9 juillet 2015, carnet
J’avais envie de commencer une phrase, de commencer un livre qui commencerait ainsi et qui se poursuivrait aussi simplement sans ennuyer personne et pourquoi pas, en effet, pourquoi pas écrire sans savoir ce qu’on écrit, mais écrire seulement ce que le lecteur lit. Je suis à Lyon, c’est la deuxième phrase et elle est déjà moins bonne, le lecteur, en effet, n’étant pas nécessairement à Lyon, ce qui est dommage, d’ailleurs (à moins de considérer comme un bien l’ultra-moderne solitude), à moins de n’écrire que pour des lecteurs lyonnais, ce qui ferait déjà pas mal de monde, suffisamment de monde, et c’est d’ailleurs ce que je m’apprête à faire à Lyon, écrire des spectacles pendant toute une saison spécialement adressés aux Lyonnais… Je cherche un appartement grand, pas cher, pour loger du monde, pour loger une troupe et je m’endors, ce soir, avec le bruit des étoiles et le rêve en sous-sol, en rez-de-chaussée sur un terrain ancien d’un amour, d’une amitié immense et dépassée, la vie est si difficile à vivre si on la contient dans ses limites…
Appelez ça : Leçon de théâtre (et de ténèbres).
Le temps qui se déploie devant moi (par exemple, dans la nuit lyonnaise, le quartier ancien, caché, coincé, protégé le long du fleuve, dans l’endroit facile, riche, devenu riche, un jour, et conservé), le temps qui se déploie devant moi est excitant comme l’univers.
Je suis dans un appartement très curieux, qui n’en est pas un, une sorte de case, de tiroir où l’on m’a rangé dans la ville. La ville est morte et vivante. Et bien sûr ! Et bien sûr qu’elle l’est ! C’est la ville quantique de tous les commerces. On entend rouler quelque chose dans le mur. Sans doute les Chinois de l’au-delà. On entend une cloche, mais c’est autre chose, le bruit est sûr. L’autre bruit dans la cloison, de roulement, de transbahutement est effrayant, il est sans fin, il est comme des rats, répétitif et ulcéré. Il ne s’en sort pas, il combat. Dormons, toi et moi, la première nuit. La première nuit au soleil.
Je me souvenais que…, je visitais des appartements en sommeil, en rêve…
Labels: lyon
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