JE VOUS SOUHAITE 2011 A TOUS

Tu as passé le réveillon chez les jeunes dans leur pays de Bourgogne. Leur coin de terre. La nuit du 2 au 3 janvier était toute éclairée d’étoiles – toute éclairée d’étoiles. Toi : animal. Tu as lu dans le ciel ta splendeur. Tu as lu dans le ciel ton avenir. Plusieurs étoiles filantes. La nuit était gelée comme du diamant. Elle était vraie. Elle était vraiment « au courant » (des dernières théories à son égard) ; elle était amoureuse, curieuse… Le lendemain, la vie entière était couverte de givre et de soleil. La terre était dure comme l’os. La voiture roulait parmi la mer. Olivier conduisait. Solal se taisait.





Agata avait fait des pâtes.






Voici ce que j'ai envoyé, en guise de carte de vœux, à tous mes contacts. Avec une police et un écart qui permettaient comme un champ de neige. (Un peu à la manière de ce que dit Pierre Soulage : « Enfant, je traçais de larges traits d’encre noire sur une page de papier blanc et j’appelais cela un paysage de neige. ») Voici ce que Sébastien Thiery, saisissant l'adresse (le « tu »), m'a renvoyé par retour de courrier. La suite. L'instant d'après. Je ne sais pas si j'en ris tellement parce que je connais la situation réelle, les protagonistes ou si les mots suffisent. Les mots et le blanc. Ce qui est réjouissant, ce qui me réjouis le plus, c'est quand quelqu'un perçoit (et me renvoie) l'humour de ma situation (et ainsi me sauve de moi). A votre appréciation :






Soudainement, Solal sortit de sa torpeur. La suffocation sans doute, ce calme plat qui vous enlace, puis vous assaille et vous étouffe enfin. Il se jeta, comme par dessus bord, à travers l'habitacle. En feu aurait-on pu croire ; en insurrection. Un hurlement invraisemblable lui déchira la gorge et, quelques fractions de secondes plus tard, me détruisit les tympans. Une tempête se levait, mon ouïe s'éteignait aussitôt. Une bourrasque, un vaste silence. Olivier jeta la voiture dans le champ de givre et de blé qui s'étendait à bâbord. Je ne perçus d'abord que des secousses dans le ventre. Puis, irrésistible, une force me projeta contre le pare brise que je sentis vibrer, presque défaillir. Alors, comme sur un coussin, un atterrissage, un amerrissage. La douceur, enfin, d'un rayon de soleil sur mon front endolori. La musique intérieure de mon coeur battant la chamade. A mes côtés, Solal, assagi, la profondeur d'une vaste interrogation creusée au fond de son regard circonspect. A quelques mètres de là, au beau milieu du champ, Olivier ivre, un rire convulsif accroché au visage. La nouvelle année s'annonçait surprenante. Folle et passionnante.

Agata avait oublié les pâtes sur le feu. Elles seraient trop cuites. Mais, réutilisées pour un gratin délicieux le lendemain.