Je reçois ta carte très lisiblement sous cette forme [photos] dans ces vacances qui n'en finissent pas, je suis parti deux jours trop tôt (jeudi) ou peut-être trois car il est vrai qu'on ouvrait bien peu la boîte aux lettres au bout du chemin. Quelle pratique agréable et nostalgique, la carte postale ! chaque année je me dis que j'ai envie de m'y remettre... Tu as raison, rien n'est « vrai » sur Insta ou alors, on l'espère peut-être, par clignotement. La Corse, c'était top, le luxe, je peux dire — et aussi chaque année retrouver des gens hors milieu, ça m'enchante, des gens dans les affaires, des gens pour qui le mot « argent » a un sens. Avant, j'étais aussi dans le Finistère (avec ma mère) et, maintenant, c'est le Lot, avec la coiffeuse et les enfants. Ils veulent me faire faire du parachute lundi, alors adieu peut-être ! J'ai été aussi déshabillé sur la côte landaise (avec la coiffeuse) et j'ai bien aimé. La beauté des adolescents, animale, si je m'écoutais, je ne montrerais que des spectacles de ça, mais c'est interdit ! On ne peut la contempler que là, dans des lumières éblouissantes. Ce soir, il y a ici une fête autour d'un 🔥 où l'on fait griller du mouton (qui arrive, d'ailleurs, je vais te laisser) et, cet après-midi, il y a eu la visite d'une sculpture land art inoubliable — mais comment en parler ? pas de photo possible, paraît-il. Un type qui a excavé pendant une vingtaine d'années les formes de cette pierre calcaire qu'il y a dans les causses, ici dans le Quercy, et qu'est-ce qu'on voit ? qu'on ressemble à de la pierre ! Alors qu'on a déjà bien du mal à s'imaginer animal ! et plante ! Eh bien, non, il faut voir plus loin ! (ça aide, finalement). On ressemble à de la pierre, on y ressemble, et c'est ce qu'on appelle le sacré, la spiritualité — enfin, tout ce que la parole contemporaine gâche par son bavardage à moins que la poétesse ne s'en mêle, la sorcière, Claude Régy ou toi-même ! parmi quelques autres — et quand on s'y met, eh bien, c'est très bien, on est porté, je ne pense pas que ce soit entrer en religion (trop d'hypocrisie dans les religions), mais plutôt dans peut-être la seule mémoire qui va nous permettre d'accepter que le monde disparaisse — et nous serons nous aussi de passage comme les pierres qui étaient là sous une mer légère à l'époque, qui n'avait, par jour, qu'une seule marée recouvrante de peu, ce qui fait que « l'événementiel », tout ça expliqué par Roger, c'est-à-dire l'impact des gouttes de pluies tropicales, par exemple, ne s'est pas effacé des sables qui ont durci. Le nom du sculpteur, je l'écris ici pour toi comme pour moi pour ne pas l'oublier : Roger Rousseau, à Beauregard — mais ça se mérite ! — comme le mouton pour lequel je te quitte, à bientôt, chère Laure, Yvno
PS : Finalement je trouve une vidéo de la sculpture dont je te parlais maladroitement en répondant, un peu aviné dans une fête qui avait déjà commencé, à ta si gentille carte postale ; tu verras mieux de quoi il s'agit.
Bisous,
Yvno
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