Sunday, October 25, 2009

"Je répète comme si c'était la scène de ma vie. Pourtant je n'ai aujourd'hui qu'une chose à faire : ouvrir la porte et faire : "Oh !""

Ce que j'ai préféré dans le spectacle, peut-êre, maintenant que j'y pense, c'est le jeu avec les portes : Jeanne qui fume une clope au fond et discute avec un "pompier de service" de l'alourdissement du contexte moral, de l'affaire Polanski, d'une amie à elle qui voulait coucher à quatorze ans, etc., dans l'entrebâillement de la porte au fond, silhouette de femme vénéneuse dessinée par Martin Margiela, simplement sublime, Kate qui se fait expulser d'une boîte en Alain Pacadis drogué et bourré (ou en Nicolas Moulin), sublime aussi (là aussi, la deuxième personne est absente, il n'y a que le geste) et Marlène en manga qui n'arrive pas à ouvrir les portes, mais qui insiste, insiste, fait le tour, trouve le moyen d'entrer coûte que coûte, on ne peut pas s'en débarrasser. Dans le train, vers Laval, il y avait un enfant qui ressemblait à Philippe Katerine, libre comme lui (sa mère lui disait de ne pas étaler ses jambes dans le passage, que les gens allaient passer). Que Philippe Katerine ait aimé le spectacle, vous imaginez ? Philippe Katerine (en concert le 15 novembre à Beaubourg) ! Il a adoré, il a dit que, de toute façon, il était fan. Faut dire qu'il ne s'est pas tapé la longue soirée conceptuelle sans doute un peu refroidissante (même si je ne l'ai pas vue), il arrivait de Saint-Nazaire avec une Twingo ! J'ai dû me déplacer pour lui voler sa place, à l'enfant Philippe Katerine, il a dû se coller avec sa sœur et sa mère, mais j'ai gagné son suffrage quand j'ai fait remarquer : "Vous n'êtes pas obligés de vous serrer comme des sardines !" Ça, ça a plu. Ce qui est bien avec l'art, avec la vie, c'est que c'est en effet toujours pareil et qu'il n'y a pas grand chose à faire. Sa sœur était habillée en - comment dire ? - cette couleur parme-mauve-violette que les petites filles adorent, celle de Pierre aussi : complètement assortie au revêtement des fauteuils, des tablettes choisi par Christian Lacroix pour le TGV Atlantique. Léo (Philippe Katerine) ne saisissait pas qu'il ne fallait pas montrer ses cartes, les chats, les moustiques... Plus tard, Léo, "mon chat", jouait au pendu avec sa mère, mais sa mère a tout de suite trouvé : "piranha ". Avant le spectacle, j'avais tenté de ne pas dire à Philippe Katerine ce que Jeanne faisait dans le spectacle. Parce que Jeanne faisait Barbara et qu'elle était allée chez le coiffeur pour se faire couper les cheveux à la manière de Barbara. Or Philippe Katerine a horreur des cheveux courts et a surtout horreur de Barbara. Ça faisait beaucoup. Finalement, ça s'est très bien passé. J'avais dit à Philippe que c'était pire que ce qu'il pouvait imaginer et il avait dit : "Il n'y a pas de violence corporelle au moins ?" J'avais dit qu'en un sens, oui. (Les cheveux.) Il avait réfléchi puis dit : "De toute façon, il vaut mieux être sur place." "Une pintade, c'est un fruit séché ? Un fruit qu'on a séché ? Je ne pense pas..., dit la mère. Vous voulez un deuxième indice : ça s'met dans l'far breton... - PRUNEAU ! (le frère et la sœur)." "Une couleur qui est aussi un nom d'poisson. - Sèche !... Citron ! - Couleur sau... mon. - Mais c'est pas une couleur, ça !" "Métier qui commence par s ? - Saleté ! - Saleté d'métier. Secouriste. - Super pompier !" Il y a un nouveau mot, il vient de Philippe Katerine, il m'a dit : "C'est toi qui chapeaute tout ça ?" Ça vient de l'édition nous a expliqué Jeanne. Dorénavant je ne dirai plus : Yves-Noël Genod présente" ou "une proposition d'Yves-Noël Genod", mais : "un spectacle chapeauté par Yves-Noël Genod". Ça convient très bien ! Les éoliennes, c'est tellement beau ! Je pleure en lisant la biographie de Barbara, je dois dire. Quand on rentre dans un tunnel : "Oh, il fait nuit !" "Je parle toute seule, je dois dire", dit la petite fille. "Tu parles au monsieur ?", lui disait son frère. Et comment, et pourquoi je n'aurais pas le droit de pleurer à la biographie de Barbara ? C'est toute mon enfance... Mais c'est rendu possible (l'histoire des larmes) par l'opération alchimique opérée par Jeanne Balibar sur Vivant poème. "Ben, moi aussi !", dit Léo à l'annonce du chef de train "...nous vous souhaitons une bonne journée". "C'est moi la boniche, Léo ? Léo !", dit sa sœur qui portait les sacs. Léo (Philippe Katerine) me tire la langue en partant - en douce. A Paris, les arbres pleins, encore.

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