Quelques motivations pour un big stage
"Ceci est une lettre.
Je suis motivée, mais c’est une lettre.
J’ai attendu d’être un peu bourrée pour l’écrire.
Dans la méthode PNL que les gens pratiquent dans les entreprises, on dit que pour bien communiquer avec une personne il faut copier l’attitude de la personne, alors voilà, vous l’avez écrite bourré, je vous répond bourrée, et tout est bien.
Encore faudrait-il que vous la lisiez bourré, mais ça, je ne peux rien y faire, à part prier.
Dieu est donc bien présent dans tout ça .
Je vais écrire sur certains mots de votre lettre, ce qu’ils m’évoquent.
J’avais au lycée un ami très proche qui est ensuite devenu fou. Il pensait être la réincarnation de Jésus, il passait ses journées à appeler France 2 et France 3 pour qu’ils lui accordent une interview pour transmettre la bonne parole.
Armand Robin définissant l’anarchie :
“Se purifier volontairement de toute pensée, de tout comportement pouvant impliquer une domination ou une soumission envers d’autres consciences.” Et je rajouterais: envers sa propre conscience aussi. Je cherche ça. C’est mon obsession.
Le premier jour de cours avec Marco Berrettini, il a dit “improvisation d’une heure sur le thème "Il faut sauver le spectacle vivant"". Puis il a ajouté “Vous pouvez utiliser mon ghetto-blaster et mon vieux CD de Beyonce”. Depuis je le suis (du verbe suivre).
Ma soeur Perrine travaille dans une entreprise coréenne où ses patrons, très polis pendant la journée, ont pour tradition le jeudi soir de se bourrer la gueule ensemble puis de s’insulter voire de se battre. C’est depuis des années une équipe très soudée.
J’aime beaucoup les numéros minables. Par exemple, je suis allée voir il y a pas longtemps un spectacle de Dita Von Teese, qui était accompagnée par Gentry From Paris, une pin up qui a un corps très imparfait, vieillissant, qui danse très mal, le public était atterré quand elle était sur scène et moi je trouvais ça magnifique. Atterrer les gens je trouve ça intéressant parce qu’on les confronte à leurs attentes.
Vos spectacles me font très peur. J’espère que vous ne le prendrez pas mal, mais je trouve qu’on voit chez les acteurs chez vous un double mouvement. C’est à dire qu’on voit leur travail, une grande liberté, leur humour, on voit qu’il ont chacun un rôle déterminé à jouer dans le spectacle pour qu’il fonctionne. Mais, moi, ce que j’y vois aussi, qui est mis à nu, c’est un besoin énorme, maladif, de se faire applaudir très fort à la fin. Parce que, quand même, on n’est pas des musiciens ni des peintres, ce qu’on met en spectacle, c’est pas seulement une oeuvre ou un instrument, c’est nous-mêmes. Ca a été très violent pour moi de voir ça. Ce besoin de se faire applaudir très fort à la fin. Comme vous dites, je pense que c’est une réalité. Et, chez vous, c’est beau. Et ça fonde une race. La mienne. Celle de ceux qui ont besoin de se donner en spectacle pour être libres, ce qui est quand même contradictoire. Ça part d’une blessure. Je me suis beaucoup voilée la face sur ce sujet, cachée derrière des messages, des rôles. J’ai beaucoup nié ça. Vos derniers spectacles ont été une belle claque dans ma gueule salvatrice et je voulais vous remercier parce qu’ils m’aident. C’est pour ça que je veux faire ce stage avec vous. J’espère que j’arrive à me faire comprendre, ça m’est assez difficile de le mettre en mot.
Sinon, Jésus est maigre et fait la gueule, Bouddha est gros, très coloré, et sourit.
Il me plaît de penser, que comme Bouddha est un parvenu de la spiritualité contrairement à l’autre qui l’est de naissance, il faut être un peu boulimique de la vie pour s’élever.
Je vais souvent dans un karaoke à Pigalle pour chanter avec les autres. Il y a ceux qui chantent bien, ceux qui ont l’air d’avoir des vies bien cadrées, ceux qu’on pourrait considérer comme des épaves, des jeunes en bandes, des vieux tout seuls, même un nain, et, à travers le chant, les gens expriment leurs états d’âmes et tout le monde chante avec eux, c’est une communion, comme à la messe, je trouve ça très beau .
J’aime beaucoup les chansons de variété parce qu’elles disent la vérité comme dit l’autre.
Je dois en connaître 100 par coeur.
Voilà, en espérant que ma lettre vous parlera et que vous y trouverez des endroits ou nos âmes ont des points de contact mutuels. C’est lyrique de dire ça, mais bon, j’ai le droit, et puis c’est du Tcheckhov, et en plus si vous êtes bourré vous comprendrez.
Laetitia"
"Cher Yves-Noël Genod,
Vous proposez un stage qui ne se présente pas du tout comme tel, mais comme un moment de vie avec une meute d'acteurs. C'est simple et ça respire une exigence forte dans des endroits insoupçonnés. Et alors des ailes me poussent dans le dos pour venir, pour travailler, pour vivre et pour rencontrer ce groupe inconnu, cette matière nouvelle.
Et c'est important, oh que c'est important, de ne pas présenter les choses clairement, enfin frontalement, bêtement je veux dire. Parce que c'est très clair quand même, il s'agit de l'essentiel non ? Il s'agit d'être là?
Votre proposition, est une invitation à la liberté ! A une liberté collective et hors norme. A laquelle je voudrais prêter ma voix, ma peau, mes os et mes nerfs.
Et puis il y a le titre, "Est-ce là l'image de Dieu ?", le titre comme une consigne.
Ou bien "Jouer Dieu" comme vous le précisez.
C'est à dire aussi raconter les hommes.
C'est à dire être des évidences, des fulgurences.
Ho oui, j'aimerais cela, que nous ne soyons qu'évidence.
Jouer Dieu, c'est marrant parce que je travaille pas mal dans une approche "talmudique" du théâtre, interprétations multiples, le "laisser ouvert", théâtre comme question. Disons plutôt l'homme comme question. Mais cela semble très instinctif chez vous (le devenir animal, cher à Deleuze), plus du côté des poètes que des philosophe.
Alors je voudrais expérimenter cela.
Certes, je n'ai vu votre travail qu'en vidéo
Mais j'y aime cette sensation de fragilité, d'inachèvement, d'en-train-de-se-faire.
Je suis un jeune homme de 28 ans. J'ai une formation théâtrale classique, un parcours professionnel assez chaotique, j'ai passé quelques années à faire des chantiers dans le bâtiment, je reviens tout juste d'une grosse tempête.
Les poètes m'accompagnent, bon, c'est sûr, ça, on s'en doute : les acteurs et les poètes, ils s'aiment, mais je vous le dis quand même et je vous fais même une courte liste incomplète et ridicule de quelques étoiles de ma constellation de poètes :
Frédérique Guétat-Liviani
Henry Michaux
Arno Calleja
Emily Dickison
Fernando Pessoa
De la jubilation !
De la littérature !
"Soirée anarchiste !
Théâtre magique !
Tout le monde n'est pas auto..."
(Le Loup des steppes, Hermann Hesse, p 61 du livre de poche)
Je pratique l'improvisation (dans sa forme dite "libre") par la danse-contact et des "lectures concerts" improvisés.
De la poésie ha, ça, oui, de la poésie et partout et pas des truc fleurs bleue, quoique les trucs fleurs bleue, c'est touchant parfois et il s'agit de ça, non ? d'être touchant.
C'est, ça, le jeux aussi : toucher des trucs chez les uns chez les autres c'est pour ça qu'on est là, non?
Je suis mélomane comment ne pas l'être ? mais pas musicien, non, ça, non. J'ai un saxophone alto mais j'en joue vraiment comme un pied. Mais je peux l'amener quand même. Et quand je commence un travail (un stage ou un spectacle peu importe) je viens toujours avec des gigaoctets de sonore (son et musique) des piles de bouquins et quelques accessoires.
Sinon je suis un grand mec assez maigre et désarticulé avec des os saillants, j'aime beaucoup me rouler en boule et mes lectures sont souvent inachevées.
Voilà une matrice somme toute désordonnée, qui j'espère vous donnera un aperçu de "qui je suis" et de mon désir de participer à votre stage.
Bien à vous,
Bastien Mignot-Cohen"
"Bonjour, les pièces que travaille Yves-Noël Genod sont, pour moi, les plus déroutantes que j’ai pu voir ces dernières années. Les plus vivantes, folles et démocratiques. La place des acteurs, le groupe, l’individualité y sont éprouvés comme je rêve qu’ils le soient toujours. C'est-à-dire reçus comme une grâce, une connivence : cligner des yeux pour se voir, pour se regarder.
Cordialement. VALERIE CRUNCHANT"
Bonjour Yves-Noël,
J'ai lu votre texte et j'ai la prétention de l'avoir compris.
Je pense que je suis assez handicapée physiquement et mentalement pour pouvoir jouir de ce travail de recherche.
J'ai contacté déjà à plusieurs reprises le centre ainsi que Sébastien Roux, mais il ne répond pas.
Je vais encore essayer de le joindre.
Je vous tiens au courant en espérant que je pourrais faire parti de ce stage.
En attendant, je pars à la découverte des premiers temples du monde.
Cordialement
Ka
(Katarzina Krotki.)
Je suis motivée, mais c’est une lettre.
J’ai attendu d’être un peu bourrée pour l’écrire.
Dans la méthode PNL que les gens pratiquent dans les entreprises, on dit que pour bien communiquer avec une personne il faut copier l’attitude de la personne, alors voilà, vous l’avez écrite bourré, je vous répond bourrée, et tout est bien.
Encore faudrait-il que vous la lisiez bourré, mais ça, je ne peux rien y faire, à part prier.
Dieu est donc bien présent dans tout ça .
Je vais écrire sur certains mots de votre lettre, ce qu’ils m’évoquent.
J’avais au lycée un ami très proche qui est ensuite devenu fou. Il pensait être la réincarnation de Jésus, il passait ses journées à appeler France 2 et France 3 pour qu’ils lui accordent une interview pour transmettre la bonne parole.
Armand Robin définissant l’anarchie :
“Se purifier volontairement de toute pensée, de tout comportement pouvant impliquer une domination ou une soumission envers d’autres consciences.” Et je rajouterais: envers sa propre conscience aussi. Je cherche ça. C’est mon obsession.
Le premier jour de cours avec Marco Berrettini, il a dit “improvisation d’une heure sur le thème "Il faut sauver le spectacle vivant"". Puis il a ajouté “Vous pouvez utiliser mon ghetto-blaster et mon vieux CD de Beyonce”. Depuis je le suis (du verbe suivre).
Ma soeur Perrine travaille dans une entreprise coréenne où ses patrons, très polis pendant la journée, ont pour tradition le jeudi soir de se bourrer la gueule ensemble puis de s’insulter voire de se battre. C’est depuis des années une équipe très soudée.
J’aime beaucoup les numéros minables. Par exemple, je suis allée voir il y a pas longtemps un spectacle de Dita Von Teese, qui était accompagnée par Gentry From Paris, une pin up qui a un corps très imparfait, vieillissant, qui danse très mal, le public était atterré quand elle était sur scène et moi je trouvais ça magnifique. Atterrer les gens je trouve ça intéressant parce qu’on les confronte à leurs attentes.
Vos spectacles me font très peur. J’espère que vous ne le prendrez pas mal, mais je trouve qu’on voit chez les acteurs chez vous un double mouvement. C’est à dire qu’on voit leur travail, une grande liberté, leur humour, on voit qu’il ont chacun un rôle déterminé à jouer dans le spectacle pour qu’il fonctionne. Mais, moi, ce que j’y vois aussi, qui est mis à nu, c’est un besoin énorme, maladif, de se faire applaudir très fort à la fin. Parce que, quand même, on n’est pas des musiciens ni des peintres, ce qu’on met en spectacle, c’est pas seulement une oeuvre ou un instrument, c’est nous-mêmes. Ca a été très violent pour moi de voir ça. Ce besoin de se faire applaudir très fort à la fin. Comme vous dites, je pense que c’est une réalité. Et, chez vous, c’est beau. Et ça fonde une race. La mienne. Celle de ceux qui ont besoin de se donner en spectacle pour être libres, ce qui est quand même contradictoire. Ça part d’une blessure. Je me suis beaucoup voilée la face sur ce sujet, cachée derrière des messages, des rôles. J’ai beaucoup nié ça. Vos derniers spectacles ont été une belle claque dans ma gueule salvatrice et je voulais vous remercier parce qu’ils m’aident. C’est pour ça que je veux faire ce stage avec vous. J’espère que j’arrive à me faire comprendre, ça m’est assez difficile de le mettre en mot.
Sinon, Jésus est maigre et fait la gueule, Bouddha est gros, très coloré, et sourit.
Il me plaît de penser, que comme Bouddha est un parvenu de la spiritualité contrairement à l’autre qui l’est de naissance, il faut être un peu boulimique de la vie pour s’élever.
Je vais souvent dans un karaoke à Pigalle pour chanter avec les autres. Il y a ceux qui chantent bien, ceux qui ont l’air d’avoir des vies bien cadrées, ceux qu’on pourrait considérer comme des épaves, des jeunes en bandes, des vieux tout seuls, même un nain, et, à travers le chant, les gens expriment leurs états d’âmes et tout le monde chante avec eux, c’est une communion, comme à la messe, je trouve ça très beau .
J’aime beaucoup les chansons de variété parce qu’elles disent la vérité comme dit l’autre.
Je dois en connaître 100 par coeur.
Voilà, en espérant que ma lettre vous parlera et que vous y trouverez des endroits ou nos âmes ont des points de contact mutuels. C’est lyrique de dire ça, mais bon, j’ai le droit, et puis c’est du Tcheckhov, et en plus si vous êtes bourré vous comprendrez.
Laetitia"
"Cher Yves-Noël Genod,
Vous proposez un stage qui ne se présente pas du tout comme tel, mais comme un moment de vie avec une meute d'acteurs. C'est simple et ça respire une exigence forte dans des endroits insoupçonnés. Et alors des ailes me poussent dans le dos pour venir, pour travailler, pour vivre et pour rencontrer ce groupe inconnu, cette matière nouvelle.
Et c'est important, oh que c'est important, de ne pas présenter les choses clairement, enfin frontalement, bêtement je veux dire. Parce que c'est très clair quand même, il s'agit de l'essentiel non ? Il s'agit d'être là?
Votre proposition, est une invitation à la liberté ! A une liberté collective et hors norme. A laquelle je voudrais prêter ma voix, ma peau, mes os et mes nerfs.
Et puis il y a le titre, "Est-ce là l'image de Dieu ?", le titre comme une consigne.
Ou bien "Jouer Dieu" comme vous le précisez.
C'est à dire aussi raconter les hommes.
C'est à dire être des évidences, des fulgurences.
Ho oui, j'aimerais cela, que nous ne soyons qu'évidence.
Jouer Dieu, c'est marrant parce que je travaille pas mal dans une approche "talmudique" du théâtre, interprétations multiples, le "laisser ouvert", théâtre comme question. Disons plutôt l'homme comme question. Mais cela semble très instinctif chez vous (le devenir animal, cher à Deleuze), plus du côté des poètes que des philosophe.
Alors je voudrais expérimenter cela.
Certes, je n'ai vu votre travail qu'en vidéo
Mais j'y aime cette sensation de fragilité, d'inachèvement, d'en-train-de-se-faire.
Je suis un jeune homme de 28 ans. J'ai une formation théâtrale classique, un parcours professionnel assez chaotique, j'ai passé quelques années à faire des chantiers dans le bâtiment, je reviens tout juste d'une grosse tempête.
Les poètes m'accompagnent, bon, c'est sûr, ça, on s'en doute : les acteurs et les poètes, ils s'aiment, mais je vous le dis quand même et je vous fais même une courte liste incomplète et ridicule de quelques étoiles de ma constellation de poètes :
Frédérique Guétat-Liviani
Henry Michaux
Arno Calleja
Emily Dickison
Fernando Pessoa
De la jubilation !
De la littérature !
"Soirée anarchiste !
Théâtre magique !
Tout le monde n'est pas auto..."
(Le Loup des steppes, Hermann Hesse, p 61 du livre de poche)
Je pratique l'improvisation (dans sa forme dite "libre") par la danse-contact et des "lectures concerts" improvisés.
De la poésie ha, ça, oui, de la poésie et partout et pas des truc fleurs bleue, quoique les trucs fleurs bleue, c'est touchant parfois et il s'agit de ça, non ? d'être touchant.
C'est, ça, le jeux aussi : toucher des trucs chez les uns chez les autres c'est pour ça qu'on est là, non?
Je suis mélomane comment ne pas l'être ? mais pas musicien, non, ça, non. J'ai un saxophone alto mais j'en joue vraiment comme un pied. Mais je peux l'amener quand même. Et quand je commence un travail (un stage ou un spectacle peu importe) je viens toujours avec des gigaoctets de sonore (son et musique) des piles de bouquins et quelques accessoires.
Sinon je suis un grand mec assez maigre et désarticulé avec des os saillants, j'aime beaucoup me rouler en boule et mes lectures sont souvent inachevées.
Voilà une matrice somme toute désordonnée, qui j'espère vous donnera un aperçu de "qui je suis" et de mon désir de participer à votre stage.
Bien à vous,
Bastien Mignot-Cohen"
"Bonjour, les pièces que travaille Yves-Noël Genod sont, pour moi, les plus déroutantes que j’ai pu voir ces dernières années. Les plus vivantes, folles et démocratiques. La place des acteurs, le groupe, l’individualité y sont éprouvés comme je rêve qu’ils le soient toujours. C'est-à-dire reçus comme une grâce, une connivence : cligner des yeux pour se voir, pour se regarder.
Cordialement. VALERIE CRUNCHANT"
Bonjour Yves-Noël,
J'ai lu votre texte et j'ai la prétention de l'avoir compris.
Je pense que je suis assez handicapée physiquement et mentalement pour pouvoir jouir de ce travail de recherche.
J'ai contacté déjà à plusieurs reprises le centre ainsi que Sébastien Roux, mais il ne répond pas.
Je vais encore essayer de le joindre.
Je vous tiens au courant en espérant que je pourrais faire parti de ce stage.
En attendant, je pars à la découverte des premiers temples du monde.
Cordialement
Ka
(Katarzina Krotki.)
Labels: stage
posted by Marie-Noëlle Genod, le dispariteur at 2:55 AM
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