L'humaine piste (le travail)
Premier rêve avec Pierre et, aujourd’hui, premier cauchemar (ce matin, dans la nuit), mais Pierre calmera toujours, et le cauchemar est bon car il permet de voir que Pierre est réel. Le cauchemar était que le travail n’avançait pas, je ne sais pas si c’était un stage ou une répétition, mais rien n’était compris, tout avançait de travers, rien n’avançait – (c’était épuisant) je leur disais: « Si vous ne comprenez pas mieux, je serai obligé d’arrêter puisque rien n’a lieu, tout est toujours trop tard, rien n’est compris, tout se défait. » – je me suis réveillé. J’avais demandé à Pierre d’augmenter le chauffage et, là, j’avais trop chaud, la gorge desséchée. Je me levai pour aller boire à la cuisine et, là, à la cuisine, je fus rejoint par Pierre qui avait eu la même idée (ou qui l’imitait). Mais Pierre était d’attaque, en érection (au garde à vous, comme on dit) et moi, un peu malheureux du cauchemar, j’ai pensé une seconde : « Oh, non, pas déjà encore, je suis en pause. » Mais c’était beau de le voir « beau et con à la fois » (c’est exactement ce que dit la chanson de Jacques Brel, non ?) surgissant du néant et comme par hasard et gentiment vers moi. Je lui ai dit qu’il avait « l’air con » et je lui ai raconté l’histoire de Thomas, nu, comme d’habitude, qui s’était masturbé en regardant, à la Ménagerie de Verre, par le trou de la serrure les culs d’adolescentes en train de répéter dans le studio à côté et qui s’était relevé l’énorme bite raidie et à qui j’avais dit : « C’est possible, ça te rend encore plus con. » C’était au moment des répétitions d’Hamlet, en journée, mais il n’avait pas pu le refaire en soirée devant le public. Il faut dire qu’il n’y avait plus les jeunes filles à travers le trou de la serrure, plus que le noir du théâtre et – peut-être – la culpabilité. Très belle page d’Hélèna sur la culpabilité de Jan qui lui raconte, de Hambourg, au téléphone, en plein mois d’août, qu’il a bu de l’alcool la nuit avec deux filles qui lui ont appris la danse du ventre, mais qu’il n’a « rien fait de mal », ni embraser ni rien et qu’il pensait qu’il devait le lui dire... C'est Pierre qui me la montre, cette page, la trouve et je lui confirme que l'anecdote est vraie. Jan, Hélèna, Yves-Noël, Pierre...
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