Sunday, March 04, 2012

Sa méthode




« Votre méthode, consistant à ne tourner le plus souvent qu’une prise par plan, permet-elle d’éviter ce factice, ce sentiment de re-vécu que vous redoutez ? Est-ce une façon de ne pas laisser les choses se figer, de rester sur un surgissement ?
– Non, ça n’évite pas ça, mais ça permet aux acteurs d’être justes. Parce que c’est la première fois qu’ils jouent la scène pendant que ça tourne et qu’ils sont du coup un peu comme dans l’existence : ils ne savent pas très bien ce qui va leur arriver ensuite. Cette appréhension de la première fois correspond à notre appréhension de la vie. Le naturalisme que je redoute, c’est plutôt celui de la mise en scène. Même si les acteurs sont justes, qqch s’installe dans la façon de filmer les choses qui est le contraire de la vie. Pour aller contre ça, chacun a sa méthode. »

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Le sublime Fabrice Lambert danse aux Abbesses. La pièce s’appelle Solaire, oh, oui, il en contient des soleils dans son enveloppe de vie vivante ! Je parle de Fabrice car si je le pouvais, j’avalerais ce prédateur, mais la pièce entière – et tous ses interprètes – est somptueuse, planétaire, fusée.

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Photos François Stemmer. Lucien Reynes, (Clara Chabalier,) Marlène Saldana, Wagner Schwartz, Charles Zevaco.

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Florent et François





Photo Sigrid Bouaziz.

Allez, please...




Dis donc, Emmanuel, y a un titre qui conviendrait absolument à ce spectacle que je prépare pour dans 8 jours et qui n'en a toujours pas. C'est Chic By Accident, bien sûr. Ça, ce serait classe ! Surtout depuis la citation de Friedrich Nietzsche que je t'ai déjà montrée (« Au-dessus de toutes choses se tient le ciel Hasard, le ciel Innocence, le ciel Par Accident, le ciel Témérité, le ciel Exubérance. » ). Tu ne voudrais pas me le prêter ? (Bien sûr, ce serait absolument noté comme un hommage...)
(J'ai auditionné Romain et je l'ai engagé : il est parfait !)

Bises

Yves-Noël

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« A propos de Dieu ou des bonnes excuses,

« Je suis stupide, dit Laura. Je caquette, je cocotte, je pense que je pense, mais à chaque œuf que je ponds, c'est moi qui recrée le monde ! Tu vois comme je suis maligne ? »
La Vie intime de Laura, Clarice Lispector »

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(Piveteau)




Bonjour Yves-Noël,
Une petite pensée pour toi de Berlin qui est toujours aussi imprévisible. On disait c'est pas toi c'est Berlin, on n'avait pas tort ! J'espère que tu vas bien.
Je t'embrasse
Karine






Oh, t'as de la chance d'être du nouveau voyage ! Oui, Berlin est une reine de la vie ! Imprévisible, oui. Je vais très bien. Je fais qqch de difficile (à la Ménagerie de verre), alors, pas la peine d'aller mal ! Je t'embrasse très fort, inoubliable princesse !

Yves-No

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« Impression d'un spectateur »




Hello Mr Genod
Il y a quelques semaines, je fus du par-terre à la Ménagerie de verre, le jour de la première présentation du spectacle qui sera montré à Etrange Cargo. Je voulais juste dire que j'avais Mrs Dalloway, de Virginia Woolf, dans la poche de mon manteau à ce moment là, disons que j'avais la tête plongée au plus profond de Mrs Dalloway quand j'ai vu le spectacle. Et bien, cela va très bien ensemble Genod et Mrs Dalloway, comme un bon vin sur un bon plat. (I don't know which is which.) Cela donne un autre goût et une autre dimension.

A part ça, je continue jour après jour d'amasser quelques sous qui me permettront peut-être un jour de vous financer un spectacle à la Java. J'aimerais vraiment vous offrir ça avant de mourir.

François







Oh, rien ne peut me faire plus plaisir de ce que vous me dites ! Je me demande s'il ne faudrait pas reprendre ce titre, Mrs Dalloway, d'ailleurs... Le spectacle n'a toujours pas de titre… On pensait aux Vagues, qq a apporté cette citation : « J’espère avoir retenu ainsi le chant de la mer et des oiseaux, l’aube et le jardin, subconsciemment présents, accomplissant leur tâche souterraine… Ce pourrait être des îlots de lumière, des îles dans le courant que j’essaie de représenter ; la vie elle-même qui s’écoule. » Mais c'est incroyablement difficile, tout ça ! Des îles dans le courant. Le courant. L’eau courante. Ce n'est pas de trop d'avoir quelques-uns des meilleurs interprètes du moment pour en tenter l'esquisse, l'effacement, même... Surtout en si peu de temps ! Une simple esquisse – ou effacement – mais nécessaire... Je viens de lire l'entretien de Michel Rocard dans « Libération ». Bien sûr, c'est un vieillard et, les vieillards, à proximité de leur mort, ne voient rien mieux que la possibilité rapprochée de la fin du monde tout entier, ça a toujours été (je me souviens de Marguerite Duras qui n'avait pas peur non plus d'en parler directement), mais, en même temps, quelle lucidité effroyable...

Rêver à La Java, comme vous me le permettez, me va aussi au cœur aujourd'hui !
Rêvons sans futilité.

Au plaisir

Yves-Noël






(Entretien de Michel Rocard en cliquant sur le titre.)

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L'Apollonide







Jeanne Casilas, Sophie O'Byrne, Malika Djardi, Romain Flizot, Solène Arbel.

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« Si Dieu existe, j'espère qu'il a une bonne excuse. »




Charles, Lucien, Wagner, Romain

Jeanne, Marlène, Valérie, Dominique, Sophie

Philippe

Clara, Marion



La vie, par définition, elle est partout, partout, baroque, prodigue, comme de l’eau sur la terre et, par définition, comme de l’eau, elle ne se laisse pas capturer, mettre en forme. En ce sens, on peut d’ores et déjà parler d’ « échec » pour ce travail. Echec dont l’incroyable difficulté à réunir neuf personnes ensemble n’a été finalement qu’un épiphénomène. L’impossibilité de réunir neuf personnes ensemble pour travailler est réelle à notre époque et dans notre partie du monde et dans notre classe sociale (moyenne intellectuelle). (En Afrique, les gens vivent encore en tribu.) Cet échec sera-t-il somptueux ou triste, c’est à voir. Je pense, par ma folie, somptueux. Je pense aussi, pas seulement par ma folie (qui après tout pourrait manquer), mais, plus sûrement, par les signes qu’en ce moment je reçois de la réalité elle-même. Les difficultés de planning pouvant aussi se révéler positives puisque l’incertitude de Valérie à rester en France – qui maintenant sait qu’elle peut faire le spectacle, ce qui est une merveille – m’a permis de rencontrer Sophie. Le groupe ou tentative de groupe n’est pas le même (Thomas, Matthias, pas là), mais une chose surtout me trouble : pour le moment, ce qui pour moi me bouleverse, en décembre, en janvier et ces trois derniers jours puisque j’ai recommencé, ce sont les auditions. Le dernier groupe d’un homme et quatre filles est encore un ensemble merveilleux avec qui je voudrais travailler. J’essaie de comprendre comment je pourrais faire bénéficier le travail de cette incroyable justesse qui me rempli encore. Des gens qui ne se connaissent pas, que je ne connais pas, mis ensemble, qui se déshabillent dans une utopie sans tension, sans rivalité (ce qui est curieux pour une audition) et laissent échapper sans contrôle (excessif) « les papillons de leur jeunesse ». Cette chose incroyablement non achevée, non « entamée », prélude d’un éventuel spectacle futur est l’essence même de ce travail. Je ne peux que mettre cette légèreté des débuts en rapport avec cette parole bouddhique découverte il y a peu : « L’esprit du débutant contient toutes les possibilités, l’esprit de l’expert en contient peu. » En voici une autre, ancienne sur mon blog : « Je me consacre à la loi merveilleuse de la cause et de l'effet. En fait, la loi merveilleuse de la simultanéité de la cause et de l'effet. Enseignement de la fleur de lotus qui a à la fois la fleur et les fruits. Décision profonde = résultat (immédiat). » Et puis une autre sur la démocratie : « La démocratie advient dès la révélation des mystères, d'abord ; dès la divulgation des secrets par la suite ; enfin dès une vulgarisation universelle. » Divulguons les secrets les mieux partagés du monde (car ils le sont par tous) et vulgarisons l’universel (au sens de Grisélidis Réal : la liberté POUR TOUS ou au sens d’Edouard Glissant : le TOUT MONDE). Et soyons sûrs de naviguer en cette totale utopie ! (En nous amusant.)

On se retrouve donc pour une expérience de treize jours. Demain lundi à 13h30 (j’y serai le matin avec Philippe Gladieux pour le montage de la lumière). On travaillera tous les jours après-midi et soir sauf le mercredi 7 ou ce sera, à tous, seulement le matin de 9h à 13h30. Gardez si possible aussi vos matinées du samedi et dimanche. On travaille aussi le dimanche. Il reste huit jours dans lesquels nous devons inventer un spectacle, le filmer, le photographier, le tester en avant-premières et, ce spectacle, en plus, qui n’a pas de titre, nous voudrions qu’il parte avec l’eau du bain, qu’il n’en reste que l’essence, pas la substance ! Tricky ! Impossible ! Amusons-nous ! Pendant les journées de représentations (du 13 au 17, à 21h), nous avons l’habitude de ne pas travailler (sauf raccords éventuels).

YN

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« L’obscurité est la lumière des fous, hein ? »

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Le Mot « ensemble »




« Je suis le mot « ensemble », je reviens de loin (…), mon histoire est belle, votre mémoire ingrate (…), j’étais l’heureuse nouvelle, le ciment des révoltes (…), rien de grand n’a pu se faire sans moi, rien d’humain (…), je suis le mot « ensemble », je n’ai jamais eu si froid (…), achevez-moi, je vous ai tant aimé – et fin. »

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