Saturday, July 18, 2015

P hilippe, costume Yves Saint Laurent vintage



L e Château, la mort


Photo Dominique Issermann
Bonsoir Pierre, 
Voici des liens de vidéos souvent courtes (des trailers) qui vous donnent une idée de ce que nous pouvons faire. C'est l'idée d'offrir le maximum de luxe avec (malheureusement) le minimum de moyens. Spectacles gratuits chaque fois que c'est moi qui décide, avec, de toute façon, des avant-premières gratuites, spectacles où j'offre la plupart du temps du champagne, grands interprètes qui acceptent de jouer pour presque rien (d'où aussi répétitions très courtes), spectacles bâtis en quelques heures dans des conditions sublimes, rien d'acharné, en ce sens le contraire exactement de la méthode de Gwenaël Morin — alors que nous nous admirons (peut-être à cause de cela)... Bref, j'essaye de construire pour les interprètes des situations très protégées, très vacances, Vacances dans la réalité, je cite souvent ce titre d'un poème de Wallace Stevens... et cette difficulté à trouver des logements sur Lyon m'est totalement incompréhensible : sur un plateau, tout se fait dans la facilité, c'est la condition, mais à l'échelle du monde, c'est plus difficile, pour moi, je suis paumé. 
Je vais faire le trajet en voiture demain du théâtre à chez vous. Si vous êtes-là, faites-moi signe. 
Aussi la question que je me posais, c'est s'il y avait même de la place pour se garer, au théâtre, oui, mais à la Croix-Rousse ?
La semaine prochaine, je serai à Paris et redescendrai à partir du 25, 
Yves-Noël

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9 juillet 2015, carnet


J’avais envie de commencer une phrase, de commencer un livre qui commencerait ainsi et qui se poursuivrait aussi simplement sans ennuyer personne et pourquoi pas, en effet, pourquoi pas écrire sans savoir ce qu’on écrit, mais écrire seulement ce que le lecteur lit. Je suis à Lyon, c’est la deuxième phrase et elle est déjà moins bonne, le lecteur, en effet, n’étant pas nécessairement à Lyon, ce qui est dommage, d’ailleurs (à moins de considérer comme un bien l’ultra-moderne solitude), à moins de n’écrire que pour des lecteurs lyonnais, ce qui ferait déjà pas mal de monde, suffisamment de monde, et c’est d’ailleurs ce que je m’apprête à faire à Lyon, écrire des spectacles pendant toute une saison spécialement adressés aux Lyonnais… Je cherche un appartement grand, pas cher, pour loger du monde, pour loger une troupe et je m’endors, ce soir, avec le bruit des étoiles et le rêve en sous-sol, en rez-de-chaussée sur un terrain ancien d’un amour, d’une amitié immense et dépassée, la vie est si difficile à vivre si on la contient dans ses limites…

Appelez ça : Leçon de théâtre (et de ténèbres).

Le temps qui se déploie devant moi (par exemple, dans la nuit lyonnaise, le quartier ancien, caché, coincé, protégé le long du fleuve, dans l’endroit facile, riche, devenu riche, un jour, et conservé), le temps qui se déploie devant moi est excitant comme l’univers.

Je suis dans un appartement très curieux, qui n’en est pas un, une sorte de case, de tiroir où l’on m’a rangé dans la ville. La ville est morte et vivante. Et bien sûr ! Et bien sûr qu’elle l’est ! C’est la ville quantique de tous les commerces. On entend rouler quelque chose dans le mur. Sans doute les Chinois de l’au-delà. On entend une cloche, mais c’est autre chose, le bruit est sûr. L’autre bruit dans la cloison, de roulement, de transbahutement est effrayant, il est sans fin, il est comme des rats, répétitif et ulcéré. Il ne s’en sort pas, il combat. Dormons, toi et moi, la première nuit. La première nuit au soleil. 

Je me souvenais que…, je visitais des appartements en sommeil, en rêve…

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L a vie est un splendide rendez vous avec rien


« La photographie est un saut qui transforme le temps en espace. C'est très bref, ça va durer longtemps, aucune limite, aucune frontière, on est sur une autre planète, ici même, la liberté règne.
Dominique Issermann semble ne connaître que deux lois : intérieur très privé, dehors vide. La vie humaine est un luxe inouï, mais précaire et fragile. Elle vibre, mais elle est sans cesse menacée. On fera donc sentir cette plénitude suspendue par des photos contradictoires, le blanc devient noir, le noir blanc. Ce luxe est en danger, le désert parle. Rien d'arrêté : tout s'élance sur place vers une disparition sans but.
Les Twins Towers, dès 1977, brûlent dans le brouillard, mais remarquez bien, au premier plan, ces larges traces de bulldozers absents.
Ou encore (grand chef-d'oeuvre) que fait cette jeune femme de dos, en chapeau noir, avec ce collier, dans un motoscafo sur la Giudecca, à Venise? Elle vient d'arriver, elle a un rendez-vous ? Oui : avec rien. La vie est ce splendide rendez vous avec rien. »

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 « The missing poem is the poem. »

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