Monday, August 09, 2010

Subvention

Hier, j'appelle Claude Régy pour le remercier de son soutien (ceux qui ont vu le spectacle savent qu'il m'avait prédit un succès...) On parle un peu (il a l'air parfaitement en forme, j'aimerais bien le voir puisqu'il est là au mois d'août, mais je n'esquisse pas une demande, c'est déjà bien qu'il accepte de parler comme ça au téléphone). Je lui raconte ma rencontre avec Laure Adler, au spectacle d'Angélica Liddell, qui voulait venir, mais qui n'est pas venue finalement. Il me dit qu'ils devaient se voir au Japon, mais qu'elle n'est pas venue non plus et que, plus tard, une autre fois, l'ambassade ou je ne sais qui lui a fait parvenir un message de Laure Adler "Mais c'est secret." C'est en fait un message de Georges-François Hirsch - "Tu dois connaître", me dit Régy, non, pas du tout, "Le ministère" - qui dit : "Tout est bon pour vous." Ce que Régy interprète comme : "Votre subvention sera reconduite." (J'espère que je ne raconte pas ici des choses qu'il ne faut pas, je ne pense pas quand même...) P., à qui je rends compte, plus tard, de cette conversation, me dit : "Ca veut aussi dire que, pour d'autres, ce ne sera pas le cas." Il me raconte comment ça se passe (puisque il a en charge de distribuer les subventions - soixante millions d'euros - du ministère de l'Education) : il y a une coupe budgétaire de dix pour cent pour tous les ministères (les subventions) alors on ne touche pas aux gros, mais on supprime des petits. Je ne suis pas en train de dire que Régy est un gros, non, il y a beaucoup plus gros que lui, Daniel Jeanneteau, par exemple, qui s'est vanté un jour d'avoir le double de Régy (et peut-être même plus à l'heure actuelle), mais je constate que c'est à l'image de la société actuelle : le fossé s'accroit entre les riches et les pauvres, on ne touche pas aux riches (c'est sacré) et on rend les pauvres encore plus pauvres (on retire tout à ceux qui n'avaient déjà pas grand chose). Moi (j'avais prévu le coup...), je n'ai rien, alors je suis aussi riche qu'avant - intouché - c'est au moins un avantage. Sylviane Mathis, toujours très agréable et, c'est vrai, que je ne reconnais jamais au premier abord (mais elle change de look), me dit, dans les jardins du In en compagnie d'Herman Diephuis : "Mais vous auriez dû nous demander ! - Je n'savais pas que la DRAC pouvait subventionner le Off... - Mais bien sûr ! Oh, c'est trop bête... La prochaine fois, hein ?" Mais je pense en moi-même que si j'avais demandé une subvention hypothétique, cela aurait pris des mois, et que cela m'aurait dépossédé d'autant de l'arrivée directe et miraculeuse au festival d'Avignon : tout payer, rencontrer les gens en direct, Shakespeare, champagne, Condition des soies, l'équation en direct. Il est très difficile pour réussir un spectacle de traverser le réseau serré des subventions. Certains y réussissent (brillamment), mais d'autres, très nombreux aussi, se plantent lamentablement dans la Cour d'honneur. L'argent et la manière dont il est distribué est un grand handicap pour le spectacle vivant. Je le sais. A moins d'être un très, très grand artiste capable de traverser toutes les circonstances, y compris la pire : la subvention Sarkozy. Je devrais peut-être prétendre à cette catégorie. Je vais en discuter, tiens, avec Jean-Marc Adolphe, à Caen, puisqu'il m'invite à ses rencontres internationales d'artistes (dont je ne sais pas grand chose, mais ça commence bientôt). Et, c'est vrai, j'aimerais beaucoup payer les acteurs, ça, c'est vrai, ça vaudrait le coup d'apprendre la subvention rien que pour ça. Ou alors - autre système que j'étudie beaucoup plus sérieusement - le mécène ou le cinéma, la télé ou... encore un autre métier, à l'américaine, mais qui rapporte et ne prenne pas tout le temps. Vilaines, si vilaines subventions, je vous hais en secret (mais pas Sylviane Mathis...)

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