S uavidad
Moni Grego
Prenez bien soin de vous.
Vous êtes si plein de ces qualités si rares pour que le théâtre continue, que
son âme pulse — quand même ! —
dans le noir profond et velouté de vos scènes et aussi partout ailleurs. Et
pour vous aussi, pour continuer, puissamment, dans la beauté des choses et
autres. Nous sommes tous si vulnérables. C’est tellement idiot de vouloir
rencontrer quelqu’un qu’on admire comme je vous admire, on se sent si démuni…
Être proche de vos gestes de théâtre est un rêve. Et voilà que, vous sachant
malade, inquiète, j’ai rêvé de vous cette nuit. Vous parliez à des acteurs et
j’en étais. Vous disiez que notre seule préoccupation pour jouer devait être :
la douceur. Une douceur qu’on laisserait venir, flotter, disparaître,
librement, comme elle le voudrait… ça a l’air un peu idiot comme ça, mais dans
mon rêve c’était très réel, palpable, présent, agissant, une matière souple,
fluide, qui circule, donne... Je vous disais : « Je n’aurais jamais cru
que vous pouviez être si gentil ! » Vous gardiez le silence. Votre seule
réponse était un sourire. Ne rentrez pas trop tard, prenez pas froid !
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