M uré dans son public
On est allé voir Rufus Wainwright avec une amie. Quel être misérable ! Toute la soirée était finalement sympathique, mais, lui, quelle pitié, pas de puissance divine, complètement dépourvu de puissance divine, un artiste pour rien. J’avais peur de lui ressembler. Dominique m’a rassuré (mais c’était facile). Je lui ai dit que je préfèrerais ressembler à Gérard Depardieu ou à Nick Cave ou à Leonard Cohen que nous avions vus ensemble. Je ne sais pas pour moi, mais Rufus Wainwright est tout le contraire de ces géants. Je l’avais vu il y a très longtemps, il était jeune, c’était au New Morning, je crois, il se plaignait, il n’avait pas d’amant, il n’y avait pas assez de monde, la tournée avait été mal faite, il en avait marre des hôtels et, là, pareil, le théâtre est désuet (les Bouffes !), il y a des souris dans la loge, il est vieux, il est pédé. Ce que l’on comprend, c’est qu’il traîne une existence lamentable. Doit être déprimé. Mais il a un public.
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