L’Artiste
La grande nuit, on lit des magazines. On a acheté des magazines. J’ai envoyé tout le monde au bourg. Il fait si froid, si gris. Quelqu’un a dit dans le village, Moi, j’ai connu la neige tous les mois de l’année. La neige, elle parle, elle mugit, elle vit. Elle roule autour de la caravane. Il faut passer le col. Le col enneigé. Il est tout seul dans la nuit. Il ne voit pas la route. Il y a des bâtons dans la neige pour voir la route (pour suivre la route effacée). C’est la nuit, c’est la pluie. La rivière qui était sèche (il a fait jusqu’à trente degrés) recueille l’écoulement de la pluie, comme une grande gouttière. Mais qu’est-ce qu’elle dit que je ne connais pas ? Je ne peux pas écrire comme ça sans connaître. Est-ce que je peux dire là que je pense à Pierre ? Oui, beaucoup. C’est dingue. Sais pas pourquoi. Je lui écris des choses que je me retiens de lui écrire. Que je pense à lui toujours, le soir, dans la caravane. Si nous étions ensemble, ça ne changerait rien. Comme nous ne sommes pas ensemble, ça ne change pas non plus. Pierre. Je me disais, Moi, je sais ce que c’est qu’un artiste, oh, non, ce n’est pas moi, moi, je sais ce que c’est. C’est Pierre. C’est le seul artiste que j’ai jamais rencontré. En un sens. Je le pense, oui. Je le sais. J’aimerais bien continuer Barbara avec lui. Parce que c’est ça, le fond de cette histoire, c’est de travailler avec lui, de le toucher, lui. Je pensais à lui aussi à Gennevilliers, à lui à la flûte. Oui, c’est le seul artiste que j’ai jamais rencontré – mais qui peut s’en rendre compte ? Pas grand monde, non. Moi. Oui, moi.
« Je t’aime toujours, chaton. J’aimais bien la parenthèse de ton amour dans ma vie. »
C’est dommage que les homosexuels soient si attachés au sexe. Moi, je suis attaché à l’amour et au sommeil. J’aimerais bien qu’il vienne redormir à la maison. Mais il n’aura pas le temps. Travail et sexe – sont attachés les homosexuels. Moi, tout le reste. Ni le travail ni le sexe. Non : le mugissement du sommeil. Pierre est un artiste. Il dort bien.
« Je t’aime toujours, chaton. J’aimais bien la parenthèse de ton amour dans ma vie. »
C’est dommage que les homosexuels soient si attachés au sexe. Moi, je suis attaché à l’amour et au sommeil. J’aimerais bien qu’il vienne redormir à la maison. Mais il n’aura pas le temps. Travail et sexe – sont attachés les homosexuels. Moi, tout le reste. Ni le travail ni le sexe. Non : le mugissement du sommeil. Pierre est un artiste. Il dort bien.
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