Vénus & Adonis, Mari-Mai Corbel
Pascal Rambert a intitulé son festival les "Très Jeunes Créateurs Contemporains", non sans un esprit ironique envers les milieux culturels, mais aussi pour dire que seuls importent les artistes porteurs d’une parole tenue en regard du monde - et non l’esthétique de la création contemporaine ou du spectacle vivant ou encore de quelque concept défini par l’administration de la culture. On pourrait alors objecter qu’Yves-Noël Genod paraît déconnecté du monde, quand il met en scène un poème de Shakespeare sur le désir. Or loin d’être une bluette d’amour courtois comme cela s’est dit, ce poème met en jeu d’une part une pensée du jeu où il s’avance lui-même pour porter ce récit en tant qu’auteur d’une prise de parole, et d’autre part il fait éprouver comment le théâtre du désir exige la prise de parole. D’une part Vénus fétichise la beauté d’Adonis dont elle devient férocement violatrice, et d’autre part parce Adonis préfère la chasse, ou le meurtre aux jeux brûlants de l’amour. Mais, suggère Yves-Noël Genod, Adonis est maladivement muet ou bègue. Incapable de témoigner de son ressenti, il reste inerte face aux empressements de Vénus ; au contraire de Shakespeare ou de l’artiste alias Vénus qui prend feu au contact du poème qu’il imagine. A la toute fin, Adonis (Felix M. Ott un danseur "chat" d’origine allemande) balbutie des mots incompréhensibles, comme malgré tout blessé par le langage à son tour. Comme nous, aspirés dans les tourbillons noirs du désir d’une cage de scène qui soudain se montre dans sa démesure vide, à la toute fin.
("Mouvement".)
("Mouvement".)
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