A voir deux pattes, deux bras, être un homme
Tout ce que touche Pierre Maillet au théâtre est merveilleux, il rend le théâtre bon. Il le remet à son essence : la bonté. Tout ce que je l’ai vu toucher a été merveilleux et tout ce que je n’ai pas vu, c’était ça aussi, je le sais et je regrette infiniment d’avoir loupé tellement de ses spectacles (il en produit beaucoup). Ce spectacle est merveilleux. Je ne vais pas le raconter, chacun va le vivre, il va résonner en chacun. Il est bouleversant. Il est bouleversant comme on est bouleversé par le patrimoine le plus profond de l’humanité, alors que ce n’est qu’un entretien, du blabla, en 1975, du blabla, de la conversation — mais je crois que Stéphane Bouquet exprime très bien l’importance du traitement du bavardage — Tchekhov, par exemple, ce n’est que du bavardage — il faudrait retrouver comment en parle Stéphane Bouquet. C’est bouleversant, parce que, vous savez, vous, moi, chacun de nous, on est très proche de la vie, on n’en est pas si loin, même tout près, vraiment près et c’est ça qui est bouleversant et c’est ça qu’on « voit » dans ce « spectacle », on voit qu’on n’est pas loin de la vie et ça fait — moi — un peu peur, on voit comment la vie, elle avance sans s’occuper de rien, elle avance et que, nous, on est pris là-dedans, on avance avec plus ou moins de bonheur, d’équilibre sur les forces de la vie, les forces mêmes du vivant, de ce vivant qui emporte tout, et le bon et le faux, le cœur serre.
Letzlove — jusqu’au 21 janvier, théâtre Le Monfort.
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