Charles, Lucien, Wagner, Romain
Jeanne, Marlène, Valérie, Dominique, Sophie
Philippe
Clara, Marion
La vie, par définition, elle est partout, partout, baroque, prodigue, comme de l’eau sur la terre et, par définition, comme de l’eau, elle ne se laisse pas capturer, mettre en forme. En ce sens, on peut d’ores et déjà parler d’ « échec » pour ce travail. Echec dont l’incroyable difficulté à réunir neuf personnes ensemble n’a été finalement qu’un épiphénomène. L’impossibilité de réunir neuf personnes ensemble pour travailler est
réelle à notre époque et dans notre partie du monde et dans notre classe sociale (moyenne intellectuelle). (En Afrique, les gens vivent encore en tribu.) Cet échec sera-t-il somptueux ou triste, c’est à voir. Je pense, par ma folie, somptueux. Je pense aussi, pas seulement par ma folie (qui après tout pourrait manquer), mais, plus sûrement, par les signes qu’en ce moment je reçois de la
réalité elle-même. Les difficultés de planning pouvant aussi se révéler positives puisque l’incertitude de Valérie à rester en France – qui maintenant sait qu’elle peut faire le spectacle, ce qui est une merveille – m’a permis de rencontrer Sophie. Le groupe ou tentative de groupe n’est pas le même (Thomas, Matthias, pas là), mais une chose surtout me trouble : pour le moment, ce qui pour moi me bouleverse, en décembre, en janvier et ces trois derniers jours puisque j’ai recommencé, ce sont les auditions. Le dernier groupe d’un homme et quatre filles est encore un ensemble merveilleux avec qui je voudrais travailler. J’essaie de comprendre comment je pourrais faire bénéficier le travail de cette incroyable justesse qui me rempli encore. Des gens qui ne se connaissent pas, que je ne connais pas, mis ensemble, qui se déshabillent dans une utopie sans tension, sans rivalité (ce qui est curieux pour une audition) et laissent échapper sans contrôle (excessif) « les papillons de leur jeunesse ». Cette chose incroyablement non achevée, non « entamée », prélude d’un éventuel spectacle futur est l’essence même de ce travail. Je ne peux que mettre cette légèreté des débuts en rapport avec cette parole bouddhique découverte il y a peu : « L’esprit du débutant contient toutes les possibilités, l’esprit de l’expert en contient peu. » En voici une autre, ancienne sur mon blog : « Je me consacre à la loi merveilleuse de la cause et de l'effet. En fait, la loi merveilleuse de la
simultanéité de la cause et de l'effet. Enseignement de la fleur de lotus qui a
à la fois la fleur et les fruits. Décision profonde = résultat (immédiat). » Et puis une autre sur la démocratie : « La démocratie advient dès la révélation des mystères, d'abord ; dès la divulgation des secrets par la suite ; enfin dès une vulgarisation universelle. » Divulguons les secrets les mieux partagés du monde (car ils le sont par tous) et vulgarisons l’universel (au sens de Grisélidis Réal : la liberté POUR TOUS ou au sens d’Edouard Glissant : le TOUT MONDE). Et soyons sûrs de naviguer en cette totale utopie ! (En nous amusant.)
On se retrouve donc pour une expérience de treize jours. Demain lundi à 13h30 (j’y serai le matin avec Philippe Gladieux pour le montage de la lumière). On travaillera tous les jours après-midi et soir sauf le mercredi 7 ou ce sera, à tous, seulement le matin de 9h à 13h30. Gardez si possible aussi vos matinées du samedi et dimanche. On travaille aussi le dimanche. Il reste huit jours dans lesquels nous devons inventer un spectacle, le filmer, le photographier, le tester en avant-premières et, ce spectacle, en plus, qui n’a pas de titre, nous voudrions qu’il parte avec l’eau du bain, qu’il n’en reste que l’essence, pas la substance ! Tricky ! Impossible ! Amusons-nous ! Pendant les journées de représentations (du 13 au 17, à 21h), nous avons l’habitude de ne pas travailler (sauf raccords éventuels).
YN
Labels: ménagerie correspondance