Saturday, November 15, 2014

Ç a ne me déplaît pas d'être 1000 femmes ensemble pour toi



Labels:

E n principio



Q ue lorsque la liberté aurait déserté le monde


« Et puis la lecture. Les gens vont redécouvrir ça. Un homme, un jour, lira. Et puis tout recommencera. On repassera par la gratuité. C’est-à-dire que les réponses à ce moment-là, elles seront moins écoutées. Ça commencera comme ça, par une indiscipline. Un risque, pris par l’homme, envers lui-même. Un jour il sera seul de nouveau. Avec son malheur, et son bonheur. Mais qui lui viendront de lui-même. Peut-être que ceux qui se tireront de ce pas seront les héros de l’avenir. C’est très possible. Espérons qu’il y en aura encore. » Elle sourit. Puis elle continue.

« Je me souviens avoir lu le livre d’un auteur allemand, de l’entre-deux-guerres, je me souviens du titre, Le Dernier Civil, de Ernst Glaeser. Ça. J’avais lu ça : que, lorsque la liberté aurait déserté le monde, il resterait toujours un homme pour en rêver. Je crois. Je crois que c’est déjà commencé même. »

Labels:

B loquons tout



T exte d’Isabelle Barbéris pour un programme


Ni gauche, ni droit, ni queer

Indistinct, indiscret (mais secret), indifférent, incommensurable et irrécupérable sont les dimensions du spectacle auxquelles nous ne donnerons pas accès afin de ne pas le rendre a priori éternel. No secret of fabrication. De toute façon, ça se passera dans le noir (ce qui a déjà été fait à de nombreuses reprises par les avant-gardes, on ne casse rien, on ne recycle pas non plus) et donc personne ne s’en souviendra. Se souvient-on du noir ? Non : on le traverse.
Ce qu’il faudrait révéler ici reste encore à découvrir, donc ayez peur. Rester vivant est le dernier arrêt du train fantôme dans lequel vous êtes tous embarqués, comme vous le savez très très bien, spectateurs lucides et honnêtes. C’est en plus une promesse de salut, Rester vivant, donc foncez, vous en ressortirez plus forts comme après tout ce qui ne tue pas et, au pire, vous ne vous serez pas fait d’ennemis. Comme dans Le joujou du pauvre, de Charles Baudelaire (puis dans Le Dormeur du val, d’un autre), l’horrible surgit au détour des derniers vers, au moment où le poème se resserre comme une fermeture éclair. Alors, spectateur, joue avec le zip. Tout n’est pas dans tout, et réciproquement, comme disait Marcel Duchamp.
De tout temps ce spectacle était déjà là, « ready made », comme de tout temps les artistes ont inventé des spectacles qui n’auront jamais lieu. Le noir est l’occasion de montrer cela : ce que l’on n’a pas vu, que l’on ne voit pas mais qui pour autant est déjà parmi tous, à côté de chez vous, tout aussi réel que ce que l’on peut toucher de la main, tout aussi réel que le voisin que vous entendez bailler le soir et éternuer le matin (il est en pyjama mais porte encore quelques paillettes de sa journée quand il était quelqu’un d’autre, YNG par exemple). Le réel, quel grand mot surtout lorsque l’on sait la part d’invisible dont il se compose, car nous avons envie de montrer du méta-réel, oui. Car l’artiste devient intellectuel quand il se surprend à rêver de son spectacle.
Moins quand il sait le lot de frustration auquel cela le voue.
Déballer dans l’obscurité, c’est difficile, mais YNG essaiera sans bruit ni fureur, mais sans vous endormir non plus, car dormir est la limite du rêve. Et dans un espace indéfini, on montrera ce qui serait une sculpture, un tableau ou une installation. Ce sera transformer l’image en théâtre parce que cette image deviendra impossible : un fantasme, une vibration, une négation, une abstraction vivante. Autant de spectateurs, autant d’excentricités qui créeraient alors une échelle innombrable de possibilités. Bien sûr il n’y aura que du semblable, du reconnaissable mais vous vous sentirez différent en le traversant. Les figures irradiantes ou juste échappées du trottoir se détacheront peut-être de manière énigmatique et brillante comme une « cage aux folles dans le noir », grâce au miracle d’une voix : celle de Charles Baudelaire.
Nous ne sommes pas des fumistes et bien que jouant de la technique du sfumato, nous le prouverons ! Il y a évidemment un projet très intellectuel de superpositions, de « franges », de suburbia, d’intermedia, travaillant sur l’oubli, l’invisible, le mentir-vrai, le caché-montré. Mais cela reviendrait à créer du négatif joyeux-jubilatoire, ce que d’autres font et qu’YNG ne fait pas. Ce projet ne verra de toute façon pas le jour puisque le spectacle aura lieu dans le noir. Le thème d’ensemble est burlesque et érotique, sans se résumer à cela.
Spectateur du monde quantique qui, au moment où l’on écrit ce programme, va probablement aller voir Interstellar de Christopher Nolan, tu pressens peut-être que Baudelaire était déjà quantique. Personnalité multiple, caméléon des passages, être de la démultiplication, actif-passif, « au bord du kitsch mais trop lucide pour cela », tu vois très bien... Quand il parle, il est aussi multiple que la multiplicité dont il nous parle, Charles. Assommons les pauvres !, tu t’en souviens… et cela  même si tu ne l’as pas lu.
YNG est une installation comme Charles Baudelaire. YNG souffre autant que Charles Baudelaire même si la postérité ne peut pas encore le lui rendre. YNG est plus tonique, plus actif que CB, et mieux habillé aussi (bien que l’on manque de documentation). YNG, qui est en passe de devenir une marque de luxe, attend les célibataires qui le mettront à nu dans le noir. YNG sait très bien ce dont tout le monde a peur, et il ne revient qu’à lui de retourner le couteau dans la plaie, ou d’en faire un bel accessoire de théâtre. Bref YNG n’est pas et ne se prend pas pour Charles Baudelaire et c’est pour cela qu’il n’a jamais vraiment fait, malgré ses talents d’illusionnistes, du spectacle d’illusion.
Tout n’est pas dans tout et réciproquement, comme disait Duchamp.

Isabelle Barbéris, 2 novembre 2014

Labels:

L a Plage passe, à Bruxelles


 


Labels:

E l Amante


« Il devient brutal. Son sentiment est désespéré. Il se jette sur moi. Il mange les seins de l’enfant. Il crie. Il insulte. Elle ferme les yeux sur le plaisir qui est très fort. Elle pense : il a l'habitude, c'est ce qu’il fait dans la vie, l'amour, seulement ça, c’est ça qu’on doit faire dans l’amour. Les mains sont expertes, merveilleuses, parfaites. J'ai beaucoup de chance, c'est clair, c'est comme un métier qu’il aurait, sans le savoir, il aurait le savoir exact de ce qu’il faut faire, de ce qu’il faut dire. Il me traite de putain, de dégueulasse... Il me dit que je suis son seul amour. Et c’est ça, je crois, je le sais sans savoir, c’est ça qu’il doit dire, c’est ça qu’il doit faire. C’est ça qu’on dit quand on laisse le dire se faire en soi, quand on laisse le corps tout seul chercher et trouver et prendre ce qu’il veut. Et, là, tout est bon, il n’y a pas de déchets, il n’y a pas de mauvais mots, il n’y a pas de mauvais gestes. Les déchets sont recouverts, tout va dans le torrent, dans la force du désir. »

Labels: , ,

L 'Amour à Pontempeyrat et à Bruxelles


Illustration de Julia Eva Perez 

Labels:

S tage sur l'amour


Un stage sur l'amour sera proposé en février à Bruxelles, avec présentation publique le soir de la Saint-Valentin ! Il se tiendra dans une chapelle transformée (très bien) en théâtre, très belle, une ruine de luxe. Il est hautement conseillé aux couples ou aux trios déjà formés ! Stage très peu cher, mais prioritairement réservé aux locaux, Belges ou pas, mais habitants de Belgique — ça tombe bien : Bruxelles est ma seconde patrie, j'y ai plein d'amis ! — ouvert ensuite à quelques amants errants dans le reste du monde et de son au-delà...

Labels:

L e colloque d'Isabelle, les 21 et 22 novembre




LES MONDES POSSIBLES DE LA SCENE CONTEMPORAINE
(LE THEATRE POSTDRAMATIQUE ET LA QUESTION DU POSTHUMAIN)
21 ET 22 NOVEMBRE 2014

RENCONTRES DE « RECHERCHE & CREATION »
ORGANISEES PAR ISABELLE BARBERIS (UNIVERSITE PARIS-DIDEROT)
ET FRANÇOISE DUBOR (UNIVERSITE DE POITIERS)

21 NOVEMBRE 2014 – AU THEATRE DE LA COMMUNE – CENTRE
DRAMATIQUE NATIONAL, AUBERVILLIERS
ET 22 NOVEMBRE 2014 – A LUNIVERSITE PARIS-DIDEROT
(AMPHI 12 E, HALLE AUX FARINES)



Depuis une quinzaine d’années, on a beaucoup parié sur la défiguration que la scène contemporaine imposait à l’art théâtral, en pointant un « après » diversement compris, mais qui radicalisait une rupture temporelle dans les pratiques scéniques. Or l’espace de jeu qui s’ouvre donne à penser, plutôt que le devenir du drame, l’évolution de l’humain dans les oeuvres. Qu’on la nomme « post-humain », « performatif », interartistique, émancipé, la nouvelle scène intègre en son sein d’autres étendues, crée des communautés artistiques renouvelées ou arts, sciences, recherche, corporéité dialoguent, et se fixent de nouveaux enjeux de transformation sociale, produisant des connaissances, voire des utopies spéculatives en re-fictionnant le monde dans lequel nous vivons.
Placé à la marge du plateau, soumis à divers types d’intempéries — par le retour à son animalité, sa réification supplétive par la technologie, ce corps flottant, inerte, morcelé, renvoyé à une nature recomposée qui rappelle les préceptes des philosophes présocratiques – l’humain passe au crible des sciences dans les arts qui proposent le spectacle d’un naufrage avec spectateur (pour reprendre le titre d’un essai de Hans Blumenberg). Le théâtre, cette mer agitée, éprouve les lignes de résistance de l’humain, jusque dans son exclusion formelle. Il devient donc nécessaire de recourir aux théories de la physique quantique, à la philosophie de Lucrèce, à la métaphore de Blumenberg, aux visions de l’homme de Nietzsche, entre autres références, pour penser ce théâtre définitivement détaché d’Aristote, outre sa dimension interartistique et interdisciplinaire. Les propositions de Castellucci, de Goebbels, y croisent celles d’auteurs comme Beckett et d’artistes comme Philippe Quesne, Cyril Teste ou Katie Mitchell, Guy Cassiers, tant d’autres encore. Des pièces souvent dépeuplés où l’humain se trouve décentré, débordé et ainsi re-questionné dans son rapport au monde.
Nous envisageons d’observer et d’analyser comment l’humain se trouve, sur cette scène contemporaine, relayé, suppléé, parfois absenté, dans une perspective anthropologique repensée, et selon des lignes scientifiques nouvelles comme l’écocritique, ou nouvellement convoquées pour penser le théâtre comme les sciences de la terre et du vivant (géologie, météorologie, cosmologie, biodiversité, économie…). C’est donc la totalité de la procédure théâtrale qui nécessite sa réévaluation – un chantier dont l’ambition sera ici à la fois de synthétiser les lignes déjà tracées et d’ouvrir un domaine profondément novateur.
Nous ouvrons la discussion avec la volonté de tenter de nouvelles interactions entre artistes et chercheurs en proposant des interventions qui privilégieront le registre de l’hypothèse plutôt que de la thèse et du résultat, des démarches moins « commentatrices » que prospectives, fictionnantes et désirantes.



Programme détaillé sur demande.

Pour ma part, j’interviens le vendredi 21, à 15h30, au Théâtre de la Commune, à Aubervilliers.

Labels: