Bonjour Armelle Héliot,
Bon, j'aurais préféré que ce spectacle vous plaise,
évidemment (vous avez raison de dire qu'à moi il semble plaire) et j’aimerais
beaucoup qu’il trouve son public – ce qui est loin d’être gagné, comme vous
l’avez constaté. Je ne vous trouve pas agressive et je vous en remercie – et
aussi votre critique me touche à cause d’une très belle phrase. Ça arrive
parfois que quelqu’un qui n’ait pas aimé dise une chose très juste – en négatif
évidemment, mais, en fin de compte, il s’agit, ici, d’une des choses les plus
justes qu’on ait dites sur ce travail : que je traite les interprètes
comme des plantes humaines. C’est ce que j’ai tenté de faire et ce qui m’émeut
le plus dans cette histoire. J’ai souvent dit aux interprètes : c’est
merveilleux que vous soyez des immenses acteurs, danseurs, musiciens pour le
faire, mais, en même temps, n’oubliez pas, « every tree does it ».
Vous dites l’essence de ce travail inspiré en effet de Gilles Clément,
inventeur de ce concept, le « jardin planétaire » – contenant des
animaux, des plantes et de l’espèce humaine, bien entendu : le jardin du vivant – aujourd’hui menacé…
Au plaisir une prochaine fois
Yves-Noël Genod
En quelques années, ce comédien
formé il y a vingt ans à l'école de Chaillot et qui a un très long parcours qui
passe par Régy, Tanguy et beaucoup d'autres, esprit curieux de danse, de
musique, épris de formes frontalières et de parois poreuses, est devenu une
référence pour un certain nombre d'artistes et de jeunes comédiens en
formation. Depuis 2003 et son En attendant Genod, on le suit de loin en loin.
Mais là, non !
C'est au Rond-Point. On sort trop
tard, on ne peut pas revoir une fois encore Un mage en été. On en est réduit
à écouter Laurent Poitrenaux avec les écouteurs du hall ! C'est toujours cela
de pris...
Car là-haut, dans le grenier du
Rond-Point, on a sagement patienté deux heures. On a espéré.
On a été attentif.
Mais comme on s'est ennuyé !
"Je m'occupe de vous personnellement" dit le grand blond avec
des chaussures cloutées d'or...Il attend dans l'entrée et on grimpe
après lui un escalier parsemé de pétales de roses avant que l'on ne nous
propose, au pied du gradin, un verre de champagne...
Le boss, avec ses allures de
vieux rocker, style Californie années 60-70, nous fait un petit laïus de
bienvenue. Il nous dit qu'il ne veut pas nous ennuyer mais que ce spectacle,
cela ressemble à la vie... aussi.
Il s'installe au dernier rang, au
milieu. Il y a une petite fille bien mignonne et bien sage assise juste
au-dessous de lui. Elle dessine. On devine qu'elle aura un rôle, elle aussi.
Pour le reste, que dire ? Deux
heures ce n'est pas un bon format pour Genod...Il est trop court, de fait, pour
tenir deux heures...
Il y a de l'herbe à l'arrière du
gradin (gare au rhume des foins) et quelques plantes. Et puis les humains, les
comédiens et comédiennes, danseurs, musicien, etc...mais l'ennui est que Yves-Noël
Genod les traite un peu comme des plantes humaines.
Pour le reste, quand on ne
comprend plus du tout, ou que le temps se fait long, on le regarde. Il est
content. Franchement, il sourit, il rit. Il a l'air heureux.
On est bien content pour lui. Des
cinq artistes qui partagent cette passionnante expérience, la plus connue est Valérie
Dréville. Elle lit un peu d'Hélène Bessette. D'autres.
Pendant ce temps là, le public
le plus discipliné et bienveillant, craque. Se lève et s'en va. Le maître en
a évoqué la possibilité. Mais il a dit aussi qu'il nous aiderait à
comprendre... Que deux jeunes filles se tournent vers lui pour gentiment
lui dire qu'elles s'ennuient un peu, il ne les retient pas !
Genod cite Gilles Clément,
le paysagiste du Collège de France. Un sacré penseur, un philosophe.
Tiens, cela doit être pour cela que ce matin, c'est plutôt du jardinage que
l'on a envie de faire...
Théâtre du Rond-Point, jusqu'au 24 juin, à 19h. Durée : 1h50
(01 44 95 98 21).
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