Oh, pas d'femme, pas d'cri, la preuve : Olivier Normand
Hello Yves Noël,
J'ai dû partir vite après la pièce hier, j'avais un rdv, j'étais en retard. Enfin, ce mail pour remplacer les félicitations que j'aurais voulu t'adresser à la sortie. J'ai été vraiment impressionné par Oh, pas d'femme, pas d'cri. Assez littéralement envouté. Ça m'a fait penser à plein de choses (des choses que je connaissais et des choses que je ne connaissais pas). Au nombre de celles que je connaissais : Barbare, une illumination de Rimbaud, que je te mets en pièce jointe. Au nombre de celles que je ne connaissais pas, c'est plus difficile à dire, bien sûr. Alors, ci-dessous, je te retranscris ce que j'ai gribouillé dans mon carnet, dans le métro. (C'est mallarméen, mais peut-être que ta pièce est mallarméenne aussi.)
Il produit des effets, invente des choses, mais c’'est comme s'’il ne voulait pas assumer la responsabilité de leur composition. En apparence, il préfère les laisser flottantes, pariant sur leur capacité propre à trouver chacune leur juste place.
On sait que les pierres ne sont jamais si belles que lorsqu’'elles ne sont pas serties. Le bijou - bague, collier, rivière -– leur ôte souvent cette eau qu'on ne connaît que dans le creux de la paume, à la faille des doigts (préciosité de la métaphore).
Ici les gemmes aussi sont si peu serties. À l’'anneau, à l’'alliage, on préfère l'’écrin. Ici c’'est l'’écrin (bien sûr, la boîte noire) qui compose. Comme d’'un coup de dé, secoué. Et de parier sur la capacité des pierres, dans l’'écrin remué, à se rencontrer peut-être, et à composer par elles-mêmes, le spectacle de leurs feux secrets, et conjoints.
Voilou. Whatever.
N'hésite pas à me dire si tu as un moment pour boire un verre, ou faire de l'art.
Bises
Olivier
Arthur Rimbaud, Illuminations
BARBARE
Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays,
Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n'existent pas.)
Remis des vieilles fanfares d'héroïsme - qui nous attaquent encore le cœur et la tête - loin des anciens assassins -
Oh ! Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n'existent pas.)
Douceurs !
Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre, - Douceurs ! - les feux à la pluie du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous.
- O monde ! -
(Loin des vieilles retraites et des vieilles flammes, qu'on entend, qu'on sent,)
Les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres.
O Douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, - ô douceurs ! - et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques.
Le pavillon...
J'ai dû partir vite après la pièce hier, j'avais un rdv, j'étais en retard. Enfin, ce mail pour remplacer les félicitations que j'aurais voulu t'adresser à la sortie. J'ai été vraiment impressionné par Oh, pas d'femme, pas d'cri. Assez littéralement envouté. Ça m'a fait penser à plein de choses (des choses que je connaissais et des choses que je ne connaissais pas). Au nombre de celles que je connaissais : Barbare, une illumination de Rimbaud, que je te mets en pièce jointe. Au nombre de celles que je ne connaissais pas, c'est plus difficile à dire, bien sûr. Alors, ci-dessous, je te retranscris ce que j'ai gribouillé dans mon carnet, dans le métro. (C'est mallarméen, mais peut-être que ta pièce est mallarméenne aussi.)
Il produit des effets, invente des choses, mais c’'est comme s'’il ne voulait pas assumer la responsabilité de leur composition. En apparence, il préfère les laisser flottantes, pariant sur leur capacité propre à trouver chacune leur juste place.
On sait que les pierres ne sont jamais si belles que lorsqu’'elles ne sont pas serties. Le bijou - bague, collier, rivière -– leur ôte souvent cette eau qu'on ne connaît que dans le creux de la paume, à la faille des doigts (préciosité de la métaphore).
Ici les gemmes aussi sont si peu serties. À l’'anneau, à l’'alliage, on préfère l'’écrin. Ici c’'est l'’écrin (bien sûr, la boîte noire) qui compose. Comme d’'un coup de dé, secoué. Et de parier sur la capacité des pierres, dans l’'écrin remué, à se rencontrer peut-être, et à composer par elles-mêmes, le spectacle de leurs feux secrets, et conjoints.
Voilou. Whatever.
N'hésite pas à me dire si tu as un moment pour boire un verre, ou faire de l'art.
Bises
Olivier
Arthur Rimbaud, Illuminations
BARBARE
Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays,
Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n'existent pas.)
Remis des vieilles fanfares d'héroïsme - qui nous attaquent encore le cœur et la tête - loin des anciens assassins -
Oh ! Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n'existent pas.)
Douceurs !
Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre, - Douceurs ! - les feux à la pluie du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous.
- O monde ! -
(Loin des vieilles retraites et des vieilles flammes, qu'on entend, qu'on sent,)
Les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres.
O Douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, - ô douceurs ! - et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques.
Le pavillon...
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