C onférence de choses
Je suis fasciné par l’extraordinaire travail de François Gremaud et Pierre Mifsud au théâtre du Rond-Point. J’y suis retourné. On pourrait aisément y passer sa vie (comme ils le font, eux) puisque le spectacle est en neuf épisodes (qui s’est joué en intégrale dimanche dernier). Une panoplie de tous les savoirs, un manège de tous les jeux, il faut jouer, jouer, comme on dit : « jouer le bottin » (Wikipédia aussi bien). Et si c’était la vraie tragédie humaine, ce goût du savoir, cet encyclopédisme, et que cette tragédie était une comédie sordide ? et s'il s'agissait là de l’essence-même du théâtre, la comédie sordide ou la tragédie, l’essence comme une essence de Guerlain dans ce quartier du luxe ? Le théâtre du Rond-Point (que j’aime) est comme libéré de lui-même, il fluctue, il navigue, il dérive, ce lieu si parisien tenu par l’excellent Jean-Michel Ribes, on n’y est plus à Paris. Sans doute ça passe par la Suisse, mais la Suisse elle-même est une contrée flottante, ni mer ni montagne ni vallée ni plaine. Pierre Mifsud est un clown merveilleux. C’est mieux qu’acteur, clown (ou qu’actrice), c’est pour ça que j’emploie ce mot. A la fin, le verre d’eau est intact. Le verre n'était là que pour la figuration. Rien dans les mains, rien dans les poches. Les volets intérieurs sont solidement fermés. Virtuosité. Art de la reprise. Ceci n’est pas un spectacle, comme disait l'autre... euh... ah, Magritte
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