Monday, October 03, 2016

P romenade du marais



M onday or Tuesday, souvenirs du cours dans le verre ou dans la pierre


Une femme dont je connais le nom, Stéphanie Lupo joue Lalla une poétesse indienne du quatorzième siècle, mais on a l’impression que c’est d’hier et même de demain — et, quand c’est bien, c’est « ici et maintenant » — qui désire la fusion avec le monde. Ça tombe bien, c’est ce que nous cherchons aussi, ce que nous désirons plus que tout, ce « sentiment » de quelque chose qui ne se laisse pas enfermer. Une femme dont je ne connais encore que le prénom, Juliette (après l’avoir successivement appelée Delphine et Louise) a un rapport très juste avec l’écriture d’Annie Ernaux qui, du coup, apparaît somptueuse. Il faut qu’elle gagne en confiance, elle, dans sa présence à elle, Juliette, indépendante de celle d’Annie Ernaux. C’est difficile, c’est vrai, parce que si on se laisse vivre, on peut tomber malade d’une écriture ou d’une présence, ça m’est arrivé avec Baudelaire et j’ai peur que ça m’arrive encore avec Proust. Mais ne pas se laisser vivre, n’est-ce pas, c’est impossible, c’est faux, il faut que Juliette n’ait pas peur et accepte sa pleine santé, y compris celle de tomber malade, ça, Lalla le dit aussi, au quatorzième siècle, elle s’en fiche si c’est souffrance ou joie, ce qu’elle veut, ce qu’elle exige du monde, ce qu’elle supplie le monde ou l’engueule, le monde, c’est la fusion, qu’il la prenne dans son feu, dans son eau, qu’elle soit le monde, elle, misérable, aussi bien que le monde serait elle. Il faudra que je demande à Judith Chemla comment elle fait pour ne pas tomber malade. Judith Chemla, elle a ce savoir inouï, cette splendeur : comment être légère, comment vivre légère, comment être une bulle, une bulle de la taille d'au moins un théâtre, avec tous les gens dedans, tous les cœurs, même les gens malades, névrosés, les cœurs qui n’en forment qu’un. Une femme qui s’appelle Céline, mais que j’ai d’abord appelée Cécile travaille le commencement du roman d’Aragon Théâtre/Roman, elle dit qu’elle ne comprend rien à ce que je dis, mais, quand elle accepte ça, ne rien comprendre à ce que je lui demande, c’est très beau, très présent, l’écriture, là encore, comme une splendeur, mais dès qu’elle revient de l’immensité de cet espace, de cette réalité, de cette caverne qui est aussi « la masse noire de l’écriture » (disait Duras), dès qu’elle se met à « jouer » les idées qu’elle aurait sur ce texte, c’est foutu. J’ai bon espoir car la différence est très claire, très évidente, sans doute va-t-elle, elle aussi, la ressentir. Il y a une femme qui s’appelle Anaïs, ça y est, je crois que c’est fixé pour moi, qui joue un poème qu’elle a trouvé, qu’elle était venu pour m’offrir le premier jour de classe, mais j’ai préféré qu’elle le joue, ce poème sublime de Virginia Woolf qui s’appelle Monday or Tuesday. Elle le dit en anglais et en français, c’est (déjà) très beau ; là aussi, une plus grande confiance dans l’espace, de se baigner dans l’espace, d’occuper toute la place du monde que le monde daigne te donner, mais le monde est généreux, même aux miséreux, surtout, peut-être, aux miséreux, ils dorment dans la rue, ils n’ont plus que le monde avec eux, c’est eux qui sont le monde, la force du monde, ils font du camping avenue de Flandre et ils se font rafler encore ce matin comme des canailles par les sbires de la police dévoyée, la démocratie dévoyée, la politique dévoyée, la « gauche con » comme dit mon père (en un mot) à laquelle on souhaite la mort et la blessure, elle aura fait trop de mal, alors, maintenant, tu vas crever !

Doit-on faire la morale aux hommes politiques ? J’aurais pu, j’entrai à la corbeille en même temps que lui, lui susurrer à l’oreille, à Bernard Cazeneuve : « C’est dégueulasse, ce que vous faites… » Et Audrey Azoulay lui dire : « Vous n’auriez pas dû vous excuser auprès de Kim Kardashian… » Dire à Stéphane Le Foll : « Oui, votre réponse à « nos ancêtres les Gaulois » est brillante et on vous a admiré autant que vous vous admiriez vous même, mais sur la déchéance de nationalité, vous étiez nettement plus obtus, autiste et c’est ce qui restera. »

Les cours du 10 et 11 auront lieu de 16h45 à 19h45.

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P rotection



B ritten et Britney


J’ai vu Thomas Jolly à la télé clamer qu’il venait « d’une génération qui met dans le même panier Britten et Britney », il m’a fait pitié. Tu n’es d’aucune génération, Thomas, tu es juste une FOLLE ! Enfin, c’est comme Trump, s’il n’y était pas — j'y pense parce qu'il avait l'air d'avoir pris de la coke comme lui —, s'il n'y était pas, il y en aurait un autre — pire. Moi, si je disais : « Ben ouais, mais c’est aussi mes questionnements de jeune homme, de jeune citoyen… » , ce serait drôle, mais, là… Courage, fuyons ! Je sais bien qu’il donne du travail à tout le monde et qu’il faut bien vivre… Passer à la télé, Thomas Jolly prouve que c’est assumer sa vulgarité. Heureusement, Vincent Dedienne révèle tout le contraire. Sa chronique sur la Manif pour tous, par exemple, c'est une merveille de la dentelle

P ablo


Paris regorge de spectacles, déborde de spectacles tous plus beaux les uns que les autres, l’embarras du choix, certains qu’on voudrait voir tous les jours, le festival d’Automne, la Nuit Blanche, imaginez qu’on a joué du Philip Glass gratuitement de 19h à 7h du matin dans l’immense salle de la philharmonie, etc., des spectacles happy few extraordinaires, des surprises, je les loupe tous, ils sont quand même très chers si on n’est pas invité, néanmoins j’en ai vu un sublime, que tout le monde a déjà vu, Antoine et Cléopâtre, bref, bref, bref, les poètes, les créateurs, les intellectuels sont en grande forme et pourtant, je ne comprends pas, on ne les entend pas, silence assourdissant, sur aucun des sujets bouleversants de notre époque… Ce n’est pas que je n’ai jamais cru à l’engagement, la grève de la faim, je n’y croyais pas trop, mais jouer à Sarajevo en état de siège, j’y croyais plus puisque je l’ai fait ! mais, enfin, là, je ne comprends pas, tant de vitalité d’un côté — et de ce côté où je me mets — et tant de discrétion de l’autre… Il faudrait que je demande à mon ami Pablo qui fait de la politique ce qu’il se passe. Est-ce qu’il ne se passe plus rien où l’on ne puisse agir ? Que ce n’est plus la peine ? Qu’il reste à continuer, tant qu’on peut, avec la même force vitale, jusqu’à ce que tout disparaisse comme la mort qui surgit dans la vie d'un homme ?

M mmhh


« le chuchotement très doux de Marcel Proust adolescent »

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M auvaise saison


Tiens, une citation qui me fait penser à Un torrent de boue : « E fango è il mondo » (le monde n’est que boue). Elle est de Leopardi, cité par Beckett en exergue de son Proust… Où on en est ? Je retourne dans la maison de Boussay — où on devait travailler — de mercredi à lundi, 
YN

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D u chalet, samedi