Oui, bloqué, tu l'étais
bien !
Content que tu ne te
décourages pas !
Moi aussi, je crois
toujours en toi, je te trouve sexy, mais, alors, comment t'aider ? je ne sais
pas. Comme nous remarquons tous les deux, ce que je t'ai dit pendant les trois
heures de cette dernière fois ne t'a pas du tout aidé. A part maintenant te
dire de te foutre à poil, de baver et de te branler (en pleurant ou riant comme
un fou), tout plutôt que ce blocage, je vois pas... On peut essayer de trouver
un moment à ton retour, quand même... Concentre-toi sur le passage des
comédiens et ne fais rien d'autre que ce que conseille Hamlet (et qui était
tout le contraire de ce que tu faisais...)
Tout ce qu'on peut dire sur
Hamlet est toujours juste.
Hamlet pourrait sans doute
être un homme ivre qui parle tout seul à la table d’un bistrot.
Hamlet est Hamlet, mais il
joue tous les autres rôles. Donc il crée des voix, des corps et
s’amuse.
Hamlet méprise t-il Ophélie
?
Hamlet fait du théâtre.
Répète t-il ? »
Peut-être peux-tu partir de
cette évidence. Dans tous les sens, c'est juste. Remplace « Hamlet »
par « Marilyn Monroe », ça marche aussi.
Après tout, Hamlet est le
rôle de la vie d'un comédien.
Le problème, c'est que
l'acharnement ou l'inquiétude empêche toute approche possible, mais
l'inconscience de la difficulté aussi. Ça ne nous viendrait pas à l'idée de te
proposer de chanter Parsifal, ou de faire un numéro de trapèze pour la semaine
prochaine. Et pourtant le spectateur doit — en te voyant — ne s'interdire de
rien imaginer.
Réduis tes ambitions à une
chose : exister dans tous les sens.
Et la littéralité par bonheur déjà — et en partie —
écrite se déploiera sur les ténèbres.
Au sens que dit Baudelaire
« Je suis comme un peintre qu'un dieu moqueur / Condamne à peindre, hélas
! sur les ténèbres ».
Et il continue : « Où,
cuisinier aux appétits funèbres, / Je fais bouillir et je mange mon
cœur ».
Le poème s'appelle : Un
fantôme.
Yvno
Ok je prends tout ça et je
vais trouver. Très bizarrement je suis tombé par hasard sur ce petit texte hier
soir, je te laisse deviner son auteur...
« Durant les longues
nuits des cavernes, des Hamlet en quantité devaient monologuer sans cesse, car
il est permis de supposer que l'apogée du tourment métaphysique se situe bien
avant cette fadeur universelle, consécutive à l'avènement de la
philosophie. »
Bise
Facile ! CIORAN !
Bises,
Yvno
Autre conseil : il faut que
tu sois infiniment plus ambitieux, tu verras qu'avec l'ambition (être un
pianiste classique, par exemple), tout un tas de problèmes disparaissent à la
taille des bactéries... Il y en a tant d'autres qui se profilent (mais, du
coup, ceux qui bloquaient au départ comptent pour du beurre).
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