Sunday, September 17, 2017

« Il y a une perspicacité inconsciente dans l’emploi du mot personne pour désigner l’individu humain, comme cela se fait dans la plupart des langues européennes : car persona signifie en réalité « masque de théâtre » et il est vrai que nul ne se dévoile tel qu’il est ; tous, nous portons un masque et jouons un rôle. »

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S ourdre le monde des morts


Bonjour Yves-Noël, comment a été l'été ? Kataline m'a dit que tu recommençais les cours, autour de la Genèse.
Je crois que ce sera peut-être le même problème pour moi d'horaires, mais ce lundi, je peux venir, vers 19h, lire un texte que j'ai écrit sur les bébés et Rembrandt, qui devrait être publié par Sollers.
A cette heure-là, je pourrai passer demain, si ce n'est pas en pleine séance ? 
Amicalement,
Josselin

Bien sûr, viens ! 
C’est drôle, ton signe, car je viens à l’instant de tomber (à la BPI) par hasard sur « L’Infini » (mis en exposition je ne sais pas trop pourquoi) que je n’avais pas ouvert depuis mille ans et d’y trouver un texte de toi, « Nous sommes des bêtes, nous sommes sauvages », que je viens illico d'absorber et que j’adore surtout — tu fais comme Sollers — pour ses bonnes citations ! Je le photographie pour demain car il est en plein dans le thème (« être hanté par ce qui précède l’homme, des premières algues aux grands singes »)

Merci. Que, toi, tu dises ça, c'est très émouvant. La première fois que je t'ai vu et entendu à Avignon, pour Vénus & Adonis  [Le Parc intérieur], un seuil s'est ouvert pour moi : comment ? Dans une telle délicatesse, on peut faire sourdre le monde des morts, plus vivant que nous ? Ca avait été gigantesque, continue de l'être.
J'essaierai de me glisser une ou deux fois alors dans un lundi...
Et toi, quels sont les prochains spectacles où t'écouter ?

Oui, (re)viens, très cher ! 
Il y a eu l’Opéra-Comique il y a quelques jours (j’espère que tu as reçu) avec les Illuminations et, là, non, rien sur Paris, Clermont-Ferrand le 7…

Yvno

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« Maintenant c’était un causeur évidemment très bien, mais il y avait des moments où il était un peu, un peu fatigant — Dans quel sens ? — Parce qu’il parlait beaucoup de lui. »

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L e Chemin de la forêt fondamentale


« Il me semble que tous nous regardons trop la nature, et vivont trop peu en sa compagnie. L'attitude des Grecs me paraît pleine de bon sens. Ils ne discouraient jamais sur les couchers de soleil, ni ne débattaient pour savoir si les ombres sur l'herbe était en réalité mauves ou pas. Mais il voyait que la mer est faite pour le nageur, et le sable pour les pieds du coureur. Ils aimaient les arbres pour l'ombre qu'ils projettent, et la forêt pour son silence à midi. »

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« L e temps échappe à toute image »


Le film de Frank Smith — filmé par Arnold Pasquier — qui s'appelle Le Film de l'impossible est sublime. Il s'agit d'un remake du Camion, de Marguerite Duras, il fallait oser, il l'a osé ; il n'y a plus de camion (ou peut-être au très loin au début, me dit Arnold), il n'y a plus que le désert de sel de Gerry (de Gus Van Sant) et un poète qui dialogue avec lui-même par la disponibilité d'un ami qui lui renvoie la balle et qui dit des choses comme : « Le film de l'impossible n'existe pas. Ce qui existe réellement, c'est le film de l'impossible en train de se faire ». Ou encore : « Car on ne veut pas grand chose ? — Rien ». Ou encore : « Ecrire, filmer, c’est supprimer ». Et enfin (je crois que ce sont les derniers mots) : « Un monde devient image — on fait une image-monde ». Vincent me dit que ça a rapport aussi avec La Région centrale, le film de Michael Snow (de 1971) où une caméra avait été inventée pour filmer dans toutes les directions un paysage sans présence humaine. Tout ce qui fait rentrer le réel ou le monde dans le monde est beau. « Le cinéma admet enfin le désert au-devant de lui »

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