A propos du Peter Brook

L’espace est si pur, « a dwarf in infinity », « beyond the everyday world », « an unspeakable crime », tellement vaste, l’espace, ce qui fait que les acteurs ne sont rien, mais pris dans le pays terrestre.

Les hommes sont capables du mal et d’accepter le mal comme une injustice ou une justice.

C’est incroyablement vaste.

Du coup, on n’est pas au théâtre.

Les relations humaines ne sont pas à l’intérieur, mais entre et partout, pas dans la prison de Fer Noir, mais partout, dans la forêt aussi bien.

Bien sûr, ce sont des acteurs, mais ce sont surtout des êtres humains. On peut les voir. Pas les imaginer, les voir. Car tout ceci est vrai, l’imagination, le réel, tout ceci est vrai. Il y a des bouts de branches, des bouts de pailles, des bouts de pain. « Plein de mérites, mais en poète / l’homme habite sur cette terre ». Il ne ressent pas la punition. Aussi beau que Depardieu chante Barbara. Rien n’est fake. En ces temps de déploiements (commencés et encore à venir) des fake News, du déploiement des fake News qui vont recouvrir la terre, ici, rien n’est fake. L’attention est si faible. Ce spectacle dure très peu de temps, mais il est si dense et l’attention est si faible (et deviendra plus faible encore) et, moi, je me prépare à faire un spectacle de quatre-cinq heures, mais pourtant l’attention est si faible à l’essentiel, mais peut-être ça a toujours été, Blaise Pascal le disait, l’homme ne se supporte pas, sa beauté, sa grâce, sa mortalité. Il est de passage. Il ne se supporte pas. Il parle anglais. Ça vaut mieux. 

C’est le plus beau Brook que j’ai jamais vu et ils sont chaque fois sublimes.

« We wan’t to possess, but we possess nothing. »

L a Ménagère

Très heureux d’approcher mon poète préféré, Stéphane Bouquet (« l’absente de tout bouquet »), même s’il me suggère des choses que je ne comprends pas tout à fait. En tout cas, il m’a trouvé un titre : La Ménagère du texte (ou peut-être que je l’ai trouvé dans ce qu’il me racontait). C’est à la Ménagerie de verre — la ménagère, la ménagerie — , mardi, mercredi, jeudi à 20h30. C’est le (premier) Salon International de la Mise en scène. C’est organisé par Robert Cantarella et Stéphane Bouquet en est l’un des curateurs (le deuxième est Philippe Gladieux). On est dans des stands, il y en a huit, sur une moquette violette, et on discute avec les passants de projets futurs et fantastiques, enfin, les plus fantastiques possibles pour intéresser. J’ai une invitation par soir et autant de détaxes à 10€. 

D'après Bruno Perramant

L a Scie à main

« I am but mad north-north-west ; when the wind is southerly, I know a hawk from a handsaw. »  

« Je ne suis fou que par vent de nord-nord-ouest ; par vent du sud, je sais reconnaître un faucon d’un héron. »

« The imagery involves bad weather and hunting birds. Beyond the chaos, Hamlet is saying that he knows a hunting hawk from a hunted « handsaw » or heron. Hamlet means that he is able to distinguish his ennemies and friends. »

(« Handsaw is probably a corruption of dialect heronshaw, heron »)

« Plus on va vers le futur, plus on va vers le passé. » 

R eymond / Tintoret

Adam et Eve, du Tintoret (en ce moment au musée du Luxembourg) : Adam, de dos, est bronzé à la nuque, il a donc enlevé sa chemise pour poser, c’est très étrange, on ne sait pas pourquoi Tintoret a laissé ça, ce sont comme des acteurs qui se sont déshabillés, du coup, Adam et Eve… 

Revois ton texte, Fabrice, j’ai corrigé les millions de fautes d’orthographe (par mot) (il doit en rester pas mal) et la ponctuation pour y comprendre qqch. La citation-lieu commun, c’est de qui ? René Girard ?

Genèse

Dans une sorte de Pentecôte peut-être pourrions-nous essayer de parler toutes les langues, toutes celles que l'histoire des idées a pu nous donner. Le verbe créateur ressemble bien sûr à l'ADN, le pêché originel à l'apparition de la conscience. Abel tue Cain parce que « toute société est basée sur un meurtre commis en commun », et Eve, Eve qui rêve de son mari et de son amant, Eve qui cherche le détail qui la sépare du paradis, de ce monde qui continue à côté de nous, qui nous accompagne. La sainteté est le nom de cette porte que l'amour ouvre sur le jardin d'Eden, le premier enclos des nomades, la back door de l'humanité. La sainteté est le jumeau qu'on tient par la main dans l'autre monde, comme dans cette photo où Alighiero Boetti s'invente un frère. 

Le critère de validation des théories générales de la physique est leur capacité à remonter à l'instant T du Big Bang, à l'apparition de la tête d’épingle ; après, on sait tout de son expansion jusqu'à la forme actuelle de l'univers. La théorie des Cordes disperse le début dans la durée ; il y a un Big Bang à chaque fois que des membranes du multivers se touchent. Notre vie est une anabase, l'origine est notre avenir. Tout arrive en même temps, Proust petit enfant est déjà dans son lit de mort à écrire l'œuvre de sa vie. Eve a tous ses âges, elle est au paradis dans le monde, et, déjà dans le monde, au paradis ; le serpent est un viatique ; l'autre monde des amants ; il y a des interférences sur la ligne ; les images sautent. Le monde est instable. Nous sommes un caillou dans la chaussure de notre mémoire qui nous rappelle parfois l'infini dont nous venons. 

Fabrice Reymond

F lorence

Moi aussi, comme tu sais, j’ai adoré travailler avec toi ! J’espère que ça nous arrivera encore ! Je pense souvent aux merveilles que tu m’as laissées en mémoire. Très près du cœur, la mémoire. 

T’embrasse, 

Yvno

J e n’aime Christine Angot qu’à la télé

Eh bien, moi, je n’aime pas trop-trop Christine Angot. J’ai arrêté de la lire, il y a déjà quelques années, un roman qui m’avait ennuyé (mais un roman dont je me souviens, cela dit). Alors, j’ai sans doute loupé beaucoup. C’est pas grave, ça reste. Son omniprésence médiatique, non plus, je n’aime pas trop. Mais, là, chez Ruquier (l’émission s’appelle On n’est pas couché, je crois), je la trouve remarquable, comment dire ? au cœur du sujet. Sa présence m’étonne beaucoup et, en fait, me ravit tout à fait. Elle fait de la télé, c’est-à-dire, comme elle l’a dit — mais elle le fait —, elle essaye de parler dans un endroit où normalement il n’y a pas de parole possible. Souvenez-vous, il y a quelque temps, dans cette même émission, on avait Eric Zemmour. Là, Christine Angot. Eh bien, c’est vraiment autre chose. Elle ne tiendra peut-être pas longtemps, mais ça fait un printemps. En fait, on lui laisse la parole. Toujours aimé cette émission...

J’ai lu dans « Le Figaro », je ne sais pas si ce n’est pas exagéré, qu’il y avait une pétition réunissant 20 000 personnes pour demander son éviction suite aux propos — qui sont ceux qui ont le plus scandalisé — où elle disait qu’être artiste, c’est, au fond, toujours un plan B. Il y a donc 20 000 personnes, sans doute des artistes pour qu’ils se sentent concernés, qui pensent que leur passion, leur métier, leur vie… est un plan A. Eh bien, bravo ! Ils le pensent même tellement qu’ils ne supportent pas que quelqu’un disent le contraire.

« Au bout du compte, c’est l’omniprésence de la nouvelle police qui achève de la rendre imperceptible. » 

Salut Yves-Noël, est-ce que ça t'intéresserait de faire partie de notre jury pour les auditions de la nouvelle promo de l'école du TNB ?.. Les 14, 15, 16 mai à Rennes. Dis-moi. On peut s'en parler. A

Ça m'aurait énormément intéressé. Mais je répète La Recherche à ces dates-là (que je joue le 17), à Orléans, Yvno

A u cours

« Acceptez la gravité, rendez vos pieds lourds. Et rendez la tête légère. »

C haque spectacle s’autodétruit

« Peter Brook pense aussi que chaque spectacle s’autodétruit en même temps qu’il se joue, dès la première représentation, qui porte en elle le risque de sa propre sclérose. »

« Le génie de la mise en scène est de rendre possible une indistinction entre ce qu’on voit et ce qu’on imagine. »

« Peter Brook, qui fit sa première mise en scène de Hamlet dans son théâtre de marionnettes lorsqu’il avait dix ans, ne sait toujours pas pourquoi il est devenu metteur en scène. »

« I live not in myself, but I become 

Portion of that around me. »

D isparaître chaque soir

« Peter Brook est bien le premier à concevoir le théâtre comme un art éphémère qui n’existe que grâce « aux intensités de la concentration commune du public pendant la représentation » et disparaît chaque soir. »

Titre : 

A Dwarf In Infinity

Titre : 

Qui doit protéger un plasticien contre les emportements de rue… ?

D eux images mises en rapport par Isabelle

Première photo de Vivianne Perelmuter : Aidan Amore dans Hamlet Unlimited

T he Medium

« I always think of myself not so much as a painter but as a medium for accident and chance. »

F raîche date

« L’adolescence est une catégorie créée de fraîche date par les exigences de la consommation de masse. » 

U ne phrase tirée d'Hamlet Ulimited

Photo de Vivianne Perelmuter