Wednesday, November 11, 2015



P etite masterclass entre amis


L’opération déchirante de ne pas se retourner. Nous délaissons violemment La splendide actrice pour accueillir N°5. Cette violence, nous y sommes habitués. N°5 est une masterclass. C’est-à-dire qu’on m’y verra pleurer en direct. Le montreur de marionnettes se montre. Ma folie des grandeurs, ç’aura été, à Lyon, invité par Gwenaël Morin à son « théâtre permanent », de rêver d’agir sur le public. C’est très difficile, c’est comme dresser un taureau, un chat. Il renâcle, le public. Cette fois-ci, le montreur de marionnettes le fait monter sur scène, le public, il l’accueille dans ses bras. Vous ne voulez pas être spectateur, vous voulez être acteur ? Allons-y ! Audition ! Dansez ! Comme le texte d'Heinrich von Kleist le montre, vous avez le choix, pour toucher à la grâce : être soit pantin, soit Dieu

Yves-Noël Genod



Théâtre du Point du jour 
7, rue des Aqueducs, 69005 Lyon. Tél : 04 72 38 72 50
Sans réservation

Du 17 au 21 novembre, 20h
Avant-premières les 14, 15, 16, 20h également

J e ne reconnais pas les célébrités !


Quand on était allé voir Mylène Farmer avec Dominique, au Palais des Sport, eh bien, backstage, il y avait une blonde un peu bouboule qui a sauté sur Dominique avec un enthousiasme qui m’était, mon Dieu, très sympathique, je ne l’ai pas reconnue : « Mais c’est France Gall », m’a dit, plus tard, Dominique. France Gall ! Mais je n’adore qu’elle ! Oh, qu’elle douleur de ne pas le lui avoir susurré, de ne pas même m’être prosterné… France Gall ! Hier, Dominique m’a proposé d’aller avec elle voir Résiste !, sa comédie musicale, mais, bon, là, je suis à Lyon. L’autre soir, on sortait du film d’Apichatpong (je renonce à écrire son nom) (qu’on n’a pas aimé) à Beaubourg, au Mk2, et, dans la rue Beaubourg, alors que Dominique attendait son taxi, une voiture ralentit et s’arrête, des amis de Dominique, elle monte avec eux, ils vont la raccompagner, c’est magique Paris ! On se fait des signes, Dominique et les occupants de la voiture... Et qu'est-ce qu'elle me dit, hier, dans le TGV qui nous ramène de Lyon à Paris ? que c’était Lætitia Casta et Louis Garel ! Merde ! Merde ! Merde ! Je suis nul ! Louis Garel ! Le plus chou, le plus troublant des acteurs. Louis Garel lui a demandé d’ailleurs comment elle me connaissait. Non, nous, on ne se  connaît pas, mais je sais que Philippe Garel est venu voir le spectacle de Chaillot (en 2009) puisque sa femme dont j’ai oublié le nom (c'est une honte) a fait un film avec Felix qu’elle a rencontré dans ce spectacle... Sinon on a failli avoir Isabelle Adjani au Point du jour ! Dominique est souvent au téléphone avec elle et comme toutes les deux n’ont pas aimé du tout le spectacle d’Ivo van Hove (j’espère que je ne vais pas créer un incident diplomatique en révélant ça) — un spectacle que Pierre, mon logeur, a décrété, presque avec des larmes dans les yeux, le « meilleur spectacle » qu'il ait vu dans l'année (on le lui demandait, avec Lætitia, ce qu’il avait vraiment aimé et il a répondu très aimablement « à part les spectacles d'Yves-Noël »), c’était drôle d’avoir des échos si opposés à quelques heures de décalage, c’était comme dans le livre de Nathalie Sarraute, Les Fruits d’or) —, elles se sont donc montées le bourrichon, Dominique et Isabelle, et Dominique a été (je imagine très bien) dithyrambique à mon égard et elle a dit à Adjani qu’il fallait absolument qu’elle travaille avec moi et Adjani a dit : « Oh, pourquoi tu ne me l’as pas dit plus tôt ? Je me serais organisée, je serais venue avec toi… » Vous vous rendez compte ? Si on avait eu Isabelle Adjani au Point du jour, alors, là, plus besoin de rien, plus besoin d’aller le supplier un par un le spectateur mesquin et dédaigneux, le Lyonnais, alors, là ! La pêche au gros ! Un petit communiqué au « Petit bulletin » ou autre feuille de chou locale et, le public, on l’avait en grand, le grand public ! On n'aurait plus su quoi en faire, du spectateur, en veux-tu en voilà, c’aurait été à lui de supplier, le spectateur, on aurait pu mettre les places à cent euros, à l'aise, et se garder le champagne backstage, moi, je vous le dis, si Adjani était venue au Point du jour ! Mais elle n’est pas venue… Encore passé à côté de ma chance… Ça continue la petite entreprise (connaît un peu la crise) la semaine prochaine (samedi 14) avec N°5...

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L e Verre


« Toute votre félicité, 
Sujette à l'instabilité,
En moins de rien tombe par terre,
Et comme elle a l'éclat du verre,
Elle en a la fragilité. »

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Titre (pour un roman) : Peut-être plus qu’amis

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S oon


Visuel : César Vayssié

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V oyager sur mer, travailler pour l’incertain


« Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme, l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. »

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I ncipit


« La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s'annonce comme une « immense accumulation de marchandises ». » (première phrase dans du Capital de Marx)

« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. » (première phrase de La Société du Spectacle)

J e cherche un homme


J’ai compris pourquoi le spectateur était tellement une espèce en voie de disparition (il va disparaître avec le réchauffement climatique). C’est parce que la société de consommation (La Société du Spectacle) lui propose maintenant de tout faire lui-même. Ça flatte son narcissisme. Quand je me suis arrêté près du canal hier à Sol Sémilla pour manger une assiette de crudités bio (ouverture des commerces le dimanche), à côté de moi sur la longue table commune, il y avait un duo de jeunes hommes dont l’un expliquait qu’il pouvait grâce à un logiciel faire tout un orchestre… Eh bien, c’est très bien, finalement, tout le monde écrit, tout le monde fait des photos, tout le monde filme, tout le monde compose de la musique, des partitions d’orchestre, des opéras... j’imagine qu’on peut aussi dessiner ou faire de la poterie… Et, ça, ça l'occupe, le spectateur, ça l'occupe ! C’est pour ça que personne n’a jamais le temps. Je crois faire mon malin en disant que je suis occupé tout cet automne au Point du jour, mais tout le monde est dans ce cas, tout le monde CREE. Alors, bien entendu, il y a un philosophe qui résonne (dans ce vide), qui a toujours résonné, mais qui résonne, là (dans ce vide), c’est Pascal. Le texte sur les divertissements. Avec cette phrase terrible : « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre ». Phrase à laquelle faisait écho Marguerite Duras quand elle disait : « Je fais des films pour occuper mon temps. Si j’avais la force de ne rien faire, je ne ferais rien. » Ce que je propose, moi, c’est un spectateur qui aurait la force de ne rien faire. C’est pour cette expérience (la rêverie de cette expérience) que je propose à quelques personnes de se réunir (comme on faisait dans le temps) dans un théâtre, dans le temple d’un théâtre, dans la chambre du temple d’un théâtre. A propos de temple, Valérie Lemercier que j’ai vue hier soir dans le splendide théâtre du Châtelet, immense comme une gare (bon, j’étais placé près de la climatisation glacée) a trouvé le truc : elle ne filme pas — jamais — ses spectacles. On la voit partout, à la télé, au cinéma, mais, pour voir ses spectacles, il faut se déplacer. Ce qu’elle y fait n’a lieu que sur scène et dans la salle d’une salle de théâtre, dans le temps de cerveau disponible de ceux qui sont là. Elle a un public de snobs. Des dizaines et des dizaines de milliers de snobs, oui, mais de snobs. C’est ce dont je suis convaincu : seul les snobs peuvent encore aller au théâtre. Les autres, le grand public, l’immense majorité des suiveurs, les moutons de Panurge, ils sont occupés à CREER. Ils sont bien bien occupés à faire leurs concerts, leurs films, leurs expos-miroirs et, moi-même, je perds beaucoup de temps à écrire sur ce blog. Le capitalisme agressif et grandissant nous boira jusqu’à la dernière goutte de sang avant que les robots nous exploitent à mort comme de la graisse.




PS : Aussi, comment la publicité propose aux femmes de se maquiller comme à la scène. Ça se voit souvent dans la rue des maquillages de scène...

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« Rien que la nuit qui est commune et incommunicable »

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