Sunday, December 02, 2012

Même quand la récompense de la vie a disparu



Je suis sans internet ce soir, mais n’est-ce pas ce que je désirais ? J’ai rendu mon modem et, ce soir, Freewifi ne marche pas – mais n’est-ce pas ce que je désirais ? La chambre est encombrée, mais plutôt vide. J’écoute des vieux podcasts, un avec Frederick Wiseman qui a monté Emily Dickinson au Lucernaire, je ne savais pas. Il dit qu’il y a un poème d’Emily Dickinson qui est exactement le début de Oh, les beaux jours, de Samuel Beckett. Ils ont la même vision de l’humanité, « comique et dure ». Et maintenant on passe Julien Clerc. Quel rapport ? Aucun. Mais c’est la radio. « Le désordre, c’est ton style et, le mien, de t’écouter endormi dans cette ville respirer. » La chambre est encombrée et vide parce que j’ai poussé mes affaires contre le mur nord, pour dégager les fenêtres. Des ouvriers sont là pour changer les fenêtres. Ils en ont déjà changé une ; demain, ils reviennent à huit heures. Je les entendais parler dans la pièce à côté, cet après-midi ; je crois qu’il y a des métiers qui sont beaux. Ils parlaient de la « fenêtre » et ils en parlaient bien, ils trouvaient des solutions. C’était un garçon et un homme plus âgé. 

Maintenant il y a Marina Abramovic qui dit : « Au départ, il fallait que je hais le théâtre pour protéger la performance. » Et puis elle a changé d’avis. Elle joue avec Bob Wilson. Moi, je n’ai pas changé d’avis, je hais toujours la performance. Mais je sais, grâce à Marina Abramovic, que c’est pour protéger le théâtre. Willem Defoe lui a dit : « Il faut simplement ressentir les mots », mais Bob Wilson lui a dit : « Mais, il ne faut rien faire ; il faut simplement tuer les mots avec de la glace. »

Oui, cette idée que la vie est nouvelle « pour moi », même ce soir. Cette croyance, si vous voulez, cette croyance qui me tient ; nouvelle, même pour moi.

Puis la musique si belle de Antony and the Johnsons…

« Nous sommes prisonniers de nos échelles de temps et d’espace... 

— Je ne dirais pas que nous sommes prisonniers. Simplement, c’est l’échelle qui nous convient. »

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L'Automne à Pékin (stage du 24-25 novembre) (4)







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« Je comprends si peu de choses. Et à mesure que les années passent j'en comprends de moins en moins. Cela est vrai. Mais le contraire est également vrai, à mesure que les années passent je comprends de plus en plus de choses. Oui, il est également vrai qu'à mesure que les années passent je comprends beaucoup de choses, tant de choses que j'en suis presque effrayé. Le fait est que je suis découragé devant le peu de choses que je comprends et presque effrayé devant la masse de choses que je comprends. Comment se fait-il que les deux puissent être vrais, que je puisse à la fois comprendre de moins en moins et de plus en plus ? »

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Le Vocabulaire ancien


« Dieu est mort, mais l'ombre ou plutôt les ombres de Dieu sont encore là... »

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Cher Bruno, 

Tu vas bien ?
J’ai pensé à toi le week-end dernier parce que j’ai donné un stage à des handicapés mentaux (légers) et j’ai eu accès à un costumier d’une troupe locale, je n’ai choisi que du blanc, robes de mariées, draps, fraises, etc. Des drapés et des fantômes extraordinaires, je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas fait encore en spectacle — enfin, la raison est simple : là, il y avait un stock. 
J’ai vu ton expo au parti communiste et, ça aussi, c’est très émouvant, les tableaux sont très beaux et le lieu très beau, très émouvant, je n’étais jamais entré, l’ensemble est d’un luxe fou. Ça m’a donné envie de m’inscrire, tiens ! (Alors que le collège des Bernardins ne me donne quand même pas envie d’entrer dans les ordres.)
C’est chouette de te sentir cerner Paris comme en ce moment !
Bises, 

Yvno








Oh, Yves-Noël,
C'est extrêmement inspirant ce que tu racontes, j'aurais aimé être là et voir discrètement les déplacements des personnages.
Alors tu as trouvé le mot juste, c'est d'un luxe « fou », le PCFNiemeyer, une autre idée de la richesse, j'ai eu la chance de visiter le bâtiment des parkings à la terrasse du 6ème étage.
Sans s'y inscrire, tu peux me croire, il y a des endroits là-haut où il ferait bon vivre, penser, fumer, boire et regarder Paris.
J'y suis, quelques semaines, « d'un château, l'autre ».



« Ce que j’aurais aimé faire dans la vie ? Etre peintre comme Bruno Perramant. » 
Moi aussi.

Sans fièvre, sans courbatures, sans douleurs, sans un cerveau amolli et confus, et l'impuissance au bout des doigts.
L'ami est couché, 
je récupère mais je ne lève pas le siège...

Je t'embrasse,
Bruno






Ce serait bien qu'on arrive à faire qqch ensemble un jour. Avec le blanc, c'était évident, pour moi. (Peut-être avec les handicapés aussi, d'ailleurs.) Je découvre Clément Rosset, en ce moment (je viens de lire les deux derniers petits livres, L'Invisible et Récit d'un noyé). Là aussi, je pense à toi ! 

Je vais retourner au PCF de demander à visiter, tiens, ça risque rien...

Je t'embrasse, 

YN






Oui, Clément Rosset, je viens aussi de lire ses deux derniers livres, comme à chaque parution, je suis heureux de le retrouver.
Depuis vingt ans jamais démenti.

Si tu vas au PCF, demande de ma part Laurent Klajnbaum en lui rappelant que j'expose dans les locaux (port 0607338720 — bureau 0140401364) il te fera tout voir s'il a le temps
et c'est formidable
B

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Fais confiance à ta nuit, à ton séjour...



« Que veut dire « Apocalypse » ? — « Révélation ». »

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« Un prochain livre déjà en tête ? Ou vous laissez-vous porter par celui-ci encore quelque temps ?


— Je n’ai pas de livre en tête et je n’ai pas pour habitude de me laisser porter. La légèreté me suffit pour exister. »

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Un jour, vous avez cent possibilités. Le lendemain, l’une d’entre elles est choisie.
Un jour, vous avez cent possibilités, le lendemain, l’une d’entre elles est choisie. Recopiez cent fois. 
L’une d’entre elles est choisie et réalisée.

Les Déçus de la vie


« Il y a toujours moins dans la duchesse de Guermantes que dans le nom de la duchesse de Guermantes, moins dans la ville de Balbec que dans le nom de Balbec, moins dans l’accomplissement de l’amour que dans son attente ; de manière générale : moins dans le réel que dans ce qu’on en attendait, ou du moins qu’on s’estimait autorisé à en attendre. Mais qu’en attendait-on au juste ? C’est là une question que les déçus de la vie ne posent jamais : on est déçu, mais on ne saurait dire de quoi ni par rapport à quoi. Comment déprécier quoi que ce soit, si l’on est incapable de préciser le prix qui en aurait été en somme convenu d’avance ? Balbec la ville ne vaut pas Balbec le nom, peut-être ; mais pour en décider, il faudrait connaître la valeur de Balbec le nom. Or celle-ci demeure inconnue. Comment alors une valeur connue pourrait-elle être réputée moindre qu’une valeur inconnue ? »

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Madonno


La nouvelle Madonna soutient le mariage gay ! Vous avez intérêt à aller à la manif (le 16) — en plus c'est mon anniversaire ! Faites-ça pour moi, surtout les hétéros... Je voudrais tellement me marier avec un hétéro riche...

Photo Sébastien Dolidon.

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Terminus Nord



J’avais proposé à Bébé de baiser Audrey Vernon. 
(Voilà que le roman commence un peu fort.) 
Mais Audrey me demande de quel signe il est. Technologie moderne, j’ai la réponse instantanément : « Sagicorne du 22 décembre, ascendant Gémeaux, je vais la faire fuir. » Audrey (soudain terreuse) : « Objectivement, on peut pas faire pire... Sociable comme un Sagittaire, austère comme un Capricorne, et erroné comme un Gémeaux... » (A la place d’« erroné », elle a d’abord dit : « foireux ».) « Tu vois, il aurait fallu qu’il soit taureau », finit-elle (la question). Donc ça ne sera pas Bébé... 

Avec Audrey, on ira faire des photos avec des bébés tigres en janvier. A mon retour du Mexique. Ce sera encore possible, ils viennent de naître. Il faut qu’ils aient moins de trois mois, sinon c’est dangereux. Elle vient d’en faire avec des un peu plus vieux que trois mois et elle me montre les griffures, les cicatrices. Ils sont très joueurs, mais un peu trop forts, à plus de trois mois. Sa robe de tulle y est passée aussi. Y en a plus. Sa belle robe. J’ai hâte de voir les photos. Audrey a comme une accointance avec l’éleveur. Il l’appelle toujours quand il y a des naissances. Pour qu’elle vienne faire des photos. La prochaine fois, nous pourrions y aller avec Sébastien Dolidon, me dit-elle. Qu’elle connaît. 

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L’Hôtel de la Nuit brésilienne


Je rencontre le très bel Ariel Kenig chez Sébastien Dolidon. Il vient faire des photos car il voudrait défiler pour Prada (ça lui ferait 1000 euros). « Tu veux 10 % ? », demande-t-il à Sébastien. Il est préoccupé de savoir si ça marche pour Sébastien. Il trouve que Santiago Reyes ne travaille pas assez. Je l’interroge, je comprends que lui n’arrête pas. Il a beaucoup de raisons de se sortir du lit. Une foule de projets et de choses à faire avancer de conserve. Ce qu’il dit, je le recopie maintenant dans une vidéo. Il voudrait que cette solution qu’il a trouvée pour lui, ses amis la trouvent aussi. Bien entendu. Mais nous sommes tous des dépressifs. Mais qu’il est beau, le beau garçon pur qui va courir au Buttes-Chaumont ! Il est un peu plus petit que la limite demandée, pour le casting, mais enfin, moi (je sais que dans sa catégorie, il y en a des milliards), je lui donnerais la collection entière pour se branler avec, s’il voulait !

« Et c’est l’urgence de m’épuiser, quoi, en fait. C’est d’atteindre une densité totale, être plein et en même temps l’urgence de s’épuiser demande à être en forme. Et, voilà, c’est juste, voilà, au lieu de bosser tranquillement et tout et p’is d’avoir une p’tite forme et tout, j’veux être très en forme pour m’épuiser très vite. Et c’est vraiment ce qui conditionne mon attachement à la littérature, c’est que tout est décuplé, quoi. Tout, tout, tout. Tout c’qu’on vit, tout c’qu’on... Enfin voilà, toutes les rencontres sont décuplées, tous les sentiments sont décuplés, tous les faits sont décuplés... Enfin, y a qqch de très puissant, de très extrême. »

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L'Ombre d'un homme










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Les Vitraux



« Les adultes avec lesquels il s’ennuie si vite et qui disent au fond des choses qui font de la peine. »



Je ne voulais pas de son monde. Je ne voulais pas écrire. Mais le train, l’épuisement me calmaient, comme la vie. Depuis quelques temps, j’avais l’impression de recouvrer mes forces, inversées ; je me noyais dans le temps. Ecrire comme des nuages lourds s’envolent, écrire comme des rails durs s’allongent. Métier de l’homme. Cette « conscience ».

Combien faut-il de mots sur la page pour un livre ? De combien de pages le livre se compose-t-il ? Qu’est-ce qui fera qu’un lecteur achètera un livre qui ne parle pas ? Qui ne parle que de lui. Qui ne parle pas du lecteur. Qu’est-ce que la vie ? 

Qu’est-ce que la vie, dit l’enfant ? Ruines du monde. Qu’est-ce que la vie, pour toi ? — Ça bouge, 

dit l’enfant. La vie est apparue dès qu’elle l’a pu, vous savez. 

Dit l’enfant. L'enfant des nuées, l'enfant des nuits. Des nuits mortelles qui viennent. Viennent par le froid, par la vitre, par la mort. Viennent par les points cardinaux, les anciens vieux points cardinaux... 

Les nuits immortelles. Vous comprendrez Pascal. 

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