« My beautiful wife is considering dinner »
Photo Philippe Gladieux (cliquer pour agrandir).
Tout est possible avec
cette pièce, même le succès ! Ce soir, le travail ne s’est pas arrêté à la
représentation, il a fallu faire le service après-vente comme à Avignon aux
plus beaux jours ! Ça n’a rien à voir. Boire pour être en représentation
avec un public conquis, « participatif », talentueux, à qui la
représentation a appartenu et boire comme les autres soirs juste pour
décompresser avec un peu d’amis qui trouvent ça très bien. Il faut dire que –
je ne sais pas pourquoi – pour la première fois, presque, la salle était
pleine, que Valérie avait ramassé des tonnes de pétales de roses, que
Lucien Reynes est venu en guest,
que Olivier Martin-Salvan m’avait amené toute une famille inoubliable de
chanteurs baroques, il faut que je note leur noms, ce sont des chanteurs
absolument exceptionnels (quel génie, ce Martin-Salvan) : Jeannne
Monteilhet et Bertrand Dazin + nouveau-né). J’avais oublié qu’ils devaient
venir aujourd’hui, quand je les ai vus débarquer trois quarts d’heure avant la
représentation, je me suis
dit : « Oh, my God ! comme si on avait besoin de
ça… » Une des plus belles rencontres de ma vie. Et Lucien a été
comme un dieu (qu’il est !) Le noyau dur, l’EQUIPE qui joue
quoi qu’il arrive, invités ou pas invités, qui réinventent le monde tous les
jours, ouvrent des territoires, explorent et surtout trouvent, trouvent les
passages pour que jamais, jusqu’à maintenant (mais ça pourrait arriver), jamais
la représentation ne se soit effondrée, n’ait pas été unique et inventée,
parfois, le plus souvent, avec des départs massifs et un taux de remplissage en
berne… Mais ce soir, non ! tous les ingrédients du succès étaient réunis,
ont été réunis, ça n’aura peut-être lieu qu’une fois, c’est sûr, même, c’est le
principe, on rebat les cartes tous les soirs, mais quel bonheur de sentir qu’on
n’a même plus besoin de regarder ce qu’il se passe car on le sent, c’est dans
les gradins que ça se passe, ce n’est
plus sur scène, enfin ! enfin, ça se passe dans le public. Je n’arrêtais
pas de le leur dire : on peut aussi faire un succès avec cette pièce, avec ce
spectacle, vous savez (ou ne savez pas), ce n’est pas si éloigné… Ça parle au
cœur, ça peut parler au cœur, ça doit parler au cœur… De sentir que tout d’un
coup, ÇA PREND. Chez les spectateurs, enfin, le but atteint.
C’est chez eux ! ça leur parle, ça leur paraît pas du chinois… Enfin, Falk
Richter qui était là ce soir (et a beaucoup aimé, quelle joie !) m’a dit
qu’il a entendu son voisin dire à un moment : « Ça devrait être
interdit de faire des trucs pareils… » Ça me rassurerait presque. Voilà ce
qu’on essuie tous les jours et qui était miraculeusement effacé ce soir, je
peux, je veux en témoigner. Les difficultés recommenceront demain, n’ayons
crainte… Mais ce soir, le dieu du
théâtre a ouvert son manteau de nuage et a daigné, du bout des lèvres, paraître
en scène, c’est-à-dire, comme disait Barbara, sourire.
Il y a tellement besoin
d’amour dans ce monde, tout le monde en veut, tout le monde en prend…
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