Résumé (Michel Cassé)
Au « commencement » (entre guillemet), est quelque chose d’ailleurs qui est sans commencement, qu’on appelle le vide. Et ce vide induit dans une région minuscule de l’espace qui n’existe pas encore – crée l’espace. Cet espace entre en expansion et le vide à l’intérieur de cet espace, d’une certaine manière, se sacrifie et devient de la lumière. Le vide, c’est un état d’énergie, le vide, ça n’est pas un être, c’est un état. Donc cet état laisse sa place à la lumière. La lumière donne naissance à la matière et l’antimatière, l’antimatière étant le double antagoniste et mortel de la matière. Parce que le signe de la lumière, c’est zéro, mais, zéro, c’est la somme de plus et de moins. Plus, c’est la matière, moins, c’est l’antimatière. Donc les êtres sont nés doubles. Comme dans le Banquet de Platon. Aristophane explique que les êtres sont nés avec deux polarités et qu’ils étaient si parfaits que Zeus a demandé à Arès, le dieu de la guerre, de les couper en deux et ils n’avaient de cesse de se réunir et on appelle cela la théorie de l’amour. Eh bien, dans l’univers, c’est exactement la même chose. Matière et antimatière s’attirent et s’annihilent. Mais une petite dissymétrie fondamentale fait qu’il y avait pour un milliard et une particules de matière « seulement » (entre guillemet) un milliard de particules d’antimatière. L’annihilation amoureuse a laissé subsister le milliardième des possibilités universelles, c’est-à-dire du vide primordial. Si démiurge il y a, on ne peut pas dire qu’il soit économe, voyez. Nous sommes le milliardième des potentialités universelles. Mais une fois que la matière jaillit, d’une certaine façon, la matière élémentaire faite de quarks, cette matière constitue des protons et des neutrons qui s’assemblent dans le feu des étoiles pour créer tous les éléments de la nature, c’est-à-dire les différentes catégories d’atomes : hydrogène, hélium, lythium, carbone, azote oxygène, néon, magnésium, silicium, soufre, argon, calcium, etc. Ainsi que l’or. L’or vient des étoiles. Des étoiles font de l’or. D’autres étoiles font du fer, par exemple. Tous les éléments dont nous sommes composés viennent des étoiles. Nous sommes cendre et poussière, peut-être, mais cendre et poussière d’étoile. Y a de quoi relever la tête. Mais le vide revient. Nous avons, à notre grande surprise, réalisé que l’expansion de l’univers s’accélérait, en 1998, voyez comme c’est récent. Eh bien, ça veut dire que le vide revient. Le vide était au début, mais le vide sera à la fin. Donc la Genèse physique est la suivante : vide, lumière, matière et vide. Mais ceci est vrai pour un univers. Il n’y a aucune raison de supposer que l’univers est unique, justement parce que la physique est quantique et un est trop précis pour être quantique. On est amené à penser que la création n’est pas unique. Enfin, que ce qu’on appelait le Big Bang ne serait être unique dans la mesure où justement la physique quantique qui semble être maîtresse de l’univers entier, de cet univers-là, en faisant l’hypothèse qu’elle s’applique partout en tout temps ailleurs, ce qui me semble relativement légitime, mais indémontrable, en faisant cette hypothèse, on est amené à récuser l’unicité de l’univers. C’est une grande nouvelle parce que la tolérance s’étend. L’altérité s’étend à d’autres univers. Il y a d’autres planètes, on en est sûr, nous avons franchi une nouvelle étape dans le renoncement à notre centralité – le centralisme du monde – qui consiste à dire : nous ne sommes au centre de rien. La terre n’est pas au centre du système solaire, nous le savons bien. Et pourtant nous continuons à dire que le soleil se lève, ce qui est une aberration. Le soleil n’est pas au centre de la république des soleils qu’on appelle la Voie lactée, il est sur un bord. La Voie lactée, la galaxie n’est pas au centre de l’univers puisque l’univers n’a ni centre ni bord. La gravité que l’on croyait absolument attractive se voit compenser par ce que je viens de dire, par le vide quantique qui a une vertu répulsive. Ou, peut-être, de manière plus caressante, qui est la force de l’envol. On connaissait la force de la chute, la gravitation, nous avons découvert qu’il existe un élément dans le monde qui au contraire entraîne une diaspora, un écartement et celui-ci s’appelle le vide quantique. Donc il existe une force de l’envol. Notre matière, celle des étoiles et de chacun de vous et des galaxies ne constitue que cinq pour cent de l’énergie de l’univers. Tout le reste est appelé matière noire ou énergie noire. Donc nous ne sommes que l’écume de la matière. Ensuite, nous pensions que le monde était fait de trois dimensions. Nous arrivons à penser que la dimension réelle du monde, c’est dix. Et, finalement, nous étions absolument convaincu que l’univers était unique, eh bien, non. Nous avons tendance à remplacer la notion d’univers par celle de « plurivers ». La science est une longue lutte contre l’anthropocentrisme et l’anthropomorphisme. Certains considèrent ça comme une blessure narcissique. C’est l’inverse que je ressens, c’est l’ouverture de la cage aux oiseaux, évidemment, parce que l’imaginaire gagne. Calculer à dix dimensions, c’est un vrai délice.
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