Dans l’obscurité de l’automne
Pierre clôt son blog. En voici le prologue et l'épilogue. Il a commencé un roman (un roman secret où je n'ai nul accès). Mais le blog est un navire. Il voyage, il voyage...
mercredi, 27 octobre 2010
Epilogue
Ce n'est pas que je veuille charger le sens, forcer le sens. Je suis girouette qui aurait perdu la sensation du chaud et du froid. J'ai trempé les mains dans l'eau fraîche pour nettoyer le marbre de la tombe, mes doigts n'ont même pas gelé. Ce serait ici l'épilogue de mon blog. J'en ai relu le prologue hier, et tout murmure ces temps-ci que cette écriture-là peut s'arrêter naturellement, sans heurt, car l'objet est poli.
dimanche, 23 mars 2008
Chez moi
La maison de marbre blanc, les proportions parfaites, les arêtes nettes. L'ordre au dehors, et on imagine aussi au dedans. La maison de marbre blanc m'a laissé sans mots jusqu'à aujourd'hui. La maison de marbre blanc dans la grande cage métallique, et la guillotine qui menace. Le contraste des matières, le contraste du sombre métal et du marbre presque translucide. La maison comme emprisonnée. La guillotine: le passé tué par le présent. Et à l'intérieur de la maison, on se guillotine aussi. La maison pleine de cruauté. On brise et on casse.
La maison et la mère. La femme-maison.
Les maisons. Toutes les maisons que j'ai connues.
La maison familiale, bientôt guillotinée puisque papa va la revendre. C'est une question de mois.
J'ai l'art de tourner la page, de quitter une maison pour une autre. Et un jour de quitter une maison pour rien d'autre. J'ai quitté ma mère aussi. J'ai quitté ma femme.
Il me reste ma fille. Elle dit chez nous. Alors je dis chez nous.
Je ne peux dire que les lieux d'où je viens, et je n'en sais que des souvenirs. J'essaierai de dire où je suis, en notes et vers, en bribes de récits. Je me souviens rarement de mes rêves, il y en aura donc peu ici. Ici sera un peu chez moi.
mercredi, 27 octobre 2010
Epilogue
Ce n'est pas que je veuille charger le sens, forcer le sens. Je suis girouette qui aurait perdu la sensation du chaud et du froid. J'ai trempé les mains dans l'eau fraîche pour nettoyer le marbre de la tombe, mes doigts n'ont même pas gelé. Ce serait ici l'épilogue de mon blog. J'en ai relu le prologue hier, et tout murmure ces temps-ci que cette écriture-là peut s'arrêter naturellement, sans heurt, car l'objet est poli.
dimanche, 23 mars 2008
Chez moi
La maison de marbre blanc, les proportions parfaites, les arêtes nettes. L'ordre au dehors, et on imagine aussi au dedans. La maison de marbre blanc m'a laissé sans mots jusqu'à aujourd'hui. La maison de marbre blanc dans la grande cage métallique, et la guillotine qui menace. Le contraste des matières, le contraste du sombre métal et du marbre presque translucide. La maison comme emprisonnée. La guillotine: le passé tué par le présent. Et à l'intérieur de la maison, on se guillotine aussi. La maison pleine de cruauté. On brise et on casse.
La maison et la mère. La femme-maison.
Les maisons. Toutes les maisons que j'ai connues.
La maison familiale, bientôt guillotinée puisque papa va la revendre. C'est une question de mois.
J'ai l'art de tourner la page, de quitter une maison pour une autre. Et un jour de quitter une maison pour rien d'autre. J'ai quitté ma mère aussi. J'ai quitté ma femme.
Il me reste ma fille. Elle dit chez nous. Alors je dis chez nous.
Je ne peux dire que les lieux d'où je viens, et je n'en sais que des souvenirs. J'essaierai de dire où je suis, en notes et vers, en bribes de récits. Je me souviens rarement de mes rêves, il y en aura donc peu ici. Ici sera un peu chez moi.
Labels: pierre
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