S i les étudiants...
Si les étudiants pouvaient jouer ce jeu : non pas tourner, comme on dit, autour de la piscine ou discuter autour d’une table — ce qui pourrait, de toute façon, être très agréable — ou prévoir, attendre la délivrance d’un « enseignement », mais se passer de tout ça, considérer la chose acquise, finie, ne rien apprendre, alors, qu’on ne sache pas déjà, mais vivre, vivre au sens de plonger dedans, dans la vie, la vérité de la vie, pas ailleurs, les deux pieds dedans, pas après, pas avant, vivre en plein cœur, ressusciter tout de suite. Picasso disait, phrase célèbre, « Je ne cherche pas, je trouve ». Assertion qui rappelle celle d’un autre génie, Gérard Depardieu : « Je ne joue pas, je vis ». Pas faire semblant. Il y a en effet, dans la vie, dans l’art, des raccourcis, en particulier celui de savoir que l’art et la vie sont la même chose. Dans la mise en scène de Claude Régy, Ivanov, blasé, s’exclamait : « On se croirait dans un roman ! » et Sacha, l’amoureuse lui répondait : « La vie, c’est pareil ».
Qu’appelle-t-on être libre sur un plateau (ou devant une caméra) ? Est-ce que « trouver » a à voir avec cette liberté ? Qu’est-ce que la liberté ? N’y a-t-il pas d’autres noms ? (« J’écris ton nom… ».) Qu’est-ce que respirer, vivre, être ? Qu’est-ce qui compte, ne compte pas ? Qu’est-ce qui est facile, difficile ? Qu’est-ce que s’immerger ? Qu’est-ce que savoir et ne pas ? Qu’est-ce que la présence ? L’absence ? Qu’est-ce que l'« esthétique de la disparition » ? Au profit de quoi ? Qu'est-ce que perdre ? se perdre ? gagner ? Est-ce que les anges ont à faire avec ça ? Les fantômes. Se souvenir se perdre. Se souvenir être mort, être vivant. Qu’est-ce qu’apparaître alors ? De tout ce désastre ? Qu’est-ce qu’après ? Le réel ? Après le réel ? Qu’est-ce que le cœur ? S’adresser avec le cœur, c’est possible ? Avons-nous un cœur ? Qui a un cœur ? Oui, non. Qu’est-ce que la vérité, qu’est-ce que la vérité n’est pas ? As-tu un cœur ?