La Lâcheté
Une chose que je voulais avouer, c'est une petite lâcheté. A un moment du spectacle d'Avignon, au moment où je disais : "Le tendre printemps sur tes lèvres séduisantes trahit que tu n'es pas mûr. Et pourtant tu peux bien être goûté.", j'évoquais aussi Roman Polanski - d'une manière qui a évolué au cours du mois puisqu'il a été libéré. Je disais, par exemple, qu'il était toujours recherché par Interpol (jusqu'à sa mort...) et que c'était surtout la Suisse qui venait de se libérer de cette sale histoire (Une sale histoire, de Jean Eustache). Eh bien, c'était perçu comme une provocation. Pas par tout le monde, j'imagine, mais y avait un climat, à ce moment-là. Je n'aime pas beaucoup les climats. Et puis il y a eu même, un jour, un homme qui est sorti juste après. C'était peut-être par hasard, mais je l'ai perçu comme un message. Et puis, comme ce spectacle marchait, j'étais aussi très sensible, c'est normal, à l'influence du public. Toujours est-il que j'ai édulcoré l'affaire. J'ai juste cité le nom de Roman Polanski sans donner mon opinion, libre à chacun d'avoir la sienne. Ce qui a fait qu'une programmatrice, rencontrée ensuite dans la rue au moment du tractage, qui voudrait avoir le spectacle, m'a dit - et cela juste après une chose très intelligente sur les animaux : "Et c'est un texte contre la pédophilie !" J'étais soufflé. Je me suis débattu (abattu). Mais je sais ce que j'aurais dû dire. J'aurais dû acquiescer : "Oui, c'est un texte contre la pédophilie. Et pour ! Les deux : contre et pour." S. me raconte qu'on lui avait enseigné que, pour qu'un texte soit réussi (dans un journal, etc.), il faut qu'il y ait un paradoxe, qu'une fois qu'on a le paradoxe, le texte est fait. Et, comme exemple, il dit : "Il faut protéger les pédophiles des enfants." Délicieux S. qui dîne avec Gabriel Matzneff, Bernard Faucon, héros d'une autre époque, "pestiférés" à présent...
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