombre d'un monde flottant


« Puisqu’il le faut
entraînons-nous à mourir
à l’ombre des fleurs »

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Avignon après défection (de Phil)




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« By an epiphany he meant a sudden spiritual manifestation, whether in the vulgarity of speech or of gesture or in a memorable phase of the mind itself. He believed that it was for the man of letters to record these epiphanies with extreme care, seeing that they themselves are the most delicate and evanescent of moments — Stephen Hero. »

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Il était une fois


C’est un rêve, c’est à Marseille, au moment de l’impression de la plaquette de saison. Il était descendu à Marseille pour fuir le monde vers son enfance, le bord du voyage, le bord de disparaître, l’enfance, quoi. Le bord du bord. Et il a fait un rêve dans la matinée déjà blanche, un rêve de spectacle comme il en fait souvent, souvent. Le spectacle, ici, ne nous importe pas, un monologue, un spectacle « inoubliable » par un comédien, mais peut-être un prêtre ; ce spectacle, nous n’en saurons rien, il est le spectacle, vu et non vu, vu en rêve. A un moment, il y a les enregistrements de ce spectacle, mais on ne lui donne pas la cassette (une cassette

— à l’instant, une tourterelle est entrée dans la chambre blanche et a voulu ressortir par l’autre fenêtre fermée. Pas idiote (pas idiote comme un moineau) elle est ressortie par la même fenêtre, la fenêtre précédente, celle par où elle était entrée —

VHS qu’il n’aurait de toute manière pas su lire). Il a acheté le texte du spectacle — dans un beau livre blanc Fata Morgana. L’auteur (une femme) était là dans son box blanc, éclairée comme Spinoza. Alain Neddam n’était pas loin, c’était à lui qu’il s’adressait pour raconter... pour raconter... la perte ? Les parents avaient aussi passé, figurants, pas loin, tout proche...






D’abord le titre du texte, le titre de la plaquette est Un deux trois. Je reviens sur mes pas, j’hésite (comme un adolescent) pour demander à l’auteur qui, dans sa cellule blanche, dans sa cabine travaille, l’air indérangeable comme un moine. En lisant encore, je vois que la — c’est une femme — déranger sera inutile car je lis maintenant :

O to i l ettre (aux toilettes ?)

Puis, plus avant (il y a encore quelque chose...) :

O to i, l ettre, telle qu’elle peut l’être

Je me réveille dans du blanc, c’est la paupière — à Marseille — dans la pleine lumière de près de 10 heures
Pendant un instant, le jour du réveil est le jour brûlé
Est le jour frais, est le jour d’enfance
Est le jour de voyage
On se réveille on ne sais où : dans le monde
Enfant du voyage
Et je pense à ce titre pour Les Bouffes
Ce titre difficile, mais apparu en rêve
Donc qu’il faut croire
Et j’ajoute : opéra imaginaire
Qu’il faut croire car il y a l’espace de la résonance que l’on désire






O to i, l ettre, telle qu’elle peut l’être

opéra imaginaire

une décomposition-recomposition des forces

peut-être qu’on n’y chantera pas, c’est l’idée, l’idée à l’œuvre, l’absente de tout bouquet, qui fait l’opéra

tout est ouvert comme d’habitude, la poésie, c’est la virgule






L’histoire, la voici : Y N G une fois a vu des tigres, des petits tigres chez un dresseur près de la Loire. Peut-être 2 heures, mais la journée a été prise tout à ça, trains loupés, stop infini dans le pays français, mais l’énergie a été donnée pour toujours. Le soir, il allait voir Le Crocodile trompeur, de Jeanne Candel et Samuel Achache, sans ses lentilles de contact (il habite tout près des Bouffes du Nord, il est descendu de chez lui comme en pantoufles). Il n’a rien vu mais, doué de l’énergie des tigrons, il s’est incorporé le spectacle comme s’il l’avait rêvé. Bien sûr, il n’a pas reconnu Judith Chemla qui jouait et chantait Didon. Il a reconnu La Callas ou Delphine Seyrig ou la robe (la couleur de la robe) de Claude Degliame dans Grand et petit... Il est devenu ami avec Jeanne Candel et Samuel Achache. Il a été heureux qu’ils lui disent qu’ils connaissaient et appréciaient son travail. Il est revenu voir le spectacle — encore une fois sans lentilles, mais d’une autre place, d’un autre point de vue  : éblouissement toujours massif ; puis une troisième fois, cette fois-ci avec les lunettes et du premier rang : il a vu tous les visages et celui de Judith. Tout ça valait le coup ! Les visages et les flous. Les tigres. Les visions et les dévisions. Quand Olivier Mantéi et Olivier Poubelle l’ont convoqué pour lui proposer de faire qqch le 1er avril, il a évidemment parler de ce spectacle idéal, de Jeanne Candel et Samuel Achache, qu’il avait cru être le sien.

Il a dit qu’il lui faudrait se démarquer de ce travail pourtant, pour lui, idéal, aux Bouffes du Nord, qu’il ne fallait pas qu’il fasse Le Crocodile trompeur en forcément (car avec moins de moyens) moins bien. Et puis, au bout d’un temps, au moment de la plaquette de saison, il s’en est foutu, il a tout raconter dans la plaquette. Car, quand vous avez peur de faire moins bien, faites moins bien. C’est ce qu’il avait au moins compris ces derniers temps. Cherchez à faire moins bien. Non, mieux, ne cherchez pas : faites moins bien. Less is more, vous le savez.



Puis il reçoit un message sur son téléphone : « Tout ce qui brille n’est pas or »

Tout ce qui brille n’est pas d’or

Tout ce qui brille n’est pas Laure

...

Horoscope


« Mars venant de se coucher à l’Orient indique un grand Désir de s’engager dans une Occupation quelconque, et pourtant pas. »






« Sens en même temps l’envie et la peur que ça marche, que ça ne marche pas, envie et peur que qqch se passe ! »

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La Survalorisation publicitaire de la vie


« Je pense, poursuit-il, que ça vient de l’attente d’une survalorisation publicitaire de la vie. Quand on regarde un reportage à la télévision, par ex, souvent les gens surjouent. Ils disent : « Le kayak, c’est ma passion ! » Ils répètent : « Que du bonheur ! » Ça me met toujours mal à l’aise, parce que j’ai l’impression qu’ils vont s’effondrer juste après. Moi, je ne surjoue pas. »

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Gael