Friday, May 20, 2016

P ulsion de mort



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« La poésie est ce qu'il y a de plus intime dans tout. » 

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J ouer comme Gérard


Mon amie Kataline Patkaï, reconvertie en tenancière de bistrot en quartier chaud (pour l’instant, la pègre l’a prise sous son aile — ou bien le contraire), m’a demandé d’y donner quelque chose, dans ce lieu baptisé Pas si loin. C’est à Pantin, presque sous le périph’ (mais poser le vélib’ à la poste). Plutôt qu’une performance, j’ai proposé d’y ouvrir un cours. Une fois pas semaine, toute l’année. Puis on a pensé : pendant trois mois seulement, mais alors deux fois par semaine (et si l’expérience plaît, on renouvelle). Ce sera donc à partir de septembre, soit seulement les lundi, soit les lundi et mardi. En fin d’après-midi. L’idée est de suivre la lumière naturelle. Art de la décroissance. 18h en été, 14h en hiver. Pour toujours jouer dans la lumière vibrante d'un entre-deux, l’entre-deux du réel et de l’imaginaire. Les grandes baies vitrées du café n’ouvrent sur rien, un terrain vague. Marguerite Duras est là. Pina Bausch aussi. Barbara. Voilà le féminin de mon enfance. Et pour continuer le féminin, j’intitule le projet : Jouer comme Gérard (c’est-à-dire de par Dieu). Deux cours sont proposés les 6 et 7 juin prochains de 18h à 21h en guise de préfiguration. Une sorte de pilote, si vous voulez. Episode zéro. Ce qu’on cherche dans un cours, c’est une famille. Un cercle. Le cours est ouvert à tous les corps de métier — souvent les danseuses jouent mieux que les acteurs et vice versa lycée de Versailles —, il faut venir avec tout le matériel de jeu (des scènes donc) qu’on peut avoir déjà prêt, fiction et réel. Des pages et des pages. Rien. Si possible vêtements, beauté, intelligence. L’instinct, la connaissance instinctive de ce que c’est que jouer et le naturel que cela implique (les enfants, les Africains l’ont — ou Gérard). Ambition. Le cours ne coûte que cinq euros et il est demandé une adhésion à l’année (cinq euros également), autrement dit : dix euros le premier cours, cinq euros ensuite. C’est au 1, rue Berthier, à Pantin. Plus de renseignements : ledispariteur@gmail.com
« Dix mille choses se font entendre, 
dans le grand espace toujours muet.
Le son apparaît au cœur du silence, 
et au cœur du silence il disparaît. »

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Une pièce que j’ai trouvée extraordinaire hier soir au théâtre Antoine mise en scène par Michel Fau qui gentiment m’avait mis deux places (ce qui fait que je vous conseille qqch dont je ne connais pas le prix). C’est une pièce d’André Roussin, de 1963. C’est absolument bien représenté, on entend chaque chose, chaque mot est à sa place, il n’y a aucune faiblesse, mécanique du plaisir, réussite qui vient d’abord, une fois encore, de l’art du casting que réussit si bien Michel Fau (il est le metteur en scène, parmi ceux que je connais, qui aime le mieux les comédiens). Il propose à des personnes, des personnes qu’il connaît, je ne sais pas comment, d’être absolument juste en scène. Il joue lui-même dans la pièce, ça doit aider aussi. Il a un secret, je l’ai vu un peu hier (en partie). Je crois qu’il ne croit pas à ce qu’il dit, ce qui, finalement, est assez proche de la vie. Dans la vie, réfléchissez, on ne croit pas non plus à ce qu’on dit. Dans la vie. Cela lui donne une profondeur, un porte-à-faux remarquable, ça ouvre sur une résonance qui est vraie. (C’est mal dit comme toujours quand on parle du théâtre.) J’étais avec Manuel Vallade (subliment beau, je dois dire), lui aussi a beaucoup aimé. La pièce est très intelligente, très belle, elle est durassienne (figurez-vous), elle s’appelle Un amour qui ne finit pas. J’ai écrit qqch sur la droite pendant la pièce, je retrouve mes notes… ah, oui… bien sûr, c’est « vieux théâtre », bien sûr, c’est de droite, mais c’est excellent, et, de toute manière, la gauche, en ce moment, elle a pas trop à la ramener, hein ? Le pauvre Delanoë nous a légué le caca d’oie des Halles, on peut préférer l’éternité du Centre Georges Pompidou. Un quart d’heure après le début de la pièce, un personnage dit à l’autre : « Songez qu’il y a un quart d’heure, vous étiez pour moi un inconnu ». Le temps est redit plusieurs fois au cours de la pièce. Par exemple, un autre personnage dit à un moment : « Je suis entré dans cette pièce depuis seulement dix minutes… » Une autre mise en abîme : « …je trouve que ça ferait vieux théâtre… — Ah, le théâtre n’a rien à voir là-dedans ! » Françoise Sagan qui était très contre la décentralisation pensait que le théâtre, ça devait être ça, une chose poussiéreuse, des marionnettes, maison de poupée, que c’était ça, son charme inaliénable, une mécanique bien huilée, un miroir de la bourgeoisie. Oui, et quand c’est Michel Fau qui ordonne ça, il faut en profiter ! De toute façon, maintenant, nous le savons : rien n’est pire que la gauche. Une bouffée d’oxygène dans la Hollandie. Encore une citation : « Il faut croire que c’est la solution… — De rire ? — Oui ». Vrai théâtre secret, vif, cosuet (désuet et cosy), anti-gauche et parisien !

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