Tuesday, July 27, 2010

Entre la chair et l'âme

J'ai dormi, mal dormi, bien dormi. Je suis heureux. J'ai dormi avec E. Il ou elle. Impossible de savoir dans quel sens. Il n'y a pas d'histoire. Ni d'homosexualité ni d'hétérosexualité. Ni même de sexualité. Enfin, pas d'histoire. Pas de noir, pas de péché, tendresse. Affection (mot trop fort), secret, affectivité (mots trop forts). Rien, encore, serait le mot. (Mais le rien à profusion : des tonnes de soleil, des masses d'eau, la terre et le ciel. Et la ville discrète, multiple, ruche d'abeilles, secrète (là, le mot convient). Et puis Dieu, discret. Si discret, quelques églises comme une faute de goût, une tâche, comme la police. L'église, les fonctionnaires, les subventions : rien. C'est rien.) C'est la ville de juillet. "Aimes-tu Marseille ? - C'est ma ville préférée de France." Elle se déverse, elle se retient, elle se regard, elle se bord. Elle est là, suspendue, nue, multiple, Wittgenstein. Elle est imaginairement imaginaire. Il paraît qu'il faut se doucher après le bain, qu'on peut attraper des boutons. J'ai dit : "Oh, on s'en fout..." On s'est pas douché. Les lions regardent de tous les points cardinaux. Il y en a partout, le ciel et le jour. L'amour, l'amour, l'amitié. Les moineaux. Toucher le sol, la poussière, l'air. S'occuper des plantes, des animaux, des modestes humains. (Ceux qui n'ont pas de cerveau, que de la place disponible, inutilisée, qui ne sera jamais utilisée. Comme disait Duras : "Ce n'est pas la peine." Parce que ce n'est pas la peine, pas tellement la peine. Sauf la musique, peut-être, de John Cage. Même pas la musique (peut-être, de John Cage).) Tandis que l'oiseau brillant, de plastique, brille infiniment dans le ciel d'étain. Nuage comme un lac (de montagne, d'eau blanche). On s'est baigné cette nuit avec E., T., B. La mer était noire et froide. Il y avait la lune. La mer était glacée à cause du mistral. Mais elle lavait tous les péchés, les informations. A cause du sel. Elle était salée.



(Gare de Marseille Saint Charles.)






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