V oyage intérieur
Travailler Phèdre, c’est comme prendre cette drogue, cette plante, l’ayahuasca, la liane des esprits, la liane des morts, la liane des âmes, la liane amère, la corde des cadavres, je ne l’ai jamais prise, mais on me l’a raconté : ça lave, ça fait vomir, provoque au dehors des hallucinations et, au dedans, peut-être, le vide intersidéral : êtes-vous vivant ou mort ? On en revient purifié. C’est certainement une catharsis. Je ne suis pas sûr que l’effet produit de l’empoisonnement intense et purifiant de Phèdre soit aussi fort à l’entendre, mais il est vrai que les physiologistes assurent que chaque parole que l’on écoute est en même temps mimée discrètement par le larynx au fond de la gorge, que ce phénomène d’empathie est peut-être même nécessaire pour que la parole soit entendue. « Lire et écrire, c’est la même chose », disait Marguerite Duras. Ecouter, ce serait aussi s’empoisonner, peut-être à moindre échelle, en homéopathie, juste pour un soir, prendre un peu de cette drogue épouvantable à purger les cadavres...
La création à l’Arsenic de Phèdre est doublée par la reprise de Rester vivant, le spectacle à partir des Fleurs du mal de Baudelaire représenté, lui, entièrement dans le noir total. Les spectacles peuvent se « pratiquer » séparément ou dans la même soirée, à 19h et/ou 21h30
Du 1er au 4 novembre, à l’Arsenic, à Lausanne
Avant-premières pour Phèdre : le 29 à 19h, le 30 à 21h30, le 31 à 19h
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