Monday, January 19, 2009

Un mythe fondateur

Mon dramaturge m’écrit… (Sous l’objet : « Missive du soir, espoir ».)

« Byron : « Pour connaître la joie, il faut partager. Le bonheur est né jumeau. » – citation vue sur le Facebook de David TV. Je ne sais pas s’il a écrit ça pour toi. On dirait. Tu es le centre de toutes les attentions, en ce moment, n’est-ce pas?



Bon en tout cas, c’est un peu l’idéalisme platonicien, ça aussi.
Enfin, ça rappelle le discours d’Aristophane (un théâtreux) dans Le Banquet.
C’est le mythe de l’androgyne... Il fut une période où l'homme avait quatre bras, quatre jambes, deux têtes... et deux sexes. Ce qui constituait trois catégories, les individus entièrement masculins, ceux entièrement féminins et ceux partagés, les androgynes.
Or Zeus, irritable comme d’habitude, sépara ces créatures en deux pour aboutir à la forme que nous connaissons, incomplète, insatisfaite... (Je ne sais plus trop pourquoi il a fait ça, un truc mal digéré sans doute.)
Chaque moitié cherche alors sa moitié durant sa vie entière.
Quand ils se retrouvent, ils s’unissent... Ils coïtent sauvagement, quoi : « Ah ! han ! je ne pensais pas que tu existais vraiment, tu m’as manqué. »
Mais ça ne s’arrête pas là. Les moitiés d’androgynes engendrent la vie et perpétuent l'espèce. Tandis que les moitiés d’individus entièrement masculins (les pédés), eux, engendrent l’esprit et l’intelligence !
J'espère que ce mythe fondateur éclairera ta caverne...
Mais, attention, on ne peut avoir qu’une seule moitié. »






« Quand nous rencontrons notre moitié, nous sommes frappés d’un sentiment d’affection et d’amour : nous refusons alors d’en être séparés. Qu’attendent-ils donc, ceux qui passent leur vie ensemble ? Ce n’est certes pas la jouissance sexuelle. C'est quelque chose que souhaite l’âme, qu’elle ne saurait exprimer ; et pourtant elle le devine : ce qu’elle souhaite, c’est se fondre le plus possible dans l’autre pour former un même être. C’est cela que nous souhaitons tous, nous transformer en un être unique. Personne ne le refuserait, car personne ne souhaite autre chose.
Le nom d'amour est donc donné à ce souhait de retrouver notre totalité, et Éros est notre guide pour découvrir les bien-aimés qui nous conviennent véritablement. Le bonheur de l’espèce humaine, c’est de retourner à son ancienne nature grâce à l'amour, c’est là notre état le meilleur. Éros nous sert en nous menant vers ce qui nous est apparenté, il soulève en nous l’espoir de rétablir notre nature et de nous donner la félicité et le bonheur. »






Puis Paloma m’envoie une photo prise aujourd’hui (ils sont allés voir une maison qui va être mise aux enchères, du côté de Senlis) de deux matous pourris (son vieux voisin, branché normalement sur les blacks à gros seins, mais très affectif, et l’un de ses premiers amours, un architecte avec voitures de course qui la re-capture assez intensément depuis quelque temps – en attendant son heure). Sur la photo, on les sent déjà prêts à se battre. Un duel. L’un porte une écharpe rouge fluo dans la friche sans couleur autour de la maison (c’est lui qui veut l’acheter, la maison), l’autre, plus éloigné au moment de la prise de vue, semble compter sur sa volonté de puissance, une douleur plus obsédée (c’est qu’il y pense depuis un moment), faux air de Francis Huster, aussi (me souffle mon dramaturge à qui je soumets la photo). Deux acteurs prêts à briller, en tout cas. Qu’on les déshabille et qu’on les compare !

Paloma me demande mon avis, ingénument, comme ça, en objet : « Tu me conseilles lequel des deux ? » Puis dans le corps du texte : « Faut que je m’occupe. C’est vrai que je m’ennuie. » Nathalie – Quintane, je donne le nom, ça lui fera très certainement plaisir, à Paloma – à qui je demandais si elle ne connaissait pas, par hasard, dans ses relations, la nouvelle fille d’un type nouveau, bref... que je recherchais, m’a répondu tout à l’heure : « mouai... j’en ai bien une ou deux, seules à Paris et perdues dans l’excès de boulot, mais j’ai de la sympathie pour Paloma... j’ai pas envie qu’elle m’en veuille... ce genre d’histoire – toujours terrible ». (C’est elle qui emploie le nom « Paloma », que je réutilise, donc.)

Faut surtout pas qu’elle se formalise, Nathalie de la montagne, je vais lui envoyer tout de suite la photo des deux gouttières pour lui montrer à quel point la Picasso, elle se laisse pas abattre (ça m’aurait étonné aussi) et à quel point elle pense, c'est humain, elle aussi, à se recaser. La maison ou les voitures ? (Qu’elle prenne le tout, c’est mon conseil !)

Dans le même envoi, avec la photo, Paloma se plaint encore du bijou en forme de petit chat doré qu’elle ne m’a « pas rendu, mais juste confié ». Mais, bon Dieu, chérie, je l’ai pas jeté, ce pendentif ! Au prix de l’or, en c’moment, faudrait être cinglé ! J’l’ai mis au coffre, voilà ! T'es contente ? Enfin, une latte de plancher parce que les banques, plus confiance.)






Enfin, ce soir, il y a une phrase que mon dramaturge (Florent Delval, donc) me conseille après tout de mettre sur le blog. C’est justement celle que je lui envoyais à l'instant et qui lui disait : « Ah, ça me fait plaisir qu’on se dise des choses qu’on ne peut pas mettre sur le blog ! » Il m’explique : « Ça ouvrirait une nouvelle perspective à tes lecteurs… un hors-champ mystérieux et interlope… » Mais c'est vrai que j'aime Pierre.

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