D e l'esthétique du dehors à l'esthétique du dedans
Je sais, Paris est un enfer, la ville va être bloquée (comme Mexico peut l’être souvent), mais sautez dans le dernier premier TGV et venez au calme à Lyon, on organisera des dortoirs de secours aux réfugiés. Cette photo sublime est de Dominique Issermann, elle me l’envoie quand je lui parle du spectacle. Elle aurait fait l’affiche. Elle me parle aussi d’une phrase de Valéry Larbaud qui, lors d’un voyage à Naples, d’une terrasse d’un café, voit passer devant lui une limousine noire presque à l’arrêt et qui pense : « Mais qui donc peut se payer le luxe d’une telle lenteur ? » Le spectacle PAR DELICATESSE J’AI PERDU MA VIE (ce titre trouvé par Dominique est un assemblage d’Arthur Rimbaud) se joue depuis hier soir. C’est un spectacle de circonstance. Tous mes spectacles le sont, comme un poète écrit des poèmes, ils sont toujours « de circonstance » (en ce moment, je lis Paul Eluard), mais, celui-ci, avouez que les circonstances sont fortes ! Le célèbre vers de Friedrich Hölderlin : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve »... C’est un spectacle uniquement de lumière, purement contemplatif. C'est Philippe Gladieux qui l'a créée et Gildas Gouget qui l'interprète. J’ai noté hier deux ou trois choses que les premiers spectateurs m'ont dit : « Le spectacle qui apparait à la fin, on ne l’a pas vraiment vu et on ne l’a même pas imaginé non plus ». (Ça, c’est le plus beau, mais je ne peux pas vous expliquer pourquoi sans vous spoiler le spectacle.) Ou bien : « La forme n’est qu’une illusion, un jeu de la conscience, un jeu d’ombres et de lumière ». Une autre femme a dit : « Une impression de durée parce que le mental ne s’empare pas de l’esprit. Ça donne une espèce de vacance et je pense que c’est ce que vivent les gamins… » Quelqu’un a dit : « On est presque dans la création de ce qu’on voit ». Et puis : « Des tas de poèmes qui remonteraient sur des lumières, sur des choses… ou des tableaux de Paul Klee… » Et puis : « De la blessure au cri, du cri au chant et du chant au silence ». Ou encore : « Poésie vivante ».
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