Thursday, March 11, 2010

Jean Pierre Ceton, sur Hamlet

12 mars 2010//
Y-N G. donnait un Hamlet, son Hamlet 3 au théâtre de Vanves le lundi 8 mars. Il dit qu'il montera toute sa vie des Hamlet, et il a surement raison. D'autant qu'il le fait à sa manière, ne reprenant que le schéma de base si l'on peut dire.
Il me semble que chaque fois Yv-No cherche la sortie. La sortie de l'instance. Mais de quelle instance. Le théâtre, la réalité ?
Comment se situer hors du réel qu'on n'aime pas tel qu'il est ? pourrait être un résumé de l'affaire, coïncidant d'ailleurs avec Hamlet...
Comment sortir du rituel (du tunnel) ? ça il sait le faire. Comment sortir de l'instance prédéterminée ? il sait bien que ce n'est pas facile, car la force d'inertie est la plus forte de toutes les forces.
Si l'on compare à son très beau spectacle "Yves-Noël Genod" donné à Chaillot en 2009, on voit qu'avec cet Hamlet il reprend une même direction, sauf qu'elle est cette fois un peu plus radicalisée. Cette geste des comédiens qui arrivent sur le plateau, seuls généralement, et qui s'installent par exemple pour déballer un sac ou un caddie. Ou bien qui s'essaient à grimper le long des parois. Qui en effet viennent là pour déballer leur sac au sens figuré, donc pour déclamer quelques vérités souvent drôles. Cette geste est devenue moins importante, les histoires de chaque comédien devenues moins importantes, en tous cas ils parlent bas, déballent bas.
Là, à Vanves, oui, il reste comme une ombre de cela. Comme si Yv-No était allé plus loin dans sa démarche, avait radicalisé son propos. Réduit un peu à la Beckett ou encore comme Duras disait : montrer moins pour voir plus...
Donc l'extérieur surprend de l'importance. Une voix off faible en surgit de temps à autre... Une porte s'ouvre dévoilant une voie d'issue certainement. Et puis peut-être que le sujet momentanément c'est la lumière et en fin de compte le salut de fin...
C'est clair qu'il veut enlever de la séparation, l'instance est donc hors du plateau, en extérieur, on se demande même si ce n'est pas nous le public qui sommes les acteurs, d'ailleurs quand deux ou trois personnes exaspérées - en manque d'humour - quittent le spectacle, on croit un instant que ce sont des acteurs, qui, comme certains l'ont fait tout à l'heure, vont aller prendre place sur le plateau... Dire que "prendre place", c'est parfois pour en sortir aussitôt vers le fond ou sur le coté ou vers les spectateurs.
Conclure que de la présence un peu fantomatique sur le plateau, il reste des moments furtifs avec plus d'importance qu'ils semblaient en avoir sur le moment et, au bout de la nuit, le tout se concentre dans le salut final joué dans la beauté des corps et des êtres, qu'on n'a pas envie de quitter ! Salut qui semble pouvoir durer davantage que la pièce elle-même, ou ne jamais finir à la manière d'une fin de symphonie de Gustav Mahler dont on croit toujours qu'elle va se terminer, mais se relance dans la jubilation.
Il y a donc quelque chose de magique ou de mystérieux ou de merveilleux dans cet Hamlet, je n'opterai pas pour l'un de ces M, ni ne distinguerai les comédiens, tous bien.

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