Y a qui ?
Non, non, non, non, non ! Je n'écrirai plus sous la forme de name dropping et je ne compléterai pas mon article de ce matin comme Pierrot m'a dit que j'en avais - "alors, là !" - "l'obligation". Bien sûr, nous sommes allés au concert du chanteur dont je ne dirai pas le nom (mais dont je parle dans l'article précédent) et il y avait tout Paris. Et même tout-tout Paris ! Enfin, le Paris que je connais, celui, disons, "point le plus éloigné du Paradis" où l'on peut désespérer peinard (voir citation plus bas)... Tout le monde était là, même les enfants. J'ai failli pas entrer et Pierrot est même passé par derrière, bénéficiant d'un passe-droit. C'était la folie ! Carpet madness ! Mais ça valait l'coup ! Avec Pierrot, dans l'après-midi, on était allé au hammam de la Mosquée, il ne connaissait pas. Ambiance très virile, j'ai été étonné. (Ça faisait des années que je n'y avais pas mis les pieds.) On avait rencontré déjà untel puis ensuite untel à qui j'avais (donc) dit que la peopolisation (des esprits) continuait (depuis mon retour à Paris) et qui m'avait répondu : "Ah, bon. Y a qui ?" L'excellent chanteur chantait encore qu'on entendait en sous-main la célèbre annonce du Centre Georges Pompidou : "Mesdames, Messieurs, il est bientôt vingt-et-une heures..." Le chanteur magnifique, entouré d'un orchestre bien viril, là aussi (dans une autre version), donnait un spectacle d'une générosité telle qu'elle explosait les limites de Beaubourg et, même, déjà, de "Beaubourg-la-Reine", le festival et son concept du moment. C'est à dire qu'étaient pulvérisées toutes les contraintes invraisemblables qui sont nowadays le lieu commun pour qui veut, soit donner un spectacle, soit en regarder : il ne s'y passe rien. Vraiment, c'est à présent devenu sans espoir qu'il se passe quoi que ce soit de vrai dans les circonstances d'un spectacle. Le chanteur sans nom a prouvé qu'au contraire, ça l'était encore (possible), mais qu'il fallait pour cela être très fort, que lui l'était, très, très fort ! Le "concept" du concert, c'était des reprises. Des reprises inattendues et chantées d'une manière encore plus (inattendue) : approfondies. Un plaisir d'esthète, de connoisseur, mallarméen. Comment prouver que la poésie, l'esprit, la poésie la plus haute, celle qui définit l'homme pouvait comme se frayer un chemin dans n'importe quelles circonstances, comme un gaz. En l'occurrence, ici, les circonstances de ces tubes matraqués des années par les radios, par les télés puis disparus dans le temps. L'humanité profonde, vivace, encore vivante, naïve, toute aussi fraîche et neuve qu'au temps de sa genèse, quand la science-fiction n'avait pas pris le pas. Pour qui savait entendre. Un espoir pour l'humanité. L'espoir que, peut-être, comme le dit Claude Lévy-Strauss dans l'"Apostrophe" que j'écoute en vous écrivant, l'humanité va encore réussir à se sortir de cette mauvaise passe du moment. En décalant, en détruisant tout d'une manière écologique, les faux-semblants, le trompe-l'œil, le mal-compris, le chanteur dont je tairai le nom a pu "faire passer" (selon l'expression Claude Régy), renouveler des sensations absolument inoubliables. Du grand art répandu alors que personne ne s'y attendait dans un lieu je-m'en-foutiste avec la force que seule la musique en direct peut répandre...
Labels: paris
1 Comments:
hé oui
on était un peu au-delà de l'ironie, cette fois...
heureusement
car sinon, oui, il ne se passe plus rien, sur "les scènes"...
on attend 2010 !
bises, julien
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