La pâtissière est lenteHier, soirée hétérosexuelle. Très réussie. Il faut que j’envoie un petit mot à Claire Guezengar. Et aussi pour lui donner les coordonnées de Paloma, toutes les deux ont
énormément sympathisé, les deux ont insisté pour me le dire – me le dire vraiment ! – ça ne m’intéressait pas
à ce point quand Paloma, dans la chambre aux vêtements, me disait comme elle était contente d’être venue parce que Claire était extraordinaire, etc. Ben, oui, Claire a toutes les qualités, je n’en ai jamais douté, plus la réussite, à présent – ni quand Claire, beaucoup plus tard, quand je suis parti à mon tour, insistait pour me dire à quel point elle avait été émue de rencontrer Paloma, que c’était une personne extraordinaire, etc. Oui, je suis au courant pour les deux – Encore un exemple d’homosexualité féminine qui me réjouit et me désole à la fois car il me montre de manière insistante que je n’ai moi-même que de l’homosexuel à raconter – sommes-nous donc si narcissiques ? Elles se l’étaient dit entre elles, elles me le disaient à moi pour que je le leur redises mutuellement, pour que ce ne soit pas un
effet mondain, mais la folle réalité : oui, elles s’adorent. Et moi, j’adore, moi, j’adore aussi,
les garçons. Comme tout le monde est si malheureux… Je dis ça parce que je suis parti après avoir baisé le sein de Paloma dans la chambre aux vêtements et effleuré la taille fine de Claire en lui disant au revoir et que ce sont sans doute mes meilleurs souvenirs de cette soirée. Aussi d’avoir parlé avec Fanny de Chaillé assez longtemps et de manière intéressante du sujet qui nous intéressait : Gwénaël Morin et le projet fabuleux qu’elle entame avec lui : jouer tous les jours pendant un an une pièce tous les deux mois (répétée l’après-midi pendant qu’on joue l’autre le soir) avec une semaine de battement seulement pour la mise en place à la fin du mois. Ils en sont au neuvième jour. Au dixième… Mais c’est déjà ce qu’il va se produire de plus fort pendant un an : donner la mesure à quoi jauger toutes les autres productions. Et ça commence mal, hier soir, pour Cédric Gourmelon, il est passé à la trappe ! Malgré le génie de Vincent.
Le génie de VincentVincent joue
Edward II, le rôle titre, et je n’ai pas noté ce que disait Paloma, une formule assez subtile pour dire qu’il y avait presque un froissement au cœur de voir Vincent en faire beaucoup plus que ce que le spectacle proposait. Mais Vincent a raison de mettre beaucoup d’énergie dans ce rôle qui le passionne : du coup on ne voit et on ne se souviendra que de lui et il apparaît comme il est nécessaire qu’il apparaisse : comme une star – À quoi sert le théâtre si ça ne sert pas à permettre de briller à Isabelle Huppert ou à Vincent Dissez, si ça ne sert pas à afficher leur supériorité sur le restant de la distribution et d’un projet ? Mais nous sommes quand même partis à l’entracte, Paloma et moi. Mention néanmoins très spéciale à Marion Coulon, avec elle, au moins, on est quelque part, on ne sait pas dans quel monde, comme avec Vincent aussi. (Marion Coulon joue Lady Margaret qu’elle explose de rire.)
Je voudrais mettre sur le papier les responsables de cette nullité même s’ils se sont mis à si nombreux pour pouvoir se cacher les uns les autres. Je recopie donc fastidieusement, mais faut que ça se sache, on ne peut pas toujours accuser les acteurs et metteur en scène, surtout quand y en a pas. Nous avons donc la responsabilité de Réseau Lilas (production déléguée), du Théâtre National de Bretagne/Rennes, de L’Hippodrome/scène nationale de Douai, du Théâtre Paris Villette, de l’Arcadi (Action régionale pour la création et la diffusion en Île de France), du soutien ADAMI, FUAD/ERAC Cannes, avec la participation artistique (?) du Jeune Théâtre National, de la Région Bretagne, de la Drac Bretagne/Ministère de la Culture et de la Communication, du Conseil général d’Ille et Vilaine. Si tous ces gens ont l’impression de faire du théâtre, tant mieux pour eux, moi, je leur crache à la gueule – avec froideur. Au passage, chacun de ces organismes a dû mettre cinq francs cinquante parce qu’il n’y a rien sur le plateau qui laisse imaginer une quelconque dépense d’argent, un plateau nu dans des lumières minables (et très laides), des costumes affreux habillant de jeunes acteurs. Ou alors – dans l’autre cas où chacun aurait mis beaucoup – qui s’en met dans les poches ?
Je prends un bon bol de lait très chaud avec douze gouttes de mercurochrome dedans parce que, comme la fête était très réussie hier soir, je suis resté plus que je n’aurais dû dans l’atmosphère enfumée et, aujourd’hui, j’ai la migraine. Je dis bonjour à Julien, ce matin.
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