Friday, April 27, 2018

A vila (rerun)


Chère Pascale, 
J’ai retrouvé (les souvenirs Facebook) ton texte sur 1er Avril aux Bouffes, il y a quatre ans. Qu’est-ce que c’est beau, qu’est-ce que tu sais écrire (et comprendre) ! 
Bises, j’espère que tu vas bien,
Yves-Noël



Thérèse d'Avila
Yves-Noël Genod, 1er Avril, aux Bouffes du Nord : préparation à la vie nouvelle.
Ces phrases de Thérèse d'Avila tombées par hasard sous mes yeux donnent une idée, je crois, de ce que j'ai vu et entendu dans cette salle haute, grise et crayeuse, ors anciens et soies déchirées des murs, embrumée et comme recouverte de feutre : « Ce qui nous importe, ce qui importe à l'âme, qu'elle pratique ou non la prière, c'est qu'on ne la néglige ni ne l'opprime. Il faut la laisser aller libre dans ses multiples demeures, de haut en bas et sur les côtés, puisque Dieu lui a conféré tant de dignité ; elle ne doit pas rester longtemps confinée dans une seule pièce. Oh, mes filles, ni même dans la connaissance de soi ! A l'entour de cette pièce, la première demeure, celle de la connaissance de soi, il y en a beaucoup d'autres, et au-dessus aussi. Parce qu'il y a lieu, ici, dans notre château aux multiples demeures, de considérer les choses de l'âme dans leur plénitude, dans leur étendue et leur grandeur : il ne faut rien lui chicaner à l'âme, parce que sa capacité surpasse de loin ce que nous pouvons imaginer. C'est de toutes parts qu'elle reçoit le soleil qu'il y a dans ce palais. »
Pousser les murs, c’est ce qu’il fait, Yves-Noël, avec ses acteurs, ses amis, s'envoler pour suivre le chant de cette voix, laisser l'espace s'ouvrir sous les coups de boutoir de ce rire, se souvenir de la tempête qui gronde dehors, nous menace et nous crucifie, mais pas trop longtemps, danser avec ce couple qui danse, mais pas trop longtemps, s'égarer, avoir enfin le loisir de s'égarer, de se noyer dans ce verre d'eau noyé dans l'eau : la gaieté légère d’une tenue de fête, la griserie de la rumeur dans la pièce envahie maintenant par tous les acteurs bavardants, murmurants, ils sont si beaux, ils se sont faits beaux, ils paradent sur la crête de leur vie, il y en a un qui veut tout tout de suite, un rien et c’est la chute, elle est là aussi la chute, l’ange déchu nu dans sa parka sale comme l’homme fou qui hante le faubourg Saint-Denis un peu plus bas dans la ville, sauf que lui sur la scène il chante, il est sauvé, parce que ça ne fait rien, la peur de la chute, ça ne nous fait plus rien, ils tiennent le coup quand même, là, devant nous, ça ne tient qu’à un fil et nous tenons avec eux le fil fragile, le seul qui nous maintienne à vie, le seul qui fasse que ça vaut le coup l’existence, et qu’on n’a plus peur, comme une main tendue, comme un sourire qui durerait, on se serait retrouvés enfin, on serait là tout le temps, disponibles, vivants, on n’aurait plus peur, on aurait les mains pleines et tout à dépenser, on donnerait tout tout de suite, les sourires, les corps : glorieux, on serait là enfin, et ça durerait, plus qu’une nuit de fête, ça durerait toujours. Sur la scène des Bouffes du Nord, ça ne dure que deux heures, mais c’est comme une préparation à la vie qu’on voudrait, à la vie nouvelle dont on rêve. C’est dans la tête d’Yves-Noël Genod et c’est à nous aussi de continuer à vouloir, dehors, sur le trottoir où on se retrouve après, le trottoir où c’est fini de rêver et où on risque de tout perdre. A moins que le risque, le vrai, ce soit de le suivre, Yves-Noël Genod, d’y revenir encore, aux Bouffes du Nord, revenir voir encore son spectacle : c’est jusqu’au 12 avril, il reste quelques jours… pour se plonger dans la vie nouvelle.

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U lysse


Photo de Dominique Issermann

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I f You Can Unpack

Photos de Vivianne Perelmuter, Aidan Amore, Ricardo Paz et Stefan Kinsman dans Hamlet Poem Unlimited

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U ne guerre très violente


« et dans cette guerre que je décris, sur laquelle moi j’ai écrit des livres entiers, entre l’Image et le Verbe, en effet le Verbe est celui qui a la plus petite part aujourd’hui, qui est en train de perdre de manière absolue, et, en même temps, parce que il est dans la dissimulation parce que il est du côté du divin parce que il est du côté de la ruse d’une certaine manière, eh bien, il se pourrait bien que le Verbe ait le dernier mot. »

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A u bord de l’eau


« tout est encore dissimulé »

« Au bord de l’eau 
se promène la pensée ; masquée, elle écoute.
Car rien
n’apparait sous sa forme propre. »

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L es Baies vitrées


« De plus en plus de nouvelles villas 
avec de grandes baies vitrées,
oui mais que font-ils derrière  
ces baies vitrées ?
sont-ils plus heureux 
que ce couple dans la rue 
qui cherche une chambre pour dormir 
ensemble ? »

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Titre (on en trouvera un bien meilleur) et surtout sujet d’un livre : 
Un Hôtel de littérature
Ecrire un livre-somme sur l’hôtel des Roches Noires vendu par lots (d’appartements ou de chambres), un livre infini, cent propriétaires sur plusieurs décennies, plus de cinquante ans, deux (au moins) écrivains célèbres (dont il faudrait bien sûr réinventer les œuvres à la manière de celles de Vinteuil ou d’Elstir)) et les dédales imperceptibles et infinis des fantômes et du temps. L’œuvre d’une vie, son documentaire infini, n'écrire que ça, s'emmurer dans ce rocher de papier lourd 

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P arce que c'est comme ça


« parce que ça sert à rien de dire des choses si on les dément pas après »

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« Annonce sérieuse. Pour court-métrage auto-produit, je cherche un homme assez grand n'ayant pas peur de me gifler, de m'étrangler et de me cracher dessus. Seule sa main sera visible. Une demi-journée de tournage au mois de juin. Bonne humeur garantie. »

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