Alors, Automne-Hiver a l’air de fonctionner comme titre, d’amuser les gens. (C’est la Fashion Week, à Paris…)
Voici une anecdote que j’ai souvent racontée, mais qui pourrait être recyclée ici :
Après la guerre, Coco Chanel s’enfuit en Suisse. Elle a fricoté, au Ritz, avec l’ennemi. Ahlàlà, elle est sauvée, dit-on, par Churchill. Elle a le temps de s’enfuir, elle se retrouve en Suisse. La Suisse sert à ça. Toujours est-il que le temps passe, les époques, curieusement, changent et, douze ans après, elle revient à Paris pour refaire de la couture. Quand ça se sait, c’était au printemps, la collection devant sortir à l’automne, les journalistes se précipitent et demandent : « Mademoiselle Chanel, comment sera votre prochaine collection ? » Elle leur aurait répondu (c’est fort probable) : « Comment voulez-vous que je le sache, je fais mes robes sur les mannequins. » Quand j’ai lu ça, je me souviens très bien où, dans un livre ouvert au hasard pour passer le temps, en attendant une actrice dans le théâtre fourni d’une bibliothèque, j’avais commencé depuis plusieurs années déjà à « faire », moi aussi, « mes » spectacles « sur » les interprètes. Et j’essayais, moi aussi, que ce soit de la haute couture, c’est-à-dire comme le dit Chanel, que ce soit à partir et ajusté à la personne. Ce n’est pas que Chanel ni moi n’avions pas d’« idées », nous en avions plein, n'est-ce pas, nous sommes des mémoires, des réservoirs d’idées — comme tout un chacun. La difficulté est de choisir laquelle sera la bonne. Les idées qui surgissent ne sont profondes ou vraies que si elles le font de manière involontaire, sinon il s’agit du blabla de l’actualité et du tout venant. Proust, n’est-ce pas — on s’en souvient —, insiste sur ça, c’est le message de la Recherche. Rien de conscient, rien d’intelligent, mais l’instinct (l’intelligence vient après), « à tout moment, l’artiste doit écouter son instinct, ce qui fait que l’art est ce qu’il y a de plus réel ». Cette apparition des décisions, lors de la création de robes, de spectacles, s’apparente au kairos grec : le bon moment, la circonstance juste, l’épiphanie, le saisissement de la jeunesse et de la beauté — par les cheveux, dit-on — très volatile et très passante. La possibilité d'une rencontre,
Yves-Noël Genod, 5 juillet 2018
Quant à la photo, je sèche, aidez-moi à trouver ce qui vous convient… On pourrait mettre une photo d’un astéroïde de Nicolas Moulin (j’ai adoré son expo), mais il faudrait demander à la galerie une bonne définition. Ou bien une photo d’un tableau de Bruno Perramant (mon idole). Ou une photo de moi, mais laquelle ? Je mets quelques exemples ci-dessous...