Saturday, January 19, 2013


Nuit de neige, c’est difficile de penser tout ça. Tout ça. Le plein de la vie enneigée. Je suis allé voir le spectacle de Joël Pommerat, 



L’Amour ne suffit pas

Splendide spectacle de Joël Pommerat aux Ateliers Berthier, un spectacle sur la folie, sur l’« amour », comme dirait Marguerite Duras (« L’amour, c’est pas toujours agréable. »), un spectacle dont je pourrais dire le plus grand bien, mais que je résumerai en disant, curieusement, qu’il me laisse indifférent. Pourtant j’ai beaucoup rit. On rit beaucoup, beaucoup plus que dans d’autres spectacles de Joël Pommerat, il me semble, et c’est merveilleux. L’indifférence, je crois, est le thème du spectacle. Beaucoup plus que l’amour. D’ailleurs, ce serait la même chose que je ne serais pas surpris. Quelqu’un dit (réplique culte) : « Ce que les gens appellent l’amour, c’est comme l’alcool ou la drogue — et je suis bien placé pour en parler. » On est au cœur de la folie, de toute façon. Qui nous ressemble — tout nous ressemble (phrase interrompue). Tout est splendide et pourtant rien n’est beau (sauf à la toute fin une cigarette in the dark, mais c’est parce que c’est la fin, sans doute). Tout est vivant et pourtant rien ne l’est. Tout est réaliste et pourtant rien ne l’est. Ça joue sur le climat, le climat d’indifférence, les abimes d’indifférence et, bien sûr, ça entraîne le spectateur avec soi. C’est tout l’art, ça entraîne le spectateur dans la nausée, la folie. L’angoisse. Le mal-être. Et si c’était soi. Et si nous appartenions vraiment à cette espèce d’insectes effrayants-là.  Pascal disait que l’homme est si naturellement fou que c’est l’être encore que de ne pas l’être (paraphrase). Nathalie Sarraute à laquelle j’ai beaucoup pensé pendant la représentation citait cette phrase (et Claude Régy me la répétait). L’indifférence, c’est drôle de ressentir ça, mais je crois que c’est ce dont parle la pièce. « L’amour ne suffit pas. » Joël Pommerat est donc un immense artiste puisqu’il arrive à nous faire ressentir ce dont il parle. Joël Pommerat dit  : « Il n’y a pas de vide à l’intérieur de l’humain, il n’y a pas de vide à l’intérieur de la culture humaine. » Ce serait, pour moi, une définition assez exacte de la folie.

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Contre l’yver



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