J e n’envie nullement les fortunes
La Bretagne est un pays où il ne fait jamais beau. En moyenne, le mois d’août : 22 jours de pluie. En moyenne. Ce qui ne veut pas dire qu’il pleut à verse du 1er au 22 août, mais tous les jours au moins un peu. Du crachin, du chagrin du mois d’août. Et puis, une fois, le mois d’août, je me souviens, j’avais débarqué et j’avais appris que le mois de juillet avait été absolument pourri, alors j’en avais déduit à voix haute qu’il ne pouvait plus que faire beau, mais ma cousine aujourd’hui décédée de trop de langueur (une longue maladie) m’avait dit : « Oh, non, détrompe-toi (détrempe-toi), ça s’est vu, des étés ENTIEREMENT POURRIS, des étés nazes de A à Z ». Mais quand il fait beau en Bretagne, alors, là, tu meurs de bonheur, c’est la fête, ça se roule dans le fossé, tu n’en crois pas ta chance. Tu chantes avec les oiseaux. En Bretagne, on boit pour oublier qu’il pleut et on boit pour fêter le soleil, la seule journée de l’année ! C’est ce qui s’est passé hier et puis, hier soir, l’apéro, puis le repas, tout ça dehors (puisqu’il faisait beau), et mon cousin Gwen m’a arrangée avec un tonneau de rhum à la menthe et au sucre (en apéro ! pourquoi pas la téquila ?) et finie aux godets de vin blanc remplis comme des verres à eau ou, disons, je l'ai remarqué, d'une belle eau dorée, il a fallu me traîner jusqu’à mon pieu, les salauds ! je me souviens de la grosse lampe et du basculement dans le fossé — et du gris du matin !
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