Guy Degeorges
Cher Yves-Noël Genod...
(Car par où commencer pour raconter le spectacle Yves-Noël Genod proposé à Chaillot ? Alors on tâtonne en s'adressant à «Yves-Noël Genod» le metteur en scène).... Donc vous êtes le metteur en scène, mais aussi l'hôte qui nous accueille en souriant, coiffure en cotte de mailles et bottes emplumées, très content de sa plaisanterie, et vous êtes spectateur aussi qui s'assoit au premier rang, à égalité avec nous, réjoui de ce que font les interprètes. Une chose au moins est évidente, ces interprètes font sous votre regard ce qu'ailleurs ils ne feraient pas, ou rarement. Est-ce pour cela que Kataline Patkai tenait tant, et depuis si longtemps, à travailler avec vous?
Egalement l'expérience de spectateur est avec vous tout spécialement singulière. Vous nous laissez du champ. Votre Hamlet m'avait excédé une fois pour toute... me laissant libre de m'ouvrir à tout ce qui pourrait suivre. De là à comprendre le comment, le pourquoi... Au moins on se risque à deviner que vous avez travaillé comme certains chorégraphes, exploitant la matière apportée par les interprètes pour la ré-agencer en un flux. Pour le reste... Je lis, relis votre blog, votre quotidienne autofiction, mais pour constater que plus vous dévoilez en chair et en verbe, et plus tout cela s'embrouille finalement, comme vu à travers la fumée qui envahit Yves Noël Genod (la pièce !). Dans cette pièce, vous faites un peu défaut. Tout juste présent dans le titre, et même plus commentateur détaché comme pour les Cochons. J'avais vu le Feydeau de Sivadier à l'Odéon la veille, et il m'a semblé ce lendemain que votre spectacle commençait là où le Feydeau s'était achevé, la mécanique théâtrale désormais déréglée, tout par terre. Il y a eu un déluge et des morceaux reviennent à la surface. Des visions, des souvenirs, des idées. Par milliers. Dont du Baudelaire, une chanson populaire, un sexe, un dictateur... mais énumérer, ce serait tromper ou pire, ennuyer. C'est cela : on voit ce qui émerge. Ces acteurs sont comme des naufragés sur la plage, entourés de débris (culturels). Libres et nus- plus ou moins - pour jouer une certaine vérité... En tout cas libérés du social et du sacro-saint sujet. Dans un lieu à la fois vrai et caché, de béton rugueux et canalisations apparentes, dans l'envers des escaliers du Trocadéro... Puis à la lumière, à la bande son, à la connivence joyeuse d'une pluie de fausse neige, à la vue de tous ces artifices complices, on comprend que la probable impréparation initiale a accouché d'une grande précision ! Je suppose que comme tout un chacun vous avez horreur des comparaisons, mais on pense aussi à la démarche de Rabeux avec son Corps Furieux : peu de mots et le regard tout près du corps, pas forcement glorieux. Mais peut-être l'important n'est il pas ce que vous montrez, mais ce que cela fait de nous... légers ? C'est que l'on se sent très à l'aise, pour juste saisir ce qui est donné - doux, cru et tendre - et même libéré de l'obsession de tout interpréter... C'est donc irracontable, comme je disais au début, et tant pis. Pendant ce temps l'on renonce même au temps, prêt à accepter les attentes, la fumée et le silence, que tout cela reste éphémère, qu'aprés l'on puisse bientôt même l'oublier, et apprendre à accepter la mort peut-être. En attendant continuez !
@ bientôt
Guy
C'était Yves Noël Genod, d'Yves Noël Genod, avec Mohand Azzoug, Kate Moran, Yvonnick Muller, Felix M. Ott, Marlène Saldana, installation lumière Sylvie Mélis, installation son Erik Billabert, musique originale et interprétation au piano Pierre Courcelle à Chaillot jusqu'au 6 juin.
P.S: Cela n'expliquera rien de plus à mes lecteurs, mais puis-je utiliser quelques photos de votre blog ? (Lien vers le blog de Guy Degeorges en cliquant sur le titre de cette entrée.)
(Car par où commencer pour raconter le spectacle Yves-Noël Genod proposé à Chaillot ? Alors on tâtonne en s'adressant à «Yves-Noël Genod» le metteur en scène).... Donc vous êtes le metteur en scène, mais aussi l'hôte qui nous accueille en souriant, coiffure en cotte de mailles et bottes emplumées, très content de sa plaisanterie, et vous êtes spectateur aussi qui s'assoit au premier rang, à égalité avec nous, réjoui de ce que font les interprètes. Une chose au moins est évidente, ces interprètes font sous votre regard ce qu'ailleurs ils ne feraient pas, ou rarement. Est-ce pour cela que Kataline Patkai tenait tant, et depuis si longtemps, à travailler avec vous?
Egalement l'expérience de spectateur est avec vous tout spécialement singulière. Vous nous laissez du champ. Votre Hamlet m'avait excédé une fois pour toute... me laissant libre de m'ouvrir à tout ce qui pourrait suivre. De là à comprendre le comment, le pourquoi... Au moins on se risque à deviner que vous avez travaillé comme certains chorégraphes, exploitant la matière apportée par les interprètes pour la ré-agencer en un flux. Pour le reste... Je lis, relis votre blog, votre quotidienne autofiction, mais pour constater que plus vous dévoilez en chair et en verbe, et plus tout cela s'embrouille finalement, comme vu à travers la fumée qui envahit Yves Noël Genod (la pièce !). Dans cette pièce, vous faites un peu défaut. Tout juste présent dans le titre, et même plus commentateur détaché comme pour les Cochons. J'avais vu le Feydeau de Sivadier à l'Odéon la veille, et il m'a semblé ce lendemain que votre spectacle commençait là où le Feydeau s'était achevé, la mécanique théâtrale désormais déréglée, tout par terre. Il y a eu un déluge et des morceaux reviennent à la surface. Des visions, des souvenirs, des idées. Par milliers. Dont du Baudelaire, une chanson populaire, un sexe, un dictateur... mais énumérer, ce serait tromper ou pire, ennuyer. C'est cela : on voit ce qui émerge. Ces acteurs sont comme des naufragés sur la plage, entourés de débris (culturels). Libres et nus- plus ou moins - pour jouer une certaine vérité... En tout cas libérés du social et du sacro-saint sujet. Dans un lieu à la fois vrai et caché, de béton rugueux et canalisations apparentes, dans l'envers des escaliers du Trocadéro... Puis à la lumière, à la bande son, à la connivence joyeuse d'une pluie de fausse neige, à la vue de tous ces artifices complices, on comprend que la probable impréparation initiale a accouché d'une grande précision ! Je suppose que comme tout un chacun vous avez horreur des comparaisons, mais on pense aussi à la démarche de Rabeux avec son Corps Furieux : peu de mots et le regard tout près du corps, pas forcement glorieux. Mais peut-être l'important n'est il pas ce que vous montrez, mais ce que cela fait de nous... légers ? C'est que l'on se sent très à l'aise, pour juste saisir ce qui est donné - doux, cru et tendre - et même libéré de l'obsession de tout interpréter... C'est donc irracontable, comme je disais au début, et tant pis. Pendant ce temps l'on renonce même au temps, prêt à accepter les attentes, la fumée et le silence, que tout cela reste éphémère, qu'aprés l'on puisse bientôt même l'oublier, et apprendre à accepter la mort peut-être. En attendant continuez !
@ bientôt
Guy
C'était Yves Noël Genod, d'Yves Noël Genod, avec Mohand Azzoug, Kate Moran, Yvonnick Muller, Felix M. Ott, Marlène Saldana, installation lumière Sylvie Mélis, installation son Erik Billabert, musique originale et interprétation au piano Pierre Courcelle à Chaillot jusqu'au 6 juin.
P.S: Cela n'expliquera rien de plus à mes lecteurs, mais puis-je utiliser quelques photos de votre blog ? (Lien vers le blog de Guy Degeorges en cliquant sur le titre de cette entrée.)
Labels: chaillot correspondance
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