Saturday, February 10, 2018

L e Vide, l'illusion


« Et ceci d’autant plus qu’Hamlet lui-même, comme s’expriment métaphoriquement les auteurs, après tout est un personnage dont ce n’est pas simplement en raison de notre ignorance que nous ne connaissons pas les profondeurs. Effectivement c’est un personnage qui est composé de quelque chose qui est la place vide pour situer — car c’est là l’important — notre ignorance. Une ignorance située est autre chose que quelque chose de purement négatif. Cette ignorance située, après tout, n’est justement rien d’autre que cette présentification de l’inconscient.
Elle donne à Hamlet sa portée et sa force. »

« Ce sont là des opinions qu’on peut dire tout de même problématiques, je vous les énumère pour vous mener vers ce dont il s’agit. C’est l’opinion la plus nuancée qui est, je crois, ici, la plus juste : c’est, dans le rapport d’Hamlet à celui qui l’appréhende soit comme lecteur, soit comme spectateur, quelque chose qui est de l’ordre d’une illusion.
C’est autre chose que de dire qu’Hamlet c’est simplement « le vide ». Une illusion, ce n’est pas le vide.
Pour pouvoir produire sur la scène un effet fantomatique de l’ordre de ce que représenterait si vous voulez, mon petit miroir concave avec l’image réelle qui surgit et qui ne peut se voir que d’un certain angle et d’un certain point, il faut toute une machinerie.
Qu’Hamlet soit une illusion, l’organisation de l’illusion, voilà quelque chose qui n’est pas le même ordre d’illusion que si tout le monde rêve à propos du vide. Il est tout de même important de faire cette distinction. »

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P rofondeur


« ...le poète, le héros, et l’audience, sont profondément émus par des sentiments qui les touchent à leur insu. »

« ...la profondeur d’une pièce, d’une salle, d’une scène »

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F aites-le comme on le fait à l’école


Baudelaire fixé à sa mère après la mort de son père et séparé de sa mère par son beau-père. Raconter à Aidan et peut-être Aidan peut dire le poème :

Je n'ai pas oublié, voisine de la ville,
Notre blanche maison, petite mais tranquille ;
Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus
Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus,
Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe,
Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe,
Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux,
Contempler nos dîners longs et silencieux,
Répandant largement ses beaux reflets de cierge
Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.

« Et se passe cette longue scène qui est une espèce de sommet du théâtre, ce quelque chose à propos de quoi, la dernière fois, je vous disais que cette lecture est à la limite du supportable, où il va adjurer pathétiquement sa mère de prendre conscience du point où elle en est... je regrette de ne pas pouvoir lire toute cette scène, mais faites-le et comme on le fait à l’école, la plume à la main ...il lui explique :
— à quoi est-ce que cela ressemble, cette vie !
— Et puis tu n’es pas de la toute première jeunesse quand même, cela doit un peu se calmer chez toi !
Ce sont des choses de cet ordre-là qu’il lui dit dans cette langue admirable. Ce sont des choses qu’on ne croit pas pouvoir entendre d’une façon qui soit plus pénétrante et qui réponde mieux à ce qu’en effet Hamlet est parti comme un dard pour le dire à sa mère, à savoir des choses qui sont destinées à lui ouvrir le cœur, et qu’elle ressent comme telles. C’est-à-dire qu’elle-même lui dit : « Tu m’ouvres le cœur... » Elle gémit littéralement sous la pression. »

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L ’Hystérique


« Les uns disent qu’il ne le veut pas. Lui dit qu’il ne peut pas. Ce dont il s’agit c’est qu’il ne peut pas vouloir. » 

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L e Désir


« Que nous touchons quand même quelque chose d’essentiel, à savoir qu’il y a un rapport qui rend cet acte difficile, qui rend la tâche répugnante pour Hamlet, qui le met effectivement dans un caractère problématique vis à vis de sa propre action, et que ce soit son désir, qu’en quelque sorte ce soit le caractère impur de son désir qui joue le rôle essentiel, mais à l’insu d’Hamlet. Qu’en quelque sorte, c’est pour autant que son action n’est pas désintéressée, qu’elle est anciennement motivée, qu’Hamlet ne peut pas accomplir son acte, je crois qu’en gros c’est là quelque chose en effet que nous pouvons dire »


« Ce qui va suivre consiste à vous faire remarquer que ce à quoi Hamlet a affaire… et tout le temps, ce avec quoi Hamlet se collète, c’est un désir qui doit être regardé, considéré là où il est dans la pièce, c’est-à-dire très différent, bien loin du sien ...que c’est le désir non pas pour sa mère, mais le désir de sa mère. Il ne s’agit vraiment que de cela. »

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