Les Egorgeurs de vivants
Merci, merci et encore merci, Yves-Noël,
Il se trouve que, de mon côté, en me raccrochant aux souvenirs de mes sensations, j'étais arrivée à peu près aux mêmes conclusions que toi et ce qui m'était insupportable (et me donnait ce goût amer d'échec), c'est justement que je m'étais enivrée, près de toi, de cette possibilité de légèreté de l'existence, et que j'étais tout simplement en manque de ce shoot... Le lendemain, il y avait toute ma famille à la maison, et des amis de mes parents. Et parmi l'assistance, ma Tetka Mara (serbe) et Jasenka (une amie croate de ma mère) et Ratko Mladic et les massacres au-dessus de nos têtes. Mara m'a prise par le bras pour me souffler à l'oreille (avec un accent à peine plus prononcé que le mien dans le Tolstoï): « Les Croates, des égorgeurs de vivants ». Et, moi, j'avais voulu que Gennevilliers soit teinté de la légèreté magique dont tu as le secret ! J'ai parfois si peur de ne connaître que le poids du monde...
Mais, oui, en revanche ce serait magnifique tout de même de retrouver un peu de cette légèreté si on devait refaire ça.
Bon, je t'embrasse très, très fort et à bien vite !
(Marina Keltchewsky.)
I see... C'est dingue comme on est toujours au cœur du sujet, au théâtre (même si on n'en a pas conscience – tout le travail est peut-être – si on en a manqué – d'avoir conscience – mais le théâtre ne sert qu'à ça (et ne marche qu'à ça) : prendre conscience).
Bises de Pontempeyrat, dans le Forez où on recommence la légèreté à zéro, c'est plus simple, toujours, de recommencer, mais avec l'aide, encore, de Peter Handke, aussi... et de la nuit et des étoiles...
« Tu es né entre chien et loup. Ton père est mort entre la maison et la grange. Tu te trouvais orphelin entre l'heure des hirondelles et l'heure des chauves-souris. (...) Le jour a oscillé entre guerre et paix. Les canons faisaient un bruit entre têtes éclatées et guitares de flamenco. Ton travail était situé entre rêve et rêve. (...) Tu avais, enfant, un visage entre hérisson et ange exterminateur. Quand tu as battu ton frère, il est tombé entre orties et fraises des bois. Après avoir déclenché la bataille, ton voisin a apporter à ta mère des fruits entre pommes et figues et c'était entre Chandeleur et Pentecôte. Ta sœur est née entre trois guerres, dans une quatrième guerre. De ton dernier amour émana une odeur entre tilleul, carnet d'adresses, pain grillé, musc absent, craie d'écolière, paysanne de Thessalonique, et rien, et rien, et encore rien. (...) »
Bises
YN
Il se trouve que, de mon côté, en me raccrochant aux souvenirs de mes sensations, j'étais arrivée à peu près aux mêmes conclusions que toi et ce qui m'était insupportable (et me donnait ce goût amer d'échec), c'est justement que je m'étais enivrée, près de toi, de cette possibilité de légèreté de l'existence, et que j'étais tout simplement en manque de ce shoot... Le lendemain, il y avait toute ma famille à la maison, et des amis de mes parents. Et parmi l'assistance, ma Tetka Mara (serbe) et Jasenka (une amie croate de ma mère) et Ratko Mladic et les massacres au-dessus de nos têtes. Mara m'a prise par le bras pour me souffler à l'oreille (avec un accent à peine plus prononcé que le mien dans le Tolstoï): « Les Croates, des égorgeurs de vivants ». Et, moi, j'avais voulu que Gennevilliers soit teinté de la légèreté magique dont tu as le secret ! J'ai parfois si peur de ne connaître que le poids du monde...
Mais, oui, en revanche ce serait magnifique tout de même de retrouver un peu de cette légèreté si on devait refaire ça.
Bon, je t'embrasse très, très fort et à bien vite !
(Marina Keltchewsky.)
I see... C'est dingue comme on est toujours au cœur du sujet, au théâtre (même si on n'en a pas conscience – tout le travail est peut-être – si on en a manqué – d'avoir conscience – mais le théâtre ne sert qu'à ça (et ne marche qu'à ça) : prendre conscience).
Bises de Pontempeyrat, dans le Forez où on recommence la légèreté à zéro, c'est plus simple, toujours, de recommencer, mais avec l'aide, encore, de Peter Handke, aussi... et de la nuit et des étoiles...
« Tu es né entre chien et loup. Ton père est mort entre la maison et la grange. Tu te trouvais orphelin entre l'heure des hirondelles et l'heure des chauves-souris. (...) Le jour a oscillé entre guerre et paix. Les canons faisaient un bruit entre têtes éclatées et guitares de flamenco. Ton travail était situé entre rêve et rêve. (...) Tu avais, enfant, un visage entre hérisson et ange exterminateur. Quand tu as battu ton frère, il est tombé entre orties et fraises des bois. Après avoir déclenché la bataille, ton voisin a apporter à ta mère des fruits entre pommes et figues et c'était entre Chandeleur et Pentecôte. Ta sœur est née entre trois guerres, dans une quatrième guerre. De ton dernier amour émana une odeur entre tilleul, carnet d'adresses, pain grillé, musc absent, craie d'écolière, paysanne de Thessalonique, et rien, et rien, et encore rien. (...) »
Bises
YN
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