Roman
Je suis dans une grande ville qui ne me fait rien. Parce que cette grande ville, c’est ma vie. C’est ma vie de moi tout seul. Et ça ne m’intéresse pas. Voilà, c’est mon début de mon roman de ce soir. Et, si je pense à mes lecteurs de ce blog, je suis forcé de m’arrêter là. Je ne tiens pas à déprimer. Mais je pourrais commencer un roman, un roman qui ne s’adresserait pas ou bien plus tard, après la mort de l’auteur, la mort du narrateur, un roman, quoi.
J’aperçois ce que j’aperçois de ma fenêtre et, bien sûr, ce n’est pas la nature, ce n’est pas le luxe, la nature disponible et disposée pour notre contentement, les grandes étendues naturelles, les mers sombres, les ciels d’orages, les poètes, les rêves.
Je suis retenu aussi à cause d’un amour qui n’en est pas un, mais, de ce fait, pourrait en prendre la place, pourrait y prétendre – à l’amour…
Qu’est-ce que j’écrivais récemment sur l’amour ? L’amour… Non, je ne me souviens plus.
Il y a les paysages.
Aujourd’hui, je suis allé à Versailles. J’avais oublié mon téléphone en partant de chez moi, alors ça a été une journée sans téléphone et, donc, je suis allé à Versailles. Je suis allé à Versailles bien qu’on m’ait téléphoné que ce n’était pas la peine parce que les deux Africains étaient coincés à Bruxelles.
Je suis allé au potager du roi à Versailles. J’ai ramassé, dans les allées, une pomme de terre (Parmentier) et des pommes tombées. Mais un jardinier, sur une machine roulante rutilante, m’a arrêté : "Ne les mangez pas, les sols sont traités !" Comme on m’avait parlé d’histoires atroces du théâtre de la Criée à Marseille chargé d’amiante, je me suis demandé quand le roi allait enfin passer au bio ! Versailles était phénoménal – pour les yeux. Comme c’était une journée sans téléphone, c’était aussi une journée sans appareil photo. Des vacances, quoi. Et la grande expo de Takashi Murakami n’était pas commencée…
Il y avait l’été, il y avait septembre. Sur septembre, on pourrait parler sans fin. Il allait faire beau. Les jardiniers avaient dit : "S’il fait beau à la Saint-Gilles, il fait beau pendant trente jours." La Saint-Gilles était le premier septembre.
Je vais commencer un roman sans penser au titre, pour une fois. Ce ne sera pas : Le Pays des merveilles de Versailles. Ce ne sera pas : Le Contenu des veilles, bien que ce soit le plus beau titre que j’ai trouvé depuis un moment. Ça ne sera pas, ça ne sera pas… "Le contenu des veilles", c’est une expression dans Electre pour dire les larmes.
Je vais commencer un roman sans penser au lecteur. Je l’espère court. Sans penser au lecteur, ce sera ça, la prière, l’acte d’abandon. J’ai été ému par une histoire atroce dans le journal, mais une histoire merveilleuse. Il y a tout à disposition quand on écrit, il y a tout, maintenant la neige. Et puis la multiplicité. Il ne faut rien ramener à soi, c’est ça, l’astuce, et, ça, la difficulté. C’est ça, la différence. Rien à soi, tout laisser dans l’état de l’abandon. Alors on écrira un grand livre. Comme les autres.
L’heure passe toujours trop vite, trop faible. Je suis le chat du Cheshire. Je travaille et je suis l’amant à Cambridge et à Oxford. C’est vendredi et je continue de lire. Une série de livres épanouis.
Abrité sous un pas-de-porte, Murphy attend son taxi en fumant, pénétré par la désolation du monde, en lui et hors de lui.
J’aperçois ce que j’aperçois de ma fenêtre et, bien sûr, ce n’est pas la nature, ce n’est pas le luxe, la nature disponible et disposée pour notre contentement, les grandes étendues naturelles, les mers sombres, les ciels d’orages, les poètes, les rêves.
Je suis retenu aussi à cause d’un amour qui n’en est pas un, mais, de ce fait, pourrait en prendre la place, pourrait y prétendre – à l’amour…
Qu’est-ce que j’écrivais récemment sur l’amour ? L’amour… Non, je ne me souviens plus.
Il y a les paysages.
Aujourd’hui, je suis allé à Versailles. J’avais oublié mon téléphone en partant de chez moi, alors ça a été une journée sans téléphone et, donc, je suis allé à Versailles. Je suis allé à Versailles bien qu’on m’ait téléphoné que ce n’était pas la peine parce que les deux Africains étaient coincés à Bruxelles.
Je suis allé au potager du roi à Versailles. J’ai ramassé, dans les allées, une pomme de terre (Parmentier) et des pommes tombées. Mais un jardinier, sur une machine roulante rutilante, m’a arrêté : "Ne les mangez pas, les sols sont traités !" Comme on m’avait parlé d’histoires atroces du théâtre de la Criée à Marseille chargé d’amiante, je me suis demandé quand le roi allait enfin passer au bio ! Versailles était phénoménal – pour les yeux. Comme c’était une journée sans téléphone, c’était aussi une journée sans appareil photo. Des vacances, quoi. Et la grande expo de Takashi Murakami n’était pas commencée…
Il y avait l’été, il y avait septembre. Sur septembre, on pourrait parler sans fin. Il allait faire beau. Les jardiniers avaient dit : "S’il fait beau à la Saint-Gilles, il fait beau pendant trente jours." La Saint-Gilles était le premier septembre.
Je vais commencer un roman sans penser au titre, pour une fois. Ce ne sera pas : Le Pays des merveilles de Versailles. Ce ne sera pas : Le Contenu des veilles, bien que ce soit le plus beau titre que j’ai trouvé depuis un moment. Ça ne sera pas, ça ne sera pas… "Le contenu des veilles", c’est une expression dans Electre pour dire les larmes.
Je vais commencer un roman sans penser au lecteur. Je l’espère court. Sans penser au lecteur, ce sera ça, la prière, l’acte d’abandon. J’ai été ému par une histoire atroce dans le journal, mais une histoire merveilleuse. Il y a tout à disposition quand on écrit, il y a tout, maintenant la neige. Et puis la multiplicité. Il ne faut rien ramener à soi, c’est ça, l’astuce, et, ça, la difficulté. C’est ça, la différence. Rien à soi, tout laisser dans l’état de l’abandon. Alors on écrira un grand livre. Comme les autres.
L’heure passe toujours trop vite, trop faible. Je suis le chat du Cheshire. Je travaille et je suis l’amant à Cambridge et à Oxford. C’est vendredi et je continue de lire. Une série de livres épanouis.
Abrité sous un pas-de-porte, Murphy attend son taxi en fumant, pénétré par la désolation du monde, en lui et hors de lui.
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