Correspondance rapide avec Joëlle Gayot
Bonjour, Joëlle,
J'ai enfin trouvé votre article dans la revue « Ubu » que vous me recommandiez cet été. C'est épatant ! Et je suis épaté aussi par votre talent ! Vous inventez le théâtre ! Et si vous aviez raison ? Comme je le dis sur mon blog, ça m'a remonté les chaussettes, votre enthousiasme ! Vous le communiquez très bien et j'ai fait très attention aux noms que vous citiez. Comme je n'en connais pas la moitié, mes yeux pétillaient de joie et salivaient d'envie (je sais que ce mot ne concerne pas les yeux, mais je lisais...) J'aime particulièrement : « Une minute dure deux heures, une heure dure une poignée de secondes. » qui me rappelle, presque exactement formulé, ce que disait Vénus à Avignon. Je présenterai un nouveau spectacle le 8 octobre à Montévidéo (actOral) que je viens de répéter (en trois jours sur place). Jusqu'à la générale hier soir, il était sublimissime. Il fait quarante minutes, mais j'espère, j'en ai eu la sensation, que ces minutes soient des jours. Il est en référence à ces mots de la Genèse : « Il y eut un soir, il y eut un matin » et il s'appellera (peut-être) La Mort d'Ivan Ilitch. A moins que ça s’appelle : Qu’est-ce que la danse ? Il ne pèse rien et pourtant, comme vous le dites très bien, il est d'une parfaite gravité équilibrée – gravité terrestre – car on y dit, par exemple : « Là-haut, tu dois croquer la pomme, / Monsieur le diable, / Mais le vieux plancher des hommes, / C'est formidable ! » Ou aussi : « La vie, c'est plus pétillant/ que le champagne ! » J'ai aimé, bien sûr, que vous parliez de l'acteur comme du centre impérieux de ce théâtre. Voilà au moins une chose que je n'aurais plus à répéter ! A Marseille, j'ai eu de la chance, comme toujours : c'est Thomas Gonzalez (vous voyez qui ?) Impérieux, absolu et seul, nu et infini comme la note d'un oiseau. Et cette proposition, comme vous le dites, s'est évidemment pensée autour de lui, « garant de la théâtralité ». Oui, « Autour, finalement, ce n'est qu'organisation de l'espace, de la durée et des signes... » C'est un plaisir d'être si bien compris que j'aurai maintenant l'impression de vous suivre, moi. Impression qui me sera bien flatteuse et bien agréable, je vous l'assure ! Ainsi, avec toute mon amitié, je vous dis à bientôt
Yves-Noël
Cher Yves Noël,
Etrange que vous m'écriviez aujourd'hui (j'avais à cet égard dans mes tiroirs un exemplaire d' « Ubu » pour vous, mais vous ne m'avez jamais donné votre adresse). Merci pour votre mail, je disais « étrange » car j'ai parlé de vous il y a moins d'une semaine (je parle souvent de vous au sens large comme de ce qui existe de plus réjouissant dans le théâtre actuellement), mais, là, en l'occurrence, c'était avec le philosophe Alain Jugnon que j'avais invité sur Artaud et qui disait que si Artaud existait aujourd'hui, il ne vous désavouerait pas. Tout à coup, le parallèle m'a paru limpide, non sur la folie du bonhomme, mais sur sa capacité à jaillir de manière éruptive et étonnante, comme un diable sorti de sa boîte, dans les endroits les plus probables et les plus improbables. Vu l'état d'apathie du théâtre en ce moment, savoir que vous êtes là fait un bien fou. D'artistique, vous devenez thérapeutique... Je plaisante, mais à peine. Continuez, ne vous laissez pas dévorer tout cru par les loups aux dents longues qui ne manqueront pas de vous guetter au coin de leur bois institutionnel. C’est tout le bien que je NOUS souhaite.
Amicalement
Joëlle
Moi aussi, NOUS... Mais ne vous inquiétez pas pour les loups institutionnels (c'était la seule partie que je trouvais peut-être un peu surchauffée dans votre somptueuse et précise rêverie, l'enthousiasme à croire que l'Institution, à un moment, prend forcément le relais). Moi, je n'ai rien de prévu cette saison, voyez, ça n'est venu à l'idée d'aucun loup... Je me sens encore très sécurisé... J'adore l'institution et je n'y ferai, je crois, que ce que je veux... La salle de l'Odéon ou les Bouffes du Nord ou le cloître des Carmes..., ce serait somptueux, non ? Ah, là, là... Vous savez le mot de Jean Blaise (rapporté par Patricia Buck) à l'occasion de mon premier one man show, En attendant Genod, au Lieu Unique, à Nantes : « Il est génial, mais il va s'faire récupérer très vite par le show-biz... » Ça m'a fait tourner l'esprit un moment, ça... (Bien que je savais aussi que ça prouvait juste que je savais jouer à la star.) Avec votre aide, peut-être... (Plus celle de Philippe Katerine qui m'institutionnalise dans une de ses dernières chansons, « Morts-vivants »).
Au plaisir
YN
J'ai enfin trouvé votre article dans la revue « Ubu » que vous me recommandiez cet été. C'est épatant ! Et je suis épaté aussi par votre talent ! Vous inventez le théâtre ! Et si vous aviez raison ? Comme je le dis sur mon blog, ça m'a remonté les chaussettes, votre enthousiasme ! Vous le communiquez très bien et j'ai fait très attention aux noms que vous citiez. Comme je n'en connais pas la moitié, mes yeux pétillaient de joie et salivaient d'envie (je sais que ce mot ne concerne pas les yeux, mais je lisais...) J'aime particulièrement : « Une minute dure deux heures, une heure dure une poignée de secondes. » qui me rappelle, presque exactement formulé, ce que disait Vénus à Avignon. Je présenterai un nouveau spectacle le 8 octobre à Montévidéo (actOral) que je viens de répéter (en trois jours sur place). Jusqu'à la générale hier soir, il était sublimissime. Il fait quarante minutes, mais j'espère, j'en ai eu la sensation, que ces minutes soient des jours. Il est en référence à ces mots de la Genèse : « Il y eut un soir, il y eut un matin » et il s'appellera (peut-être) La Mort d'Ivan Ilitch. A moins que ça s’appelle : Qu’est-ce que la danse ? Il ne pèse rien et pourtant, comme vous le dites très bien, il est d'une parfaite gravité équilibrée – gravité terrestre – car on y dit, par exemple : « Là-haut, tu dois croquer la pomme, / Monsieur le diable, / Mais le vieux plancher des hommes, / C'est formidable ! » Ou aussi : « La vie, c'est plus pétillant/ que le champagne ! » J'ai aimé, bien sûr, que vous parliez de l'acteur comme du centre impérieux de ce théâtre. Voilà au moins une chose que je n'aurais plus à répéter ! A Marseille, j'ai eu de la chance, comme toujours : c'est Thomas Gonzalez (vous voyez qui ?) Impérieux, absolu et seul, nu et infini comme la note d'un oiseau. Et cette proposition, comme vous le dites, s'est évidemment pensée autour de lui, « garant de la théâtralité ». Oui, « Autour, finalement, ce n'est qu'organisation de l'espace, de la durée et des signes... » C'est un plaisir d'être si bien compris que j'aurai maintenant l'impression de vous suivre, moi. Impression qui me sera bien flatteuse et bien agréable, je vous l'assure ! Ainsi, avec toute mon amitié, je vous dis à bientôt
Yves-Noël
Cher Yves Noël,
Etrange que vous m'écriviez aujourd'hui (j'avais à cet égard dans mes tiroirs un exemplaire d' « Ubu » pour vous, mais vous ne m'avez jamais donné votre adresse). Merci pour votre mail, je disais « étrange » car j'ai parlé de vous il y a moins d'une semaine (je parle souvent de vous au sens large comme de ce qui existe de plus réjouissant dans le théâtre actuellement), mais, là, en l'occurrence, c'était avec le philosophe Alain Jugnon que j'avais invité sur Artaud et qui disait que si Artaud existait aujourd'hui, il ne vous désavouerait pas. Tout à coup, le parallèle m'a paru limpide, non sur la folie du bonhomme, mais sur sa capacité à jaillir de manière éruptive et étonnante, comme un diable sorti de sa boîte, dans les endroits les plus probables et les plus improbables. Vu l'état d'apathie du théâtre en ce moment, savoir que vous êtes là fait un bien fou. D'artistique, vous devenez thérapeutique... Je plaisante, mais à peine. Continuez, ne vous laissez pas dévorer tout cru par les loups aux dents longues qui ne manqueront pas de vous guetter au coin de leur bois institutionnel. C’est tout le bien que je NOUS souhaite.
Amicalement
Joëlle
Moi aussi, NOUS... Mais ne vous inquiétez pas pour les loups institutionnels (c'était la seule partie que je trouvais peut-être un peu surchauffée dans votre somptueuse et précise rêverie, l'enthousiasme à croire que l'Institution, à un moment, prend forcément le relais). Moi, je n'ai rien de prévu cette saison, voyez, ça n'est venu à l'idée d'aucun loup... Je me sens encore très sécurisé... J'adore l'institution et je n'y ferai, je crois, que ce que je veux... La salle de l'Odéon ou les Bouffes du Nord ou le cloître des Carmes..., ce serait somptueux, non ? Ah, là, là... Vous savez le mot de Jean Blaise (rapporté par Patricia Buck) à l'occasion de mon premier one man show, En attendant Genod, au Lieu Unique, à Nantes : « Il est génial, mais il va s'faire récupérer très vite par le show-biz... » Ça m'a fait tourner l'esprit un moment, ça... (Bien que je savais aussi que ça prouvait juste que je savais jouer à la star.) Avec votre aide, peut-être... (Plus celle de Philippe Katerine qui m'institutionnalise dans une de ses dernières chansons, « Morts-vivants »).
Au plaisir
YN
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