Monday, November 09, 2009

L'Enfer ou la pluie

Tu vas bien, chaton ?

Bonjour de "Little India" (j'ai changé d'hôtel).

J'en suis au petit-déjeuner - avec mon ordinateur parce que c'est au rez-de-chaussée que la connection est la meilleure. Il a plu hier toute la journée, j'ai presque pris froid. Vêtements et baskets trempés dans les climatisations des malls, des taxis, des bars... La pluie au dehors, la glace à l'intérieur, oubliée soudain l'incroyable douceur de vivre ici, ça faisait automne, rentrée des classes. Tout le monde s'est séparé, les Français sont repartis et je suis seul comme j'aime dans la big city. Bien que tu me manques. Et je ne vais pas aller à Kuala Lumpur pour du shit comme font les adolescents (à cinq heures de bus en traversant la forêt) ni en Indonésie pour les plages comme font les touristes. Il me semble que j'ai aussi bien à faire à traîner par ici... Ok, ce n'est "que" la Suisse de l'Asie, il y a mieux ailleurs, plus fou, plus exaltant, moins mort et je reviendrai en Asie, c'est certain (j'aurai tellement aimé : avec toi), mais c'est quand même déjà pas mal la folie propre de la (vraie) réussite ! Hier, nous avons visité le musée de l'Enfer, un truc assez édifiant des années vingt, construit par l'inventeur du Baume du Tigre. Presque Facteur Cheval. On y emmène les enfants dès cinq ans pour leur montrer ce qu'ils risquent à faire des bêtises (pauvre Clélie...) C'est taoïste. A la fin, une fois qu'on est bien puni, il y a quand même la réincarnation (si on boit un thé magique offert par une old lady). Les jardins étaient pleins d'animaux peints et heureux sur des pelouses sauvages à flanc de collines ouvertes et vertes comme un immense livre, avec les dieux tout gentils, tout présents, certains bouddhas ressemblant à Shrek - mais, non, il pleuvait vraiment trop, ça dévalait vraiment trop en tsunami, les milliards de milliards de petites gouttes surexcitées, retour à la mer dare-dare, retour immédiat, en charter-toboggan, on était bien heureux d'être abrité dans l'humaine et naïve grotte de l'Enfer de toutes les menaces...

T'embrasse, à bientôt

Yves-Noël

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