Les hommes politique, reprenant l'anonymat malades des voix d'Internet qui, quand elles s'en décollent, vont parfois aussi voter, reprochent maintenant aux artistes de défendre l'un des leurs, Roman Polanski. Mais défendre toujours les lois qu'ils votent eux-mêmes, ce serait pas du "corporatisme", ça non plus ? Moi, je dis, moi, personnellement, que les lois que votent les hommes politiques sont très mauvaises et qu'il ne votent pas les lois qui seraient les bonnes. Après ça, il est normal que, par exemple, les médecins défendent les médecins et que les artistes défendent les artistes simplement pour cette raison, parce que les lois sont très mauvaises et pour les artistes (de telle ou telle sorte) et pour les médecins et sans doute aussi pour les boulangers, les décrets sont atroces, les arrêtés sont pires et les circulaires sont nulles ! Toute cette ignominie, cette fainéantise, ce délire officiel d'ailleurs parfaitement volatile et changeant comme l'air, un jour on est roi, un jour on a la tête coupée, toujours au nom de l'Etat, du bien commun et de la justice bien entendu "la même pour tous", au nom de "l'égalité", la "fraternité" (puisque celui qui a la tête coupée et celui qui regarde la tête tomber sont évidemment les mêmes, n'est-ce pas ? puisque Jean Moulin qui se fait torturer et celui qui torture sont évidemment, comme nous savons, les mêmes)
ne correspond pas à la réalité, mais au fantasme pur, au délire, destructeur. Que les lois sont censées être les mêmes pour tous, c'est même déjà en soi une aberration suffocante. Les lois créent et sur-créent de la souffrance. La délinquance ne diminue pas (mais augmente), les prisons sont de plus en plus remplies, débordent. La peine de mort a maintenant été remplacé par le suicide en prison : un tous les trois jours. Ça aurait pourtant été bien décrit par la littérature, n'est-ce pas ? Si la littérature était lue. C'est même, paraît-il, qu'à ça qu'ça sert, la littérature, la peinture aussi, la musique, à décrire ça : l'ignominie des lois. Eh bien, non, on fait comme si ça n'était jamais dit, ni lu, ni entendu. J'ai joué
Vénus et Adonis, à propos, récemment. La déesse de l'amour aime un gosse super mignon. Elle souffre. Ok, le gosse est la victime puisqu'elle le viole et puisqu'aussi, à la fin, lui, il meurt, un sanglier, un salaud, pas elle puisqu'elle est immortelle évidemment... On fait comme si ça ne se savait pas. Comme si les auteurs, les artistes, n'avaient jamais existé pour le dire. Et puis de toute façon, pourquoi s'énerver ? Comme on sait, un auteur est vite mort - on est plus calme avec les morts. La vraie loi humaine, la seule, voulez-vous la lire ? c'est celle qui dit :
Il est interdit de souffrir. Tout le reste est permis. Ça, c'est depuis toujours. En mai 68, il y a eu une jolie version rénovée :
Cesser de faire le gendarme pour soi et les autres.
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