P rojet pour l'Adami (note d'intention Lyon 4)
Si c’est beau, on s’en
tiendra là
THÉÂTRE DU POINT DU JOUR –
LYON
Association LE DISPARITEUR –
direction artistique YVES-NOËL GENOD
Tout le travail d’Yves-Noël
Genod est d’ordre poétique. Il compose des œuvres de l’instant, cousues sur la
personne comme la haute couture. Son travail est accueilli par la danse, ce qui le réjouit ! Mais il le
situe entre la danse et le théâtre. On a pu dire : « théâtre
chorégraphié ». Invité par Gwenaël Morin après qu’il ait vu son spectacle 1er
Avril (aux Bouffes du Nord, à Paris,
avril 2014), à occuper le théâtre du Point du Jour à partir de la mi-août
et jusqu'à fin décembre, sur le principe du « théâtre permanent »,
Yves-Noël Genod présentera pour la première fois son travail à Lyon.
Yves-Noël Genod a choisi de
ne proposer, pendant cette période de quatre mois, qu’un seul spectacle au long
cours (comme les voyages), d’une durée probable d’une douzaine d’heures et représenté en sept épisodes — ou sept « tableaux » — et un épilogue. Il
s’agira d’une « histoire » où des « personnages »
rencontreront des « icônes » (Carmen, Andromaque, Hamlet, Orphée
et Eurydice, César et Cléopatre, etc.) ou des
poèmes (Baudelaire, Tchekhov, Liszt, Dostoïevski, etc.) L’histoire d’une saison où l'on
verra donc des personnages s'aimer, se détester, s'entredéchirer, disparaître,
revenir, être avalés par la nuit, par le temps, les décors changer, les espaces
se dénaturer, le temps s'inverser, la lumière du jour combattre avec la lumière
de la nuit qui est celle de notre nuit intérieure : bref, une saga (comme à la télé).
Ce spectacle sera déployé à
partir du 22 septembre, à raison d’un tableau toutes les deux semaines. Chaque élément de l’ensemble sera représenté cinq fois, du mardi au
samedi.
Semaine du 22
au 26 septembre, N°1
Semaine du 6 au
10 octobre, N°2
Semaine du 20
au 24 octobre, N°3
Semaine du 3 au
7 novembre, N°4
Semaine du 17
au 21 novembre, N°5
Semaine du 1er
au 5 décembre, N°6
Semaine du 15
au 19 décembre, N°7
Semaine du 29
au 31 décembre, Epilogue
Chaque tableau sera répété
durant les deux semaines qui précèdent la première, uniquement les matinées et
après-midi durant la semaine de l’épisode précédant puis toute la semaine de
relâche.
Le travail au théâtre du
Point du Jour s’ouvrira par quatre semaines de répétition in situ (du 17 août
au 13 septembre) durant lesquelles la trame narrative du spectacle et les
enjeux de chaque tableau seront précisés.
Sur l’ensemble de la durée du
projet, douze semaines sont consacrées uniquement aux répétitions et sept pour
moitié aux répétitions et pour moitié aux représentations.
Dans les spectacles
d’Yves-Noel Genod tout le monde est « interprète » (interprète : merveilleuse faculté de donner ce qu’on ne
possède pas), logés à même enseigne. Se côtoieront ainsi, sur le plateau,
durant les répétitions et les représentations, des danseurs, des comédiens, des
circassiens, des créateurs lumière, des artistes du son, des artistes lyriques,
des musiciens, des scénographes…
(Notez qu’ici les artistes
lyriques et musiciens ont été retirés de la liste des artistes que nous vous
demandons d’aider car ils feront l’objet d’une demande spécifique à la
Spedidam.)
Son travail reposant sur la
spontanéité et l’interaction, Yves-Noël Genod cherche à minimiser ses idées et
à ne pas — autant que faire se peut — figer trop vite ses distributions. Il
a donc convié des interprètes, dont une partie figure dans la liste associée à
ce dossier, à venir travailler pour des périodes plus ou moins longues à la
réalisation de cette œuvre en épisodes. Pour chaque tableau, un artiste «
central » (au sens de l’inspiration), ayant travaillé en amont une matière spécifique — ou deux ou trois artistes — suffisent souvent à donner
l’envoi de la composition chorale ; l’ensemble des autres interprètes trouvant
leur place au fur et à mesure. (Se référer au texte d’Isabelle Barbéris (que
nous joignons) pour comprendre ce phénomène et l’importance accordée à la
« distribution ».)
Yves-Noël Genod a bien sûr
fait appel à des artistes fidèles à ses créations mais souhaite rencontrer
dans le travail de nouvelles personnes. Rejoignent ainsi des interprètes rencontrés dans le cadre des nombreux stages professionnels
qu’il propose chaque année ou issus des rencontres lyonnaises mises en place au
printemps à partir des différents lieux d’enseignement artistique de Lyon
(Ensatt, conservatoires, etc.)
Cette implantation prolongée
à Lyon devrait apporter une visibilité nouvelle au travail de l’association connu
principalement à Paris. Ce projet a d’ores et déjà éveillé la curiosité de
plusieurs programmateurs connaissant le travail d’Yves-Noël Genod. Un travail
de diffusion sera entrepris durant tout l’automne pour en convier de nouveaux à
Lyon.
A ce jour, le budget a été
construit fixant la rémunération des interprètes sur le minimum de la
convention collective Syndeac, engagement minimum que nous avons pris avec les
interprètes. En sollicitant l’aide de l’Adami nous espérons pouvoir faire
augmenter cette rémunération.
En ce sens nous avons préféré
déposer, pour ce dossier, des durées minimales d’embauches (qui dans la majorité des cas seront
étendues) car la construction d’un tel projet est très complexe et en cours d’élaboration (et pour ne pas se retrouver, d’avance, en
porte-à-faux financièrement).
Nous avons donc choisi parmi
une trentaine de personnes qui vont participer à ce projet, douze d’entre elles
qui vont y participer sur des durées plus longues (douze comme les douze
apôtres). C’est pour elles que nous demandons à l’Adami son aide. (Les autres,
mis à part les chanteurs et les musiciens pour lesquels nous nous adressons à la Spedidam, seront malheureusement engagés —
faute d’un budget de production assez conséquent — sur des durées plus courtes
et donc en deçà de vos possibilités de soutien).
(Propos rassemblés par Clément Séguier-Faucher, pour
l’association Le Dispariteur.)
Matière de théâtre
Le projet ? La naissance du
théâtre, quoi d’autre ? Je ne sais pas, on devait en parler avec Gwenaël Morin
parce qu’il m’a dit, je l'ai noté : « On se rend contemporain de ce qu’on ne
peut pas avoir vécu, de l’origine du monde : au théâtre, on arrive à être
contemporain de notre propre origine, en fait. » L’origine du « théâtre du
monde » (comme appelait Marie Stuart le réel), pour moi, c’est la lumière, dont s'approche la danse et la musique plus que le « verbe ». Tous mes spectacles,
fabriqués à partir du noir total de la « boîte noire », sont
sous-titrés « son et lumière ». J’en ai même réalisé quelques-uns
sans interprètes aucun, mais tous, peuplés ou très peuplés comme ici, parlent
de la « présence ». Plutarque le remarque : « L’homme est
l’ombre d’un songe ». Une histoire de lumière, toujours. J’aimerais dégager au
Point du Jour une luminosité d’automne, une saison en forêt. Je voudrais, s’il y
a textes — je ne me l’interdis pas
— qu’on les entende seulement comme des
danses, des incarnations, des chaleurs, surtout comme l’avènement d’un état lumineux, l’état de
l’apparition, la lucidité de la présence.
Yves-Noël Genod
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